A l’occasion de la sortie de son livre « Ho scelto l’Italia », rencontre avec un entrepreneur français et européen qui a choisi l’Italie. Une analyse pragmatique sur les qualités et capacités du Belpaese, un récit chargé d’optimisme qui entend aller à l’encontre des messages quotidiens teintés de négativité.
Lepetitjournal.com/Milan : Vous avez vécu de nombreuses années à l’étranger, travaillé dans plusieurs pays et avez choisi l’Italie pour créer votre entreprise il y a 15 ans. Pourquoi ce choix et comment votre activité s’est-elle développée ?
Eric Véron : Je suis à moitié Français et Hollandais, à Milan de longue date car j’étais scolarisé au lycée Stendhal. Puis mes liens se sont renforcés car j’ai épousé une Italienne. Mais j’ai aussi travaillé en Chine, aux Pays-Bas mon pays d’origine, à Chicago, Londres et Paris, avant de décider de vivre une aventure entrepreneuriale en Italie, dans l’immobilier industriel, un secteur qui ne m’était pas nouveau. Cela fait maintenant plus de 15 ans que je travaille en Italie où j’ai décidé de me mettre à mon compte en créant Vailog, en 2003, avec mon partenaire italien. Je voyais un fort potentiel dans ce secteur spécifique. J’ai alors suivi tout le parcours classique d’une création entreprise : se financer, se développer, se coter en bourse... Et ce fut un certain succès, beaucoup de satisfactions. Vailog est coté en bourse depuis 2007 et a été racheté par les Britanniques en 2015, le groupe Segro, coté à la bourse de Londres. Vailog reste existante au sein de groupe et prospère. L’entreprise s’est même internationalisée, depuis l’Italie. J’ai eu beaucoup de chance de vivre cette aventure.
J'ai voulu aller à l'encontre de certaines idées reçues
Et qu’est-ce qui vous a incité à écrire ce livre « Ho scelto l’Italia », un livre basé sur votre expérience entrepreneuriale réussie ?
Je m’intéresse aux choses qui m’entourent : la politique, l’économie... Et avec les élections destructives de mars dernier, face à toute cette négativité – qui ne date pas que des élections législatives d’ailleurs -, je me suis senti le besoin d’écrire un livre sur mon expérience. Ce que j’ai fait durant l’été.
A mon niveau, j’ai voulu aller à l’encontre de certaines idées reçues, notamment celle de la difficulté de créer une entreprise en Italie, se développer en Italie. Car en comparaison aux autres pays où j’ai vécu, ce n’est pas forcément plus dur en Italie. Une aventure entrepreneuriale c’est stressant, il faut se retrousser les manches et ce n’est pas différent en Italie que dans le reste de l’Europe.
Dans votre ouvrage, vous illustrez les capacités et les qualités qu’à l’Italie. Vous cherchez à transmettre un message d’optimisme ?
Je veux donner de l’optimisme face cette négativité au pouvoir, pas juste pour le plaisir d’être positif mais à mon niveau, sur la base de mon expérience car j’ai eu énormément de satisfaction à me développer en Italie. J’ai pu faire des choses que je ne suis pas sûr j’aurais pu faire ailleurs. Il y a des choses qui fonctionnement bien en Italie : que ce soit au niveau des infrastructures, des transports, d’obtention des permis, d’avoir des autorisations, de l’éthique au travail, de la capacité productive. Sans oublier la qualité de la vie et le patrimoine culturel. Les 15 chapitres qui constituent le livre abordent des domaines assez larges, sans être dans la paraphrase de lieux communs dès lors qu’ils sont basés sur des exemples ponctuels, à partir de mon entreprise et de mon vécu en Italie. J’essaye d’en tirer des conclusions et des éléments positifs.
Vous dites que ce livre s’adresse avant tout aux Italiens. Pourquoi ?
Ma réflexion vient d’un sondage que j’avais lu, réalisé auprès de créateurs d’entreprises. La question posée était « Est-ce que selon vous, il plus facile ou plus difficile de créer une entreprise, se développer, aujourd’hui que dans les années 80 ? » (l’âge d’or en Italie). Et 85% avait répondu que cela était plus difficile.
Mais c’est une aberration à mon sens ! On ne peut pas comparer, le monde a totalement changé, il y a des technologies nouvelles. Créer de la valeur, créer des sociétés... c’est une activité difficile, et cela n’a pas changé. La négativité, c’est destructeur. Et je ne veux que cette soi-disante négativité soit une excuse pour ne pas faire les choses. C’est un vrai danger, basé qui plus est, selon moi, sur des hypothèses qui sont fausses.
Pourtant de nombreux jeunes Italiens partent travailler à l’étranger...
Avec ce livre, j’entends aussi combattre cet autre mythe, face à tous ces jeunes qui quittent l’Italie, notamment pour aller vivre à Londres car cela serait plus facile. Et j’ai vécu 3 ans à Londres. Ce n’est pas si évident que ça : 90% travaillent dans les services, restaurants, magasins. C’est très bien, cela donne une excellente expérience, mais ce ne sont pas 300.000 entrepreneurs qui partent pour créer des empires en Grande Bretagne. Je suis persuadé que ces quelques personnes qui créent une entreprise, un groupe, l’auraient aussi bien fait aussi en Italie.
Je pense même qu’il est plus facile de rentrer dans l’establishment en Italie qu’en Grande Bretagne. Culturellement, l’establishment italien est plus ouvert aux étrangers, on parle d’ailleurs souvent « d’estérophilie » ici. Alors qu’il existe un entre-soi très fort chez les britanniques, il est en effet très difficile de rentrer dans un board en Grande Bretagne quand on est étranger.
Il faut retrouver une Italie fière et conquérante qui a confiance en soi et en son avenir. C’est un pays qui a tous les ingrédients pour y arriver. Il a certes des problèmes, mais tous les pays ont les leurs.
« Ho scelto l’Italia », Edition Reality Book (160 pages)
Langue : italien
Bientôt en librairie