Rencontre avec Aphrodite de Lorraine, actrice française qui a lancé sa carrière à Milan il y a près de 15 ans. Son objectif : faire rayonner la culture théâtrale française en Italie.
Aphrodite de Lorraine ne quitte plus les planches milanaises depuis près de 15 ans. Mercredi dernier, elle a joué « Paroles aux femmes », à l’hôtel Château Montfort. « Un spectacle créé il y a 10 ans et que depuis, on me demande partout ! », explique l'actrice française, milanaise d’adoption. Un spectacle qui incarne avec brio la « mission » qu’elle s’est donnée en Italie, celle de faire rayonner la culture théâtrale française dans la péninsule. La pièce offre un véritable voyage dans l’histoire du théâtre français, sur 4 siècles, entre 1600 et 2000, dans laquelle elle interprète 7 femmes différentes. De Phèdre de Racine à Armande de Molière en passant par Marguerite Dumas ou encore Feydeau, elle enchaîne les monologues, accompagnée du pianiste italien Alessandro Carlà avec lequel se crée un échange comique... en italien.
Une passion pour l'Italie
C’est sa passion pour l’Italie et le théâtre qui a lancé la carrière d’Aphrodite de Lorraine.
Si son amour pour les planches date de l’enfance, celui pour la péninsule est né lors d’un voyage de classe au lycée, entre Vérone, Vicence et Venise. De quoi la convaincre de s’inscrire à la faculté de Langues, Littératures et Civilisations pour étudier l’italien, puis de se rendre à Milan en 2004 pour réaliser son mémoire. Elle ne devait y rester qu’un an, elle y vit toujours (bien qu’entre Paris et Milan depuis 2 ans). « C’est à Milan que j’ai décidé de me lancer à 100% dans le théâtre, de manière professionnelle », explique Aphrodite de Lorraine, souriante et passionnée. Et d’ajouter : « Tout s’est ensuite enchaîné ! » De l’école d’art dramatique Paolo Grassi, l’une des plus prestigieuses d’Italie, à la création en 2006 du Théâtre Français de Milan. « Il n’existait aucune compagnie théâtrale à Milan, je l’ai donc créée ! », raconte simplement la comédienne à la fibre entrepreneuriale. Son but : faire rayonner la culture française à Milan et en Italie. Elle a pu le faire grâce à des subventions reçues de la région Lombardie au tout début de son activité.
« La cantatrice Chauve » d’Eugène Ionesco, des pièces de Racine, Anouilh, Molière... Uniquement des pièces françaises avec des metteurs en scène italiens. C’est d’abord un public francophone, francophile et d’apprenants (universités et écoles) qui est visé. « Le public a si bien réagi que j’ai voulu l’élargir », raconte la comédienne. Des productions franco-italiennes voient alors le jour, des pièces écrites sur-mesure avec des parties du texte en français, d’autres en italien. Comme celle produite en 2009 lors du bicentenaire du conservatoire Giuseppe Verdi qui racontait l’histoire de la création du conservatoire de Milan, fruit des institutions italiennes et du gouvernement français de l’époque.
« La pièce a rencontré un tel succès – aussi grâce à la présence de Corrado Tedeschi – que j’ai eu envie de continuer ces productions franco-italiennes », ajoute Aphrodite. Ce qu’elle a fait en 2012 avec la pièce « Ménage à trois », dans laquelle elle a fait venir sur la scène milanaise du théâtre Franco Parenti, Delphine Depardieu et Paul Belmondo.
Lier les cultures française et italienne
C’est en 2012 que l’entrepreneuse a créé sa société France Productions. « Toujours dans l’idée de promouvoir la culture française dans la Péninsule, mais aussi d’élargir mon activité théâtrale, car je joue et je produis », ajoute-t-elle. En 2017, elle a saisi l’opportunité de jouer à Paris pour la première fois : « Les Amoureux » de Goldoni, au théâtre Dejazet. Une manière d’apporter, cette fois, une touche italienne en France.
Et la dynamique comédienne poursuit son activité entre la France et l’Italie, liant la culture française et italienne. Au programme : deux nouveaux projets de spectacles. Le premier sur la comtesse Virginia de Castiglione, maîtresse de Napoléon III ; le second est un projet franco-calabrais, autour de Joachim Murat, beau-frère de Napoléon Ier et roi de Naples.
A suivre !