Dans une fusion unique entre la danse contemporaine et l'œuvre de Picasso, le Ballet de la Danse Physique Contemporaine de Strasbourg présente ce 9 décembre au Centre Pompidou Málaga, sous la direction artistique de David Llari, la pièce " Pica, le Minotaure et ses muses ". Cette œuvre, qui a été présentée au Musée de l'Homme à Paris et à l'Hôpital de la Vieille Charité à Marseille, est un voyage imaginaire dans l'univers intime et féminin de quatre femmes qui ont inspiré l’icône de Malaga.
Les muses de Picasso prennent vie par la danse
À partir de la pose statique d'une œuvre, la chorégraphie du Ballet de la Danse Physique Contemporaine de Strasbourg donne vie à quatre muses et à un minotaure. Eva Gouel, Olga Khokhlova, Marie-Thérèse Walter et Jacqueline Roque, dont Picasso a fait le portrait, prennent vie par la danse. David Llari utilise les corps des danseurs de la compagnie pour emmener le public dans l'univers de l'artiste.
Peintures, sculptures, assemblages et dessins qui ont contribué à la création du mythe se reflètent dans la force des mouvements comme l’explique David Llari, lauréat du prix de la critique au concours international Choreography'30 de Hanovre.
La figure du Minotaure, personnage récurrent de l'univers de Picasso, jouera un rôle clé dans la chorégraphie. Tantôt spectateur, tantôt acteur, le minotaure représentera l'homme dominé par ses pulsions instinctives
Vêtus uniquement de leur corps pour sublimer le geste dans une scénographie épurée, les danseurs interagissent avec les œuvres d'art, qui prennent forme et s'incarnent à travers le mouvement. Le parcours de chaque œuvre résonne dans leurs corps qui, comme un code, appellent le monstre de la mythologie grecque et ses muses dans le labyrinthe.
Un voyage imaginaire vers le divin
Chacune des femmes que Picasso a amenées sur la toile a été "plastiquement torturée". Lorsqu'elles se voyaient à travers ses œuvres, il y avait une certaine violence dans la perception à cause de la différence avec la réalité, une transformation que l'on retrouvera dans les mouvements des danseurs de la compagnie.
De leurs poses sculpturales figées, le statisme est transmuté et les figures s'approchent progressivement du divin. Dans un parallélisme avec le cubisme, la composition et la décomposition sont retranscrites à travers l'interprétation des danseurs.
Ce récit chorégraphique et musical est un voyage imaginaire dans lequel le minotaure n'a pas de sexe : il est un simple objet divin. Les corps des danseurs se neutralisent et se décomposent au fur et à mesure de la pièce.
Le public éprouvera un ensemble de sensations, la puissance et la force de cet être mythologique dans le souffle et l'animalité exhalés par les danseurs mais aussi dans la contraction des corps qui, peu à peu, s'éveillent puis, au fur et à mesure de la transformation, s'unissent.
Le Ballet de la Danse Physique Contemporaine
Après avoir beaucoup travaillé le hip-hop, David Llari développe un nouveau langage chorégraphique, la danse physique contemporaine, avec des références au théâtre physique. Le point de départ est l'identité propre de chaque danseur, sa singularité corporelle et technique, pour développer l'intention donnée au geste dans le mouvement.
Ce point central, l'identité propre du danseur, sa sensibilité et ses sentiments, constituent la base sur laquelle Llari crée et explore un nouveau vocabulaire. Il part du principe que, sans intention, le geste n'existe pas, et le danseur s'exprime sans avoir besoin de faire semblant.
La compagnie cherche actuellement à emmener la danse physique contemporaine dans de nouveaux lieux pour réinventer les espaces et créer de nouvelles rencontres. Chaque création du Ballet peut être adaptée à un format, une durée, un espace ou un corps spécifique.
Le chorégraphe David Llari
David Llari est chorégraphe, danseur et auteur. Il dirige le Ballet de la Danse Physique Contemporaine, à travers lequel il mène de nouvelles recherches sur le caractère singulier du danseur : son langage corporel, sa sensibilité et ses émotions. Par le passé, David Llari a collaboré en tant qu'assistant chorégraphe avec Frank II Louise, avec qui il a appris à intégrer les nouvelles technologies. Il a également fondé la Maison du Hip-hop à Paris. Sa méthode est diffusée sur les scènes et dans les centres chorégraphiques en France, où il anime des ateliers de sensibilisation et des stages pour les professionnels.
Depuis septembre 2022, il est artiste associé au Centre Chorégraphique de la Ville de Strasbourg, où il restera jusqu'en août 2025. En décembre de la même année, il reçoit le prestigieux prix européen Art Explora - Académie des beaux-arts, qui soutient les pratiques innovantes d'accès, de participation et d'engagement du public développées par des organisations culturelles à travers l'Europe.
La performance aura lieu ce samedi 9 décembre, à 18h et l'entrée sera gratuite jusqu'à épuisement des places, les invitations devant être retirées à la réception à partir de 17h le jour même.