Sur les traces de Caravage : musées et églises où voir les œuvres du maestro à Rome

Dans le cadre de son exposition Caravaggio 2025, organisée du 7 mars au 6 juillet 2025, le Palais Barberini accueille une vingtaine d’œuvres du grand maître de la Renaissance italienne. Peintre de la violence autant que de la sensualité, connu pour ses célèbres clairs-obscurs soulignant les visages desquels se dégage une émotion saisissante, Caravage s’impose parmi les plus grands peintres de son époque, avec seulement une soixantaine d’œuvres au total. Lorsque l’artiste arrive dans la Città Eterna en 1592, il entre très vite au service du mécène, le Cardinal Francesco Maria Bourbon del Monte, ce qui lui vaut d’être repéré par les grands collectionneurs d’alors, notamment le cardinal Scipione Borghese et le neveu du Pape Paul V Borghese. Ces mécénats et rencontres lèguent à Rome la collection d’œuvres de Caravage la plus importante au monde.

Riche de cet héritage romain, l’exposition organisée au Palais Barberini compte, notamment, les quatre tableaux du peintre présents dans ses collections permanentes (Judith Et Holopherne, Narcisse, Saint François en méditation et une représentation de Saint Jean-Baptiste datée de 1604-1606), trois œuvres prêtées par la Galleria Borghese, issues de ses propres collections permanentes (Le Petit Bacchus malade, David avec la tête de Goliath et une seconde représentation de Saint Jean-Baptiste datée de 1609-1610), le prêt exceptionnel de l’inédit Portrait de Maffeo Barberini, issu d’une collection privée et présenté pour la première fois au public, ainsi que de nombreux autres chefs-d’œuvres importés de Naples, Milan, Florence, Madrid, Londres, Dublin, ou encore des Etats-Unis. 

En parallèle de l’exposition, la capitale regorge de peintures du maestro. Tour d’horizon des sites à visiter pour les admirer.

Le Caravage dans les musées de Rome

Galleria Borghese | Saint Jérôme écrivant, Garçon avec un panier de fruits, La Madone des palefreniers

Riche de la plus large collection d’œuvres de Caravage en un seul lieu, la Galleria Borghese compte trois œuvres supplémentaires du peintre, en plus de celles prêtées pour l’exposition. Réalisée entre 1605 et 1606, l’huile sur toile Saint Jérôme écrivant est sans doute la plus célèbre. Représenté de trois quart, vêtu d’un simple drapé rouge, Saint Jérôme semble faire partie d’une nature morte, idée renforcée par le crâne posé sur son bureau. Simplicité de la scène, restriction en termes de couleurs, clair-obscur, le tableau saisit par la beauté, le calme et la présence attentive du Saint qui s’en dégagent, par opposition au thème omniprésent de la mort. A ses côtés, le très célèbre Garçon avec un panier de fruits (1593-1595), peinture de la jeunesse, de la sensualité et du temps qui passe et La Madone des palefreniers (1605-1606), huile sur toile religieuse initialement destinée à décorer la Basilique Saint-Pierre.
Piazzale Scipione Borghese, 5

Galleria Corsini | Saint Jean-Baptiste

Une unique toile de l’artiste se trouve dans l’enceinte du Palazzo Corsini : l’une des neuf peintures de Saint Jean-Baptise par Caravage. Représentation inédite et inhabituelle du Saint, celui-ci n’est identifiable que grâce à de subtils symboles : la présence d’un bâton et d’une peau de chameau. D’une grande sensualité, l’œuvre met en lumière le corps en partie dévêtu du Saint, tandis que son visage demeure dans l’ombre. 
Via della Lungara, 10

