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Management : comprendre les différences entre la France et l’Italie

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Annie Rea, expert en interculturalité France-Italie, anime des formations pour mieux se comprendre | Pixabay @rawpixel
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 30 octobre 2019, mis à jour le 4 décembre 2019

Cousins proches mais tellement différents. Dans le domaine professionnel, les relations France-Italie sont plus ambiguës qu’elles ne paraissent. Annie Rea*, expert en interculturalité et en management interculturel entre les deux pays, déchiffre ces différences subtiles pour mieux les affronter.

Si Annie Rea refuse de tomber dans les lieux communs qui différencient la France et l’Italie, elle admet qu’« il est parfois nécessaire de parler des stéréotypes pour les comprendre, les conscientiser en cas de situation de crise ». Elle l’a surtout compris en mars 1999, lors de la tragédie du tunnel du Mont-Blanc à la suite de laquelle elle est intervenue en tant que formatrice interculturelle.

L'Italie est l'un des pays les plus difficiles à décrypter pour les Français

« Les Italiens et les Français ont prouvé qu’ils pouvaient réussir ensemble, à condition de décoder les situations qui les dérangent », explique-t-elle.
Il est pourtant rare qu’une entreprise offre à un cadre expatrié français une formation à la culture locale italienne. La vie semble si facile dans le Belpaese : les habitants sont accueillants et chaleureux, la cuisine délicieuse, la richesse culturelle merveilleuse... Et l’Italie est si proche de la France. Mais « L’Italie reste l’un des pays les plus difficiles à décrypter pour les Français », assure Annie Rea, elle-même franco-italienne. C’est pourquoi elle a fondé In Situ, qui propose aux entreprises françaises et italiennes une large gamme d'interventions, du séminaire d'une journée à la conférence ponctuelle.

L’euphorie des débuts cèdera sans doute la place à la désillusion pour le cadre dirigeant français expatrié en Italie. Notamment lorsqu’il se rendra compte que le dossier sur lequel travaillait le collaborateur italien n’a en réalité pas du tout avancé. « Il avait pourtant l’air enthousiaste à l’annonce du projet, car les Italiens savent bien recevoir le nouveau cadre ou dirigeant, même s’ils s’en méfient aussi un peu », explique-t-elle.
Le blocage de la situation peut avoir des raisons multiples : « Le collaborateur était en désaccord avec le projet ou bien il attendait pour avancer sur le projet ». Car l’une des grandes différences entre les Français et les Italiens, c’est leur rapport au temps, explique Annie Rea au cours de la formation intitulée « Dante ». L’Italien est à l’aise dans l’urgence, il a le goût pour les choses difficiles. « Avoir peu de temps est un gage d’efficacité », ajoute-t-elle.

Autre différence anthropologique majeure : l’Italien a une forte tolérance à l’incertitude, il se montre à l’aise dans l’imprévu alors que le Français déteste le risque.

Pensée complexe vs pensée cartésienne

L’Italie est par ailleurs le pays de la complexité, avec une préférence pour la ligne courbe. « Faire coexister tous les contraires », précise Annie Rea. A l’inverse, la France est le pays de la rationalité, avec une préférence pour la ligne droite.
Des approches propres à chaque culture, une résultante entre autres de méthodes d’apprentissage différentes dès le plus jeune âge.

La langue du bel canto

Si le Français peut avoir l’air peu avenant par rapport à l’italien c’est parfois une question de structure de la langue, apprend-on au cours de la formation. Une différence subtile à connaître, alors même que les deux langues latines semblent proches de prime abord. Le Français use une langue de consonnes, la tonalité est brève, contrairement à l’italien dont la langue est celle du bel canto, une langue faite de voyelles, décrypte Annie Rea. Résultat, même si le Français parle italien, avec l’emploi prépondérant des diphtongues « on » et « an », son ton semblera plus sec.

Et comme l’incompréhension est forcément bilatérale, pour aider les Italiens à travailler au mieux avec les Français, une formation appelée « Cartesio » vient déchiffrer les comportements de ces derniers.

Reste que malgré ces différences, rappelons que les échanges économiques entre les deux pays sont intenses. En 2017, la France et l’Italie s’affirment respectivement comme les 2ème et 3ème partenaire commercial l’un pour l’autre.

 

*Annie Rea est également vice-présidente de la Chambre de commerce et de l'industrie France Italie

 

MAR
Publié le 30 octobre 2019, mis à jour le 4 décembre 2019

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