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ALICE ARUTKIN - « Le windsurf m'a pris beaucoup de temps, d'énergie et de sacrifices »

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 24 août 2017, mis à jour le 25 août 2017

Née en 1992, à Wissant (Nord-Pas-De Calais), Alice Arutkin est devenue windsurfeuse professionnelle. Son ascension fulgurante lui a permise de faire partie des meilleures mondiales. Mais elle souhaite désormais tourner la page. Présente à Rome pour donner une conférence sur la « physique du surf » à la Villa Médicis avant l'été, lepetitjournal.com a pu aller à sa rencontre.

 

Lepetitjournal.com : Alice, pouvez-vous rappeler votre parcours aux lecteurs du petitjournal.com?

Alice Arutkin : J'ai commencé le surf à 10 ans, dans le Nord de la France, à Wissant. Ce sont mon père et mon grand frère qui m'ont initié. Nous partions souvent en vacances à Tarifa, au sud de l'Espagne. Il y avait une plage où l'on avait pied assez loin et c'est là-bas que j'ai appris beaucoup de choses. Ensuite, j'ai commencé la compétition à 13 ans. Je me suis inscrite au club de Boulogne pour commencer à faire du Raceboard. Tout est allé très vite... J'ai été championne de France pour la 1ère fois à 14 ans, en catégorie junior. L'année suivante, j'ai gagné le titre national en slalom et en vagues chez les adultes. Comme j'étais la plus jeune, je me suis dit que je pouvais essayer de disputer les épreuves de Coupe du Monde. Mais j'hésitais. C'est mon père qui m'a motivé. Il m'a dit : «Il n'est jamais trop tôt pour commencer». Et effectivement, cela s'est plutôt bien passé.

Comment était votre père en tant que « coach »?

Il est complètement passionné. Il a réussi à transmettre sa passion à tous ses enfants. Mais bon, parfois, il était un peu dur. Il nous disait : « vous verrez, c'est un sport magnifique, vous allez voyager et découvrir pleins de belles choses». Et il a eu raison. Au début, même lors de ma première compétition en club, c'était encore lui qui m'entraînait. Donc, quand tous les jeunes arrivaient ensemble avec leurs entraîneurs et que, de mon côté, j'avais juste mon père qui me gueulait dessus, c'était un peu spécial (rires). Mais il m'a aidé à progresser rapidement.

Quelles sont vos principaux titres en professionnelle?

J'ai été dix fois championne de France, deux fois championne du monde chez les jeunes et une fois chez les adultes. Tous ces titres sont en vagues ou slalom. Ce sont les deux disciplines que j'ai pratiquées le plus longtemps. J'ai changé de club pour m'inscrire à Wimereux car c'est là ou je vis désormais. L'année passée, j'ai aussi remporté le Bercy Indoor. Une piscine avait été construite dans la salle de Paris Bercy, c'était une belle expérience mais cela ne reflète pas tellement ce que l'on a l'habitude de faire. C'est néanmoins le seul moyen de ramener notre sport dans une arène. Et c'était l'occasion de faire le show!

Avez-vous de nouveaux objectifs en tête?

J'ai fini 5ème à Maui, sur l'un des plus beaux spots du monde. Cela m'a permis de finir à la 3ème place mondiale en 2014. Une de mes meilleures performances. C'était un beau souvenir. Mais là, j'arrête ma carrière. Cela fait quand même plus de dix ans que je praique le windsurf. J'ai commencé très jeune. Cela m'a pris beaucoup de temps, beaucoup d'énergie et de sacrifices. Maintenant je me dis qu'à 25 ans, après dix ans de carrière, il est peut-être temps de faire autre chose. Cela reste ma passion, je n'arrête pas le surf pour autant. J'habite en bord de mer donc j'ai l'occasion d'en faire assez souvent. Disons que j'ai d'autres projets. J'ai envie de voyager, découvrir autre chose.

Quelles destinations envisagez-vous?

Le problème, c'est que j'ai fait des compétitions pendant dix ans et je me rendais aux mêmes endroits, aux mêmes spots pendant dix ans. Là, c'est la première fois que je vais pouvoir choisir mes destinations. Il y a deux endroits où je souhaiterais aller plus particulièrement : l'Australie et le Japon. Ce sont d'excellents spots pour le surf. Cela me permettrait de pratiquer, de rencontrer des nouvelles personnes et de nouvelles cultures.

Vous avez également travaillé à la télévision, sur MCS. Pourquoi pas une reconversion dans le journalisme?

À l'époque, je me voyais bien être journaliste. J'ai été consultante pendant deux ans avec d'autres sportifs. J'ai adoré, on s'amusait beaucoup. Après j'ai essayé de faire quelques chroniques. J'ai également été co-animatrice d'une émission. C'était cool mais j'aimais plus l'idée d'être consultante, c'est-à-dire avec moins de responsabilités. Entre temps, MCS a été racheté par SFR et ils ont changé pas mal de choses. Ils m'ont proposé d'aller faire des interviews sur le terrain. J'en ai fait quelques-unes mais je me suis rendu compte que c'était vraiment un boulot difficile, qui demande beaucoup de travail en amont : se renseigner sur la personne, poser des questions pertinentes etc. Je préférais être sur le plateau, faire les choses spontanément. J'aime bien être libre en fait. Quand il y a trop de directives, ce n'est pas mon truc. Donc pour l'instant, j'ai mis cette idée de côté.

Que pensez-vous de la médiatisation du surf et des sports de glisse en général?

Ce sont des sports peu médiatisés. Ils ne sont pas faciles d'accès. À l'apprentissage, le surf est peut-être un sport plus ingrat que d'autres. Cela demande aussi pas mal d'argent. Le matériel, c'est plus qu' une paire de baskets et un ballon. On dépend énormément des conditions météorologiques. Donc il y a beaucoup de paramètres qui rentrent en compte. Cela rend le sport beaucoup moins accessible au grand public. Pour les grandes chaînes de télévision, ce n'est pas évident.

Mais le surf a beaucoup évolué. Les caméras peuvent s'approcher plus facilement des surfeurs. Et surtout, on peut en faire presque partout. En revanche, pour le windsurf, c'est une autre histoire...

Est-ce que cela pourrait évoluer?

C'est un sport très élitiste en fait. Il y a une époque où c'était incroyable. Puis c'est un peu redescendu sans jamais vraiment remonter. Par exemple, j'ai une amie qui faisait du windsurf comme moi. Elle avait un super niveau, un peu plus jeune mais promise à un bel avenir. La semaine dernière, elle a annoncé sur ses réseaux sociaux qu'elle arrêtait parce qu'elle n'avait pas de quoi vivre. Et c'est une réalité : on « survit », on fait ce que l'on aime mais on ne peut rien mettre de côté.

Les sponsors te demandent principalement de vendre du matériel. Pour cela, il faut de la visibilité. Et de la visibilité, on n'en trouve pas. C'est compliqué. Malheureusement, ce n'est pas le football....

Un petit mot sur la ville de Rome?

C'est la deuxième fois que je viens à Rome. Nous étions déjà venus en décembre. Je suis tombée amoureuse de cette ville. C'est romantique, tout est beau, élégant. Quand je vois les militaires dans la rue, ils sont classes. Puis l'histoire de la ville est incroyable. C'est un endroit parfait. Pleins de charmes. Bon, les italiens sont un peu arrogants mais nous ne sommes pas les mieux placés pour critiquer (rires).

 

Valentin Basso (Lepetitjournal.com de Rome- Vendredi 25 août 2017

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Publié le 24 août 2017, mis à jour le 25 août 2017

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