Silvio Berlusconi est mort, la fin d’une époque

Silvio Berlusconi est mort. L'agence italienne ANSA l’a annoncé ce lundi matin. Peu avant l'annonce de la nouvelle, ses enfants Barbara et Pier Silvio étaient arrivés à l'hôpital San Raffaele de Milan, où Berlusconi était hospitalisé depuis vendredi dernier. Son frère Paolo et ses filles Marina et Eleonora étaient déjà à ses côtés.
Âgé de 86 ans, l’ancien président du Conseil italien avait quitté l’hôpital le 19 mai dernier après y avoir passé quarante-cinq jours en raison d’une infection pulmonaire, mais ses médecins avaient alors révélé qu’il souffrait de leucémie chronique depuis un certain temps.

L’existence controversé de « l’immortel »

Silvio Berlusconi aura une existence controversée qui a traversé l'histoire italienne du dernier demi-siècle, et notamment la scène politique du pays.

L’homme aux multi-carrières, a terminé sa vie en tant qu’homme politique.
Surnommé « l’immortel » pour sa longévité politique, Silvio Berlusconi a fondé Forza Italia (« Allez l’Italie ») en 1994 en s’entourant d’une cour de fidèles. Il promettait de baisser les impôts, de réduire l’empiétement de l’État dans la vie de ses citoyens et de restaurer la fierté de la nation italienne. Alors que son parti n’avait que cinq mois d’existence, il devient Premier ministre et l’aura été quatre fois au total entre 1994 et 2011. Il est en outre le seul Premier ministre à être resté en fonction pendant toute une législature de cinq ans, entre 2001 et 2006. Le Cavaliere (le Chevalier), l’un de ses nombreux surnoms, celui-ci attribué pour l'ordre du mérite pour le travail reçu en 1977, a aussi été six fois députés (entre 1994 et 2013). En 2018, âgé de 83 ans, il remporte un nouveau siège au Parlement européen, dès son inéligibilité politique à laquelle il avait été condamné cinq ans plus tôt, a été levée. Il résulte alors le deuxième candidat le plus voté d’Italie, après Matteo Salvini.

Silvio Berlusconi, entrepreneur milliardaire

Silvio Berlusconi entrepreneur, a longtemps été l’homme le plus riche d’Italie avec une fortune aujourd’hui évaluée par Forbes à 6,4 milliers d’euros.
Il a fait fortune dans l'immobilier avant de bâtir le plus grand empire médiatique national, Mediaset.

Diplômé de droit en 1961, Silvio Berlusconi débute sa carrière dans la construction, comme promoteur immobilier dans la région de Milan. Dans les années 1970, il fonde Milano 2, une ville autonome construite par sa propre société, Edilnord, puis quelques années plus tard Milano 3, toutes deux situées aux portes de Milan. Silvio Berlusconi a imaginé des villes modèles comme le sont les banlieues américaines, dotées de lacs artificiels, de nombreuses installations sportives et espaces verts, ainsi que des centres commerciaux.

C'est à Milano 2 que le Cavaliere a fondé Mediaset en lançant les premières chaînes de télévision privées du pays, jusqu’à ce qu’elle devienne un véritable empire médiatique, qu’il a ensuite cédé à ses enfants Marina et Piersilvio. Et c’est d’ailleurs en utilisant cet empire médiatique que le magnat de la presse a réalisé son entrée fracassante en politique en 1994.
En 1978, il fonde la holding de médias Fininvest et, en 1980, ouvre Canale 5, la première chaîne de télévision commerciale italienne, suivie par Italia 1 et Rete 4. Parallèlement, Fininvest diversifie ses activités en acquérant des grands magasins, des cinémas ou encore des maisons d'édition.

Silvio Berlusconi et ses procès à répétition

Au cours de sa carrière politique et entrepreneuriale, Silvio Berlusconi a affronté au total 30 procès. C’est dès la fin des années 1970 que Silvio Berlusconi commence sa bataille avec le système judiciaire. Sa société Edilnord est visée par des enquêtes pour des financements jugés douteux, qui auraient émanés d'organisations criminelles basées en Sicile. Les affaires seront rapidement classées mais il est apparu par la suite que des enquêteurs avaient obtenu des postes à responsabilité au sein de la holding Fininvest de Silvio Berlusconi.

Tous ses 30 procès se sont soldés par un acquittement, souvent parce que le délai de prescription avait expiré ou parce que son gouvernement avait modifié la loi. Sauf une fois.

Dans "l’affaire Mediaset", le magnat de la presse a été condamné en 2012, en première instance, à quatre ans de prison pour fraude fiscale et à une interdiction d'exercer un mandat public pendant cinq ans. Alors âgé de plus de 75 ans, Silvio Berlusconi a bénéficié en échange d’une obligation de soumettre à des travaux d'intérêt général qui consistaient à travailler quatre heures par semaine auprès de personnes âgées atteintes de démence sénile dans un centre de soins catholique près de Milan.
En 2013, il a été reconnu coupable d'incitation à la prostitution de mineurs dans le cadre notamment de ses soirées « bunga bunga » organisées dans sa villa d’Arcore, près de Milan. Une condamnation annulée par la suite.

Silvio Berlusconi et l’AC Milan : 30 ans de règne à San Siro

L’homme d’affaire milanais s’est aussi immiscé dans le secteur du football, marquant notamment l’histoire du Milan AC. Le Cavaliere a remporté 29 titres durant son règne à la tête des Rossoneri, l'équipe dont il a été président à plusieurs reprises entre 1984 et 2016. Mais alors qu’il est rattrapé par de nombreuses affaires judiciaires et que le club est en perte de vitesse, il le cède aux investisseurs chinois. Il n’abandonne pas le calcio pour autant, et rachète en 2018 l’AC Monza, qu’il parvient à faire remonter en Série A trois saisons plus tard. L’un de ses derniers succès.