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La médecine esthétique du futur face au défi de l’innovation

A l’occasion de la Milano Beauty Week, coup de projecteur sur la médecine esthétique, ses nouveautés scientifiques et un changement d’approche qui élargissent et démocratisent l’accessibilité aux traitements. Un secteur en pleine croissance, qui doit aussi affronter les défis du monde de demain. Rencontres avec certains de ses acteurs, à Milan.

médecin esthétique traite le visage d'une patiente Merz Aestheticsmédecin esthétique traite le visage d'une patiente Merz Aesthetics
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 26 septembre 2023, mis à jour le 3 octobre 2023

La médecine esthétique est l’une des spécialités les plus récentes de l’histoire de la médecine. Ce n’est qu’en 1980 qu’apparaissent les premiers traitements, des injections de collagène à l’époque.
Un « jeune âge » qui explique l’évolution très rapide du secteur, avec l’arrivée continue de nouveaux traitements tant pour le visage que pour le corps, de technologies innovantes et de pratiques, qui éloignent de plus en plus le recours au bistouri.

C’est aussi l’approche à la médecine esthétique qui a évolué. « Tous les nouveaux traitements vont dans la même direction : essayer de retarder les effets irrémédiables du temps qui passe », assure Sophie Charretour, directrice de Merz Aesthetics en Italie, laboratoire pharmaceutique international, qui revendique le concept de « médecine de la beauté ».

« Il y a 20 ans, on remplissait une ride pour la corriger. Il y a 10 ans, on jouait avec les volumes pour corriger la ptose. Aujourd’hui les médecins travaillent soit sur la prévention pour éviter les signes du vieillissement ou en utilisant une combinaison de traitements pour un résultat plus harmonieux », ajoute la spécialiste, qui promeut une médecine esthétique éthique.

 

Il y a 20 ans, 70 % des prestations esthétiques étaient chirurgicales et 30% relevaient de la médecine esthétique. Aujourd’hui, la tendance s'est totalement inversée.

 

Anticiper les symptômes

En d’autres termes, la médecine esthétique actuelle consiste à anticiper les symptômes. « Toutefois, quand cela est nécessaire, le médecin va plutôt travailler sur les strates de la peau que sur des volumes trop importants, afin de que le traitement, peu invasif, ne fasse pas perdre de naturel », précise Sophie Charretour.

Une tendance confirmée par les chiffres : « Il y a 20 ans, 70 % des prestations esthétiques étaient chirurgicales et 30% relevaient de la médecine esthétique. Aujourd’hui, à l’inverse, 85% des prestations sont de la médecine esthétique, contre seulement 15% de la chirurgie », observe Giorgio Astofli, médecin esthétique renommé à Milan.
Le praticien avance deux explications à cette inversion de tendance radicale, à commencer par un changement de goût : « Aujourd’hui, le patient souhaite s’améliorer pour se sentir bien, et non se changer », assure-t-il.
Par ailleurs, l’innovation offre aujourd’hui une plus grande variété de produits, particulièrement performants et sûrs, selon Giorgio Astolfi. « Les produits dont on dispose sur le marché donnent des résultats prévisibles. Ils nous permettent de faire des traitements sur le visage très efficaces, et qui durent dans le temps, même s’il est nécessaire de donner de la continuité », ajoute le spécialiste.

Quels produits innovants ?

Outre les produits injectables et les traitements par ultrasons, Merz Aesthetics distribue par exemple depuis peu un nouveau peeling revitalisant qui contrairement à ses prédécesseurs, peut être utilisé en toutes saisons, même en été, sans risquer une réponse de la peau au soleil.
« Nos produits sont des médicaments ou des dispositifs médicaux, à l’instar de la médecine botulinique, à usage réservé. La réglementation des dispositifs médicaux a évolué en Europe. Le marquage CE est maintenant la garantie que le produit a fait preuve de son efficacité et de sa sécurité au travers d’études cliniques rigoureuses impliquant au moins 160 patients », garantit Sophie Charretour. A ce titre, Merz Aesthetics continue de travailler sur de nouvelles indications. « Bientôt, un de nos injectables aura même une indication pour le corps. Ce sera le premier dans sa catégorie en Europe », ajoute-t-elle.

