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Denis Delespaul : "Favoriser les affaires pour créer des emplois"

Denis Delespaul France ItalieDenis Delespaul France Italie
Denis Delespaul, président de la CCI France Italie
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 9 juillet 2019, mis à jour le 9 juillet 2019

A l’occasion de la nomination de Denis Delespaul comme président de la Chambre de commerce France Italie pour un second mandat, entretien avec l’entrepreneur français qui a créé il y a 28 ans une société en partant de zéro en Italie. Il revient sur l’importance de la communauté d’affaires franco-italienne.  


LePetitJournal.com/Milan : Quel bilan tirez-vous de ces trois dernières années, marquées par une volonté de redonner un nouvel élan à la CCI France Italie avec le projet « Chambre 5.0 » ?

Denis Delespaul : Nous avions 5 objectifs, tous ont été remplis. Le premier était de transformer la Chambre du point de vue statutaire pour la rendre plus efficace, cela a notamment été le cas en nommant un administrateur délégué qui dirige la CCIFI et non plus un secrétaire général. Nous avons par ailleurs ouvert la Chambre aux institutions, nous travaillons désormais en étroite collaboration avec Business France et l’Ambassade de France et avons des tables ouvertes avec les principales institutions italiennes. Le 3ème objectif était de renouveler la composition des adhérents en faisant venir les sociétés françaises plutôt que des consultants individuels. Et nous avons réussi puisqu’aujourd’hui plus de 90% des soci sont des sociétés, dont à peu près tous les groupes français.
Nous avons également mis en place une nouvelle organisation et une gouvernance intérieure en créant le pôle institutionnel, le pôle des services et en essayant d’apporter notre savoir-faire de management. Enfin, nous avons développé les clubs : start-up, Inspiring Women mais aussi celui du Cercle d’Affaires qui rencontre un franc succès.
Il y a quelques jours, la CCI France Italie a d’ailleurs été récompensée en obtenant le prix de la meilleure performance 2019 du réseau des Chambres de Commerce et d'Industrie France International (CCIFI). Toute l’équipe peut être fière du travail qui a été accompli, en particulier les nombreux éléments féminins qui composent le Comité exécutif. Elles ont été les artisans de cette reconnaissance.

Forts de ce bilan et de cette reconnaissance, quels sont vos objectifs pour ces trois prochaines années qui composeront votre second mandat ?

En une phrase : Faire mieux pour faire plus. La Chambre est dans le rail, il nous faut développer ce que nous avons semé, nos clubs, nos services... Pourquoi faire plus ? Car il faut se donner une ambition qui part d’une mission. La Chambre doit être un espace qui favorise les affaires – petites, moyennes et grandes -, pour favoriser au bout du compte la création d’emplois. Faire des affaires, mais avec une certaine éthique. La soirée du Gala était d’ailleurs sous le signe de la responsabilité sociale.

Malgré la croissance de la Chambre et donc de la synergie au sein de la communauté d’affaires franco-italienne, les tensions politiques de ces derniers mois entre la France et l’Italie, ont-elles eu un impact sur les relations économiques entre les deux pays ?

L’impact économique a été quasiment nul. En témoigne le résultat d’un sondage qu’a réalisé l’Institut Piepoli pour la Chambre. Sur un échantillon représentatif de 100 entreprises italiennes et 100 entreprises française, la plupart reconnaissent réciproquement la France et l’Italie comme pays stratégiques pour le développement de leurs activités. 36% des entreprises italiennes et 33% des entreprises françaises ont relevé une croissance de leur chiffre d’affaires grâce aux activités menées dans le pays partenaire. Et quant à l’intérêt à les développer davantage, 36% des entreprises italiennes y sont favorables, 27% côté français.

Les entreprises et groupes français ont investi 50 milliards sur les entreprises italiennes et de l’autre côté, l’Italie était le 5ème pays investisseur en France en 2018. Peut-on dire que l’alliance franco-italienne fonctionne dans les affaires ? Et de quelle manière les deux pays se complètent-ils ?

Ce n’est pas automatique, il faut faire un effort. Italiens et Français, nous ne sommes pas les mêmes, nous avons les mêmes racines mais pas la même culture. Une fois que l’on a accepté ces différences, que l’on sait faire preuve d’humilité aussi, on comprend que nous sommes très complémentaires. Les Italiens font preuve d’ouverture, de flexibilité, d’autonomie. Les 3.800.000 entreprises italiennes exportent d’ailleurs en moyenne trois fois plus que les entreprises françaises.

Côté français, on a une approche cartésienne, conceptuelle, plutôt rigide. Le panorama est constitué de grands groupes, de nombreuses écoles d’ingénieurs reconnues. Quand l’équilibre entre les deux se trouve, cela crée une superbe alliance.
Mon expérience peut en témoigner. Il y a 28 ans, j’ai créé une société en partant de zéro (BNP Paribas Leasing Solutions Italia). J’ai recruté des Italiens et avec mon approche française nous avons réussi à créer celle qui est désormais la 1ère société de Leasing en Italie. Parmalat/Lactalis, Edison/EDF, Crédit Agricole/Cariparma sont d’autres exemples qui traduisent bien le bon fonctionnement de l’alliance franco-italienne.

Au contraire, quelles sont les principales difficultés rencontrées par les Français opérant en Italie et inversement ?

Pour les Français, c’est que l’Italie est un pays plus complexe qu’il n’en paraît. Il existe des différences énormes entre chaque région, on n’ouvre pas une société de la même façon à Naples qu’à Bolzano, on n’y juge pas un dossier contentieux de la même façon non plus.
Un Italien en France n’est pas confronté à de si fortes différences d’une région à l’autre mais selon le sondage de l’institut Piepoli, c’est la lourde bureaucratie française qui serait la principale difficulté.


*Outre la confirmation de Denis Delespaul comme président de la CCI France Italie, Cécile Bourland a été confirmée comme administrateur déléguée. Cinq vice-présidents ont été nommés : Faiza Errais Borges, Fabio Cusin, Anne-Manuelle Gaillet, Olivier Guilhamon et Annie Rea ; Emanuele Chieli a été nommé Trésorier.

 

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