Face aux échéances électorales de 2022, le traité du Quirinal et la dynamique de reprise post-pandémie, François Revardeaux, nouveau Consul général de France à Milan, détaille sa mission et ses priorités. Rencontre.
Lepetitjournal.com/Milan : Le 1er septembre 2021, vous avez pris vos fonctions de Consul général de France à Milan en succédant à Cyrille Rogeau. Quel parcours vous y a conduit ?
François Revardeaux : C’est ce que disent tous les diplomates, mais mon parcours est plutôt atypique. Depuis mon entrée au ministère des Affaires étrangères, j’ai passé une douzaine d’années à Paris essentiellement sur des postes liées aux affaires stratégiques et politico-militaires que ce soit dans différents postes dans les services ou au cabinet du ministre, Laurent Fabius, puis au sein de la cellule diplomatique de la Présidence de la République jusqu’en 2017. J’ai ensuite été numéro deux de notre Ambassade à Londres.
Mais avant cela, j’avais eu la chance de rencontrer l’Italie d’abord par l’apprentissage de la langue que j’ai même enseigné quelques années avant de travailler au centre culturel de Gênes puis à l’AEFE (Agence qui gère les établissements français de l’étranger).
Je suis donc particulièrement heureux d’avoir la chance de revenir à mes premières amours italiennes avec ce poste de consul général à Milan.
Quel est votre regard sur Milan ?
Je suis très heureux d’être dans cette ville, que je connais moins que d’autres villes italiennes, en particulier à cette période précise. Je ne suis arrivé que depuis quelques semaines, j’en suis donc encore à découvrir la ville mais aussi la circonscription qui est très large et très diverse. Je vais donc me faire une idée au fur et à mesure, d’autant que Milan me semble être une ville qui ne se donne pas avec évidence, une ville de l’intérieur. Il faut connaître les gens et les lieux pour la comprendre.
Vous arrivez dans un moment favorable de reprise, mais encore malgré tout très marqué par la pandémie. Comment envisagez-vous votre mission dans ce contexte ?
Il existe une longue histoire de relations entre le consulat et tous les acteurs et institutions qui font le dynamisme de cette ville. Si la pandémie a marqué une difficile pause forcée, la reprise est très dynamique, ce qui rend ma mission encore plus intéressante. Il s’agit de reprendre des coopérations antérieures mais aussi en quelque sorte de les réinventer après cette parenthèse longue et compliquée. Les objectifs restent les mêmes, mais l’approche post-pandémie à mettre en œuvre peut être différente.
Et quelles sont vos priorités à Milan et en Italie du Nord ?
D’abord, nos priorités sont celles qui sont définies par l’Ambassade à Rome. Nous nous mettons au service de l’Ambassadeur Christian Masset, avec une déclinaison locale en Lombardie et dans les autres régions de la circonscription.
J’ai adressé une lettre à la communauté française, un premier contact virtuel et par écrit, mais qui présente ce que je souhaite développer avec les équipes du consulat mais aussi avec les autres acteurs français et italiens, à Milan et dans la circonscription.
Le premier point concerne l’action consulaire et le rôle du consulat, à savoir, assurer notre mission de service public pour la communauté française et les usagers du consulat. Nous avons mis en œuvre depuis le 1er octobre quelques adaptations pour permettre que les démarches soient effectuées sur une amplitude horaire plus large pour les rendez-vous. Nous allons aussi reprendre les tournées consulaires, interrompues durant le Covid, pour aller directement au contact des communautés françaises dans la circonscription. Nous sommes un consulat de taille moyenne, mais ces communautés peuvent aussi beaucoup compter sur l’action menée par les Consuls honoraires dans les différentes régions de la circonscription (présents à Aoste, Bologne, Gênes, Parme, Trente, Trieste, Turin, Venise).
Nous avons aussi les échéances électorales en 2022. Le consulat va avoir la responsabilité de l’organisation et du bon déroulement des élections sur l’ensemble de la circonscription. J’en profite pour rappeler que les Français doivent vérifier le plus tôt possible s’ils sont bien inscrits sur les listes électorales de façon à pouvoir exercer leur droit de vote lors de ces échéances majeures.
Outre la dimension de service public, il y a la dimension de relai, d’influence, et de promotion dans tous les secteurs. Dans ce cadre, nous allons continuer de coordonner l’action des différents opérateurs et acteurs qui existent à Milan – tels qu’Atout France, Business France, l’Institut Français Milano, ou encore la Chambre de commerce - de façon à favoriser la synergie et la cohérence entre les actions de chacun. Ce rôle de facilitateur entre les acteurs français vaut aussi pour les acteurs italiens qui ont déjà un tropisme sur les sujets bilatéraux. L’objectif est de multiplier les contacts pour renforcer la coopération. Beaucoup de choses sont déjà menées, mais peut-être peut-on mettre davantage l’accent sur certains sujets, comme le Tech par exemple.
La signature du traité du Quirinal d’ici la fin de l’année, va-t-elle influer sur votre mission ?
Il s’agira de mettre davantage encore, l’accent sur les coopérations transfrontalières dans divers domaines. Le consulat général de Milan aura son rôle à jouer sous l’autorité de l’Ambassadeur. De mon côté, je pourrais par exemple aux côtés de l’Institut français Milano ou de ce qui peut être lancé par Rome, jouer aussi un rôle dans le domaine de la coopération universitaire, culturelle et éducative.
Quel message souhaiteriez-vous transmettre à la communauté française de Milan et de la circonscription ?
Nous sommes à votre service. Pour cela, reprenons et gardons contact !
De mon côté, je vais le faire par ces nombreux déplacements. Mais cela doit aussi passer par l’inscription aux registres consulaires et par leur actualisation. Rappelons qu’il s’agit d’un outil de contact permettant au consulat de communiquer avec les 20.000 inscrits, et qui facilite par ailleurs un certain nombre de démarches.
Le consulat général de Milan accueille aussi une nouvelle Consule adjointe.
En effet, et je suis ravi de pouvoir compter sur Rachel Caruhel dans ces fonctions exigeantes. Elle était auparavant en poste à l’Ambassade de Madrid après avoir été à l’administration centrale à Paris et cheffe de chancellerie à Panama. Elle a donc déjà une sensibilité aux affaires consulaires mais également aux autres dimensions qui font le quotidien de notre mission.