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Annie Rea : « Un parcours au service de la France en Italie »

Annie REA france italieAnnie REA france italie
Annie Rea est expert en interculturalité, vice-présidente de la CCI France Italie et secrétaire générale de CCI France International.
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 19 janvier 2021, mis à jour le 20 janvier 2021

Italo-française, fille d’immigrés italiens, Annie Rea a dédié son action au service de la relation franco-italienne. Un parcours chargé d’histoire, qui lui a valu d’être récemment nommée Chevalier dans l’Ordre National du Mérite.

Figure incontournable et dynamique de la communauté franco-italienne, Annie Rea a été récompensée pour son parcours au service de la France en Italie. Par décret daté du 31 décembre 2020, l’italo-française, née en France en 1961 et mère de trois enfants, a été nommée Chevalier dans l'Ordre National du Mérite. Une distinction honorifique proposée par le Consul général de Milan Cyrille Rogeau et appuyée par l’ambassadeur de France en Italie Christian Masset, pour son « engagement dans la relation France Italie, indispensable pour nos deux pays », selon les mots de l’ambassadeur. 

« Je voue une immense reconnaissance à la République française. Je dois beaucoup à la France, elle m’a permis d’étudier, de me structurer humainement et intellectuellement », réagit avec émotion Annie Rea. Et pour cause, cette fille d’immigrés italiens, née en France et naturalisée française, était à deux doigts d’avoir une toute autre vie. « A l’époque, mes parents avaient fait les démarches d’immigration pour la France et les Etats-Unis, où se trouvait tout une partie de la famille de ma mère », confesse-t-elle. Mais c’est la France qui a répondu favorablement en premier, à trois semaines près. C’est ainsi que ses parents posent leurs valises à Lyon, où Annie nait, grandit, étudie, travaille et fonde sa famille.

Mais ses racines italiennes lui ont toujours fait rêver d’une expérience professionnelle dans la Péninsule.  « C’est grâce à mon mari [français] que cela a été possible. Il a accepté une expatriation à Milan et est devenu grand lecteur de la littérature italienne ! C’était il y a 26 ans, et nous y sommes toujours restés ! Je lui en suis infiniment reconnaissante », ajoute Annie Rea.
A son arrivée à Milan en 1995, son engagement, associatif d’abord, a été immédiat. Elle apporte son soutien à Milan Accueil. « Moi-même accueillie par la France avec ma famille, cela a été tout naturel de m’engager pour l’accueil des Français en Italie », explique-t-elle.
Rapidement, son action prend de l’ampleur au sein de l’association dont elle prend le rôle de présidente de 1997 à 1999. Alors que Milan Accueil existe depuis 20 ans, elle la fait décoller : la dote de nouveaux locaux, triple le budget, développe les partenariats, met en place des formations pour les bénévoles…

Expert en interculturalité

Animée par la volonté de faire rayonner la France en Italie, passionnée par la relation franco-italienne, son leitmotiv, Annie Rea se spécialise dans l’interculturalité entre les deux pays. Les premiers séminaires qu’elle anime font suite à la catastrophe du Mont-Blanc de 1999. Dans le contexte de la réouverture du tunnel après les travaux et la création du GEIE (Groupement Européen d’intérêt Economique) ils visent à « permettre aux Français et aux Italiens de retrouver la confiance entre eux et favoriser la collaboration entre les équipes italiennes et françaises », explique-t-elle.

C’est notamment à ce moment-là qu’Annie Rea prend conscience de la différence interculturelle entre les Français et les Italiens, cousins si proches mais aussi si différents. Elle crée sa société, In Situ, et instaure les premiers séminaires intra-entreprises. Elle commence avec ceux intitulés DANTE (à destination des Français qui travaillent avec des Italiens), pour le groupe Total d’abord, puis pour de nombreuses entreprises. CARTESIO, son équivalent pour les Italiens qui sont amenés à travailler avec des Français, naîtra juste après.
La finalité est toujours socio-économique : permettre aux entreprises françaises de réussir en Italie, faire plus d’affaires grâce à une meilleure perception des différences culturelles et enrichir ainsi les échanges économiques entre la France et l’Italie.

S’intéresser à notre diversité pour mieux s’apprécier

En cohérence avec cet objectif, Annie Rea, insatiable, fonde en 2010 le Club APM en Italie, alors que APM, Association pour le Progrès du Management, née en France il y a 30 ans, est encore peu internationalisée. Structuré à la fois comme un club de réflexion à 360 degrés et un atelier de formation, le club Apm Milan réunit une fois par mois 22 adhérents. Ces dirigeants de grandes sociétés principalement, tous numéros 1 de leurs entreprises – tant des Français que des Italiens -, se retrouvent autour d’experts pour parler d’économie, de géopolitique, de philosophie ou encore de développement personnel. « Les échanges aident à approfondir, à mieux comprendre notre diversité, ne pas la nier surtout, mais s’y intéresser afin de mieux s’apprécier et aimer nos différences », raconte la fondatrice du Club italien.

Quelques années plus tard, fin 2012, la « mémoire de Milan Accueil » comme on pourrait la surnommer, est sollicitée pour reprendre les rênes de l’association. Elle retrousse de nouveau ses manches pour lui redonner un cap (cela passe par la révision des statuts), et se voit de nouveau élue présidente de 2013 à 2015. Durant cette période, elle s’investit également sur la question de l’aide à l’emploi en créant avec l’équipe le service Impuls lavoro.

Lors de sa nomination au Conseil d’administration d’une entreprise française du secteur énergétique implantée en Italie, elle décide d’enrichir sa formation universitaire par un Executive Master en gouvernance pour « Administrateurs de Conseils d’Administration de sociétés cotées ou non » au SOLE 24 ore. Un des credo d’Annie Rea : « Se former tout au long de sa vie pour mieux savoir transmettre ».

Au terme de cette formation, elle rejoint la Chambre de Commerce France Italie. En juin 2016, elle est élue au Conseil d’administration de la Chambre et au Comité exécutif, jusqu’à en devenir Administrateur déléguée puis Vice-présidente. Avec l’ensemble du Comité exécutif, l’équipe de la Chambre et sous la houlette de son Président Denis Delespaul, elle s’est attelée, là encore, à donner un nouvel élan à la Chambre.
Lors des élections de juin 2019, l’italo-française est réélue Vice-présidente. C’est aussi à ce moment-là qu’elle est élue Secrétaire générale de CCI France International, réseau de 125 Chambres françaises présentes dans 95 pays et comprenant 36.000 membres.

Si Annie Rea estime « devoir beaucoup à la France », la relation franco-italienne actuelle lui doit certainement aussi toute sa reconnaissance.
Son postulat : « Savoir dire merci ».

 

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