Édition internationale

QUI EST ? Ben Ali

Le président tunisien, Ben Ali, a été réélu sans surprise dimanche dernier avec près de 90% des voix. Le leader indéboulonnable promettait en 1987 de démocratiser son pays. 22 ans plus tard, si l'économie tunisienne est en plein boom, la situation des droits de l'Homme est beaucoup moins glorieuse 

Ben Ali est un militaire qui a réussi en politique
Zine el-Abidine Ben Ali (AFP) est né en 1936 dans une famille modeste d'Hammam Sousse. Il intègre dès l'adolescence les structures du parti politique Néo-Destour et est choisi avec d'autres jeunes militants pour acquérir une formation militaire en France, qu'il parfait ensuite aux Etats-Unis. A son retour en Tunisie, Ben Ali est affecté au service du général Kefi, dont il marie d'ailleurs la fille. Il endosse pendant près de 20 ans des postes clés au sein de la Défense et de la diplomatie tunisienne. Après les émeutes sanglantes de 1984, Ben Ali est promu à la sûreté nationale. Dans les bons papiers du président Bourguiba, il gravit les échelons et devient Premier ministre le 2 octobre 1987. Il ne lui faudra attendre qu'un mois de plus pour devenir président.

Ben Ali est à la présidence depuis 22 ans
En novembre 1987, soutenu par les rapports médicaux de 7 experts, Ben Ali fait destituer le président Bourguiba, qui, à cause de son grand âge (84 ans), ne peut plus gouverner. Ben Ali et son parti le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) règnent alors d'une main de maître sur le pays. Les Tunisiens croient tout d'abord dans les promesses du nouveau leader d'une plus grande liberté démocratique. Ben Ali modifie d'ailleurs la Constitution pour supprimer la présidence à vie et limiter le nombre des mandats. "Notre peuple est digne d'une vie politique évoluée et institutionnalisée, fondée réellement sur le multipartisme et la pluralité des organisations de masse", déclarait-il à l'époque. Mais en 2002, il retourne aux vieilles habitudes et abroge cet amendement. Le paysage politique tunisien lors des différentes élections présidentielles est alors proche de la monochromie. Ben Ali sera d'ailleurs à deux reprises seul candidat à sa succession. Dimanche dernier, c'est sans surprise que le président tunisien, âgé de 73 ans, est réélu avec 89,62% des voix.   

Les méthodes du président sont critiquées
Ben Ali est donc assuré d'être président pour cinq années supplémentaires. Ce "plébiscite"électoral est loin de faire plaisir aux organisations de défense des libertés et des droits de l'Homme qui pointent très souvent du doigt le régime tunisien. Reporters sans frontières déplore ainsi que la presse tunisienne d'opposition soit muselée et que les sites Internet jugés dissidents soient censurés. RSF a même décerné le titre de "prédateur de la presse" au président Ben Ali. D'autres ONG dénoncent également l'arrestation d'opposants au régime et la réduction des libertés.

Ses résultats sont salués
Mais pourtant, le président Ben Ali est salué par les gouvernements occidentaux, notamment américain et français, qui voient dans le régime tunisien un dernier rempart contre l'islamisation de la région. Le pays du Maghreb lutte en effet efficacement contre les dérives islamistes et la situation de la femme y est l'une des meilleures du monde arabo-musulman. La Tunisie est également un partenaire économique de choix pour les Etats-Unis et l'Union européenne. Aujourd'hui, la Tunisie affiche une croissance moyenne annuelle de 5 % en dinars constants, et 95 % des Tunisiens bénéficient d'une couverture sociale. Fort du succès de ses réformes économiques, Ben Ali s'engage à réduire le chômage (14%) qui risque de mettre en péril ces acquis sociaux et souhaite inscrire son pays au rang des pays avancés d'ici 2014. Le président a également promis de faire de ce cinquième et théoriquement ultime mandat une opportunité d'une plus grande démocratisation de son pays. Mascarade ou réelle avancée, seul l'avenir le dira.   
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mercredi 28 octobre 2009

En savoir plus

Notre article, TUNISIE - Ben Ali, indéboulonnable, remporte les élections haut la main