Pinacoteca Capitolina | Saint Jean-Baptiste, La Diseuse de bonne aventure

La plus ancienne collection publique de peintures à Rome, la Pinacoteca Capitolina, abrite une représentation de Saint Jean-Baptiste (1602) sous des traits juvéniles et la très célèbre huile sur toile La Diseuse de bonne aventure (1596-1597). Le thème, repris à plusieurs reprises dans l’œuvre de Caravage, notamment dans une représentation postérieure exposée au Louvre, tranche dans l’œuvre du peintre par son aspect profane. Passionnante par les différents niveaux de lecture qu’elle offre, la représentation semble, à première vue, figurer une scène de séduction, avant que l’on se rende compte que la diseuse de bonne aventure est, en fait, en train de voler la bague de l’élégant jeune homme ; la toile devient alors une allégorie de la tromperie et de la fausseté des relations humaines.
Piazza del Campidoglio, 1

Galleria Doria Pamphilj | Le Repos pendant la Fuite en Égypte, Madeleine repentante

Deux huiles sur toiles du peintre, toutes deux datées de 1597, sont conservées à la Galleria Doria Pamphilj : Le Repos pendant la Fuite en Égypte et Madeleine repentante. Le premier tableau propose une scène idyllique et solaire, peinte par un Caravage encore jeune et frappant par l’incroyable beauté qui s’en dégage, notamment dans la peinture sensuelle et délicate d’un ange, au premier plan. Pour le deuxième tableau, le peintre s’est inspiré du visage de l’une des prostituées qu’il fréquentait. Par son usage de la lumière et la force de l’émotion dépeinte, la représentation annonce la trajectoire postérieure de l’œuvre de Caravage.
Via del Corso, 305

Pinacoteca Vaticana | La Mise au tombeau

Les Musées du Vatican ne comptent qu’une unique œuvre de Caravage dans leurs collections : La Mise au tombeau (1602-1604). D’une grande beauté, cette représentation du Christ est exposée dans la prestigieuse Pinacoteca Vaticana. Grandiose et impressionnante, l’œuvre rappelle la très célèbre Pietà de Michel Ange. Le talent de la composition donne l’impression que le corps de Jésus est précipité dans le vide, tandis que des figures affligées viennent le soutenir. La grande dramaturgie de la scène est soulignée par l’expression de désespoir sur le visage d’un ange.
Viale Centro del Bosco (Città del Vaticano)

Le Caravage dans les églises de Rome

Eglise Saint-Louis des Français | Le martyre de Saint-Matthieu, Saint-Matthieu et l’ange, Vocation de Saint-Matthieu

A deux pas de la Piazza Navona, dans l’église franco-italienne Saint-Louis des Français, trois chefs d’œuvre du peintre renaissant sont à admirer : la très célèbre Vocation de Saint-Matthieu (1599-1600), Saint Matthieu et l’ange (1602) et Le martyre de Saint-Matthieu (1599-1600). Triptyque représentant la vocation de Saint-Mathieu, les peintures sont le fruit d’une commande du cardinal del Monte. D’une grande violence, mêlée d’une rare beauté, les trois représentations sont clés dans l’œuvre de Caravage.
Piazza di San Luigi dei Francesi

Eglise Sainte-Marie du Peuple | Crucifixion de Saint-Pierre, Conversion de Paul

Juchée sur la très célèbre Piazza del Popolo, l’église Sainte-Marie du Peuple renferme deux chefs-d’œuvres de Caravage : la Crucifixion de Saint-Pierre (1601) et la Conversion de Paul (1604-1605). Compositions dynamiques, marquées par un profond réalisme et inspirées par des thèmes bibliques, les deux œuvres font partie des très célèbres représentations du peintre, notamment admirées pour la manière dont la lumière les traverse, créant un violent clair-obscur, symbole de la lumière divine.
Piazza del Popolo, 12

Basilique Sant’Agostino | La Madone des pèlerins

Située dans la chapelle Cavalletti de la Basilique Sant’Agostino, La Madone des pèlerins (1604-1605) est une œuvre magistrale de Caravage connue pour avoir fait scandale à l’époque où elle a été peinte. En effet, ses contemporains ont reproché au peintre l’humilité et la simplicité de la Vierge Marie, représentée à la manière d’une courtisane, ainsi que le réalisme des deux pèlerins, peints avec les pieds sales et revêtus de vêtements tâchés de sueur.   
Piazza di Sant’Agostino