Résultat, le médecin esthétique est de plus en plus amené à traiter des patients sur plusieurs générations : de 18 ans à 90 ans, voire plus s’ils sont en bonne santé. « Il n’est pas aberrant de commencer à faire des traitements légers très tôt, afin de maintenir l’état de jeunesse de la peau et ainsi conserver une certaine tonicité », complète Sophie Charretour, en rappelant que l’on commence à perdre notre production d’acide hyaluronique naturel et de collagène à partir de 25 ans.

 

2 à 3 % de la population se soumet à la médecine esthétique en Europe (avec des injectables). L’Italie est un marché plus avancé.

Un marché en devenir

« La médecine esthétique moderne fait désormais partie de notre style de vie, pour gérer au mieux le temps qui passe », estime Giorgio Astolfi.
Malgré une démocratisation de la médecine esthétique et des traitements qui se veulent adaptés à chaque besoin, le marché reste encore limité : « On estime que 2 à 3 % de la population se soumet à la médecine esthétique en Europe (avec des injectables). L’Italie est un marché plus avancé, avec environ 5% », explique la responsable de Merz Aesthetics en Italie. La croissance est néanmoins très rapide, gagnant 10% tous les ans. Et le potentiel d’évolution est important. « Si nous savons aujourd’hui très bien traiter le tissu, la qualité de la peau, l’acide hyaluronique et le collagène, il y a encore une chose que la médecine esthétique ne sait pas faire et doit développer, c’est le traitement du vieillissement de l’os », explique Sophie Charretour, rappelant que l’os aussi se résorbe sur le visage avec l’âge.

De l’IA au changement climatique, la médecine esthétique du futur

Et dans 5 ans ? « La médecine esthétique devrait suivre les grandes tendances générales », estime Sophie Charretour. Cela entend notamment un recours accru à l’Intelligence Artificielle : « Aujourd’hui déjà, le diagnostic informatisé existe. Il permet de donner une projection sur le résultat qui sera obtenu selon la quantité de produit injectée. Il commence à se développer mais il doit encore être optimisé », temporise la manager de Merz Aesthetics en Italie. Arrivera-t-on un jour à se faire injecter par un robot ? « Nous en sommes loin ! Au-delà de l’aspect technique et anatomique, la vision esthétique du médecin est essentielle ! », précise Sophie Charretour.

Autre tendance à suivre : l’allongement de l’espérance de vie, car non seulement on vit plus âgé mais aussi en meilleure santé. « Il convient de développer la prévention car plus le patient se prend en charge tôt, moins il aura besoin de traiter le symptôme par la suite, même à un âge avancé », considère Sophie Charretour. Face à la croissance de la longévité, les laboratoires sont aussi appelés à mener des recherches sur l’impact des traitements à long terme.

Comme pour la plupart des secteurs, la médecine esthétique se montre également sensible aux changements climatiques. « Chez Merz Aesthetics, nous cherchons aussi à limiter l’impact sur l’environnement. Nous avons ainsi des produits qui se transportent et se conservent à température ambiante quand les produits équivalents de la concurrence doivent être transportés et conservés au froid. Ce sont des tonnes d’économies de CO2. Mais il nous reste encore tant à faire ! », déclare la manager en Italie.
« La beauté sauvera le monde », rapporte Sophie Charretour en citant Dostoïevski. Si l’écrivain russe ne parlait certes pas de médecine esthétique, la manager n’hésite pas à transposer cette considération : « Il faut prendre soin de soi, tout en respectant l’environnement dans lequel on évolue », conclut-elle.

 

MAR
Publié le 26 septembre 2023, mis à jour le 3 octobre 2023

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