LEGISLATIVES PARTIELLES – Jonathan-Simon Sellem : "Je souhaite instaurer un service civil obligatoire"

Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 22 mai 2013

Alors que le vote électronique s'est achevé mardi 21 mai, les électeurs de la 8e circonscription des Français de l'étranger pourront aller voter dans les ambassades et consulats dimanche 26 mai pour le premier tour. Le choix risque d'être difficile puisque ce ne sont pas moins de 20 candidats qui se présentent. La rédaction continue de leur donner la parole. Aujourd'hui, c'est Jonathan-Simon Sellem qui répond à nos questions. Jeune candidat vivant en Israël, adhérant au Nouveau Centre et investi par le Parti libéral démocrate, il compte faire valoir son expérience du terrain en Israël.

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Jonathan-Simon Sellem : J'ai 30 ans je suis père de deux enfants. Je vis en Israël depuis 7 ans et j'ai pris la double nationalité franco-israélienne. Avant de quitter la France, j'ai exercé ma profession de journaliste pour TFJ ainsi que pour un supplément du journal Le Monde, Actualités Juive. Arrivé en Israël, j'ai travaillé au ministère israélien des Affaires étrangères, essentiellement dans le secteur de la coopération internationale et de l'aide humanitaire. J'ai ensuite créé JSS News en 2008. A l'origine, il s'agissait d'un journal papier et d'un webzine mais nous avons du arrêter la version papier parce que cela coûtait trop cher. Le journal existe encore aujourd'hui.

Quel est le but de votre candidature à ces élections législatives ?
Ce qui m'a poussé à me présenter, c'est le constat qu'il n'y a personne qui représente mes idées et mon combat aujourd'hui. Lors de l'annulation de l'élection de Daphna Poznanski-Benhamou en février, je me suis aperçu que les principaux candidats qui représentaient mes idées en tant que Français de l'étranger s'étaient ralliés à d'autres candidats. Je pense notamment à Philippe Karsenty ou Gilles Taieb qui ont subi le même sort que la député élue, à savoir un an d'inégibilité après le rejet de leurs comptes de campagne. Je suis parti du constat que dans la communauté franco-israélienne, il n'y avait plus grand monde pour nous représenter. J'ai donc décidé de me présenter pour proposer une autre voix ; celle d'un homme de la société civile qui se bat pour les Français d'Israël au quotidien et qui se bat aussi pour la défense d'Israël.

Quelles idées défendez-vous ? Quel est votre programme ?
Des idées à défendre, il y en a plein. Je ne vais pas reprendre ce que tous les autres candidats ont déjà du vous dire à propos des retraites par exemple mais il est évident qu'il y a des problèmes spécifiques que rencontrent les Français de l'étranger. Ces problèmes sont démultipliés pour les Français qui vivent dans des pays hors de l'Union Européenne comme la Turquie ou Israël. Je pense notamment à la reconnaissance des diplômes. Il y a un réel travail à faire sur ce point. Plus globalement, il y a le programme Erasmus dont la Turquie et Israël ne font pas partie.
D'autres inégalités existent aussi pour les Français vivant en Italie ou en Grèce en matière de retraite, de sécurité sociale ou d'emploi. Le problème aussi que peuvent rencontrer les expatriés concerne le retour en France. Que se passe-t-il si un Français d'Italie souhaite rentrer en France ? Comment fait-il pour rechercher un emploi, pour trouver une école pour ses enfants, pour trouver un appartement ? Ce sont des choses qui se préparent mais il n'existe aucune structure pour les aider.
Concernant la jeunesse, je souhaite m'inspirer de l'exemple israélien. Je sais que ce n'est pas facile à dire dans un pays comme la France, mais Israël est un pays qui réussit. Il n'y a pas de crise économique ici et c'est le plein emploi aujourd'hui. Si le pays en est là, c'est parce qu'il a osé. L'armée ose se défendre, les start-ups sont gérées par des trentenaires ; autant d'exemples qui mettent la jeunesse au c?ur de la société.

Véronique Genest était votre suppléante annoncée jusqu'à ce qu'elle décide de se retirer. Le nom d'Alex Jordanov est sorti pour la remplacer. Finalement, c'est Elior Liss qui a été investi. Pourquoi tant de mouvement ?
J'ai proposé, dans un premier temps à Véronique Genest de me rejoindre dans ce combat pour faire porter la voix des Français de toute la circonscription. Mais, soutenant un candidat qui vit en Israël, elle a été attaquée sur ce sujet là. Peu avant, ses propos sur l'Islam avait été mal interprétés. Elle parlait de peur de l'Islam et non de haine. Les médias français se sont quelque peu acharnés sur elle concernant son soutien à ma candidature. Elle ne fait que défendre l'idée que les Israéliens ont le droit de vivre en Israël et ça peut en énerver certains. Mais je la trouve très courageuse puisqu'elle s'est battue contre les médias et n'a jamais flanché. Elle est venue la semaine dernière en Israël pour continuer de me soutenir. Elle a proposé des idées merveilleuses au sujet de la diplomatie culturelle, la liberté des femmes ou l'éducation. Mais elle s'est rendue compte qu'il était très difficile de soutenir un candidat politique lorsque l'on est artiste et a donc renoncé à son rôle de suppléante.
Concernant Alex Jordanov, il a été mon suppléant pendant 48 heures ! Journaliste et ex-otage en Irak, il a une histoire incroyable. Mais là encore, soutenir un candidat d'Israël lui a attiré les foudres de certains. En l'espace de quelques heures après l'annonce de sa candidature, il a reçu des centaines de messages de menace de mort à son encontre et à l'encontre de sa fille. Il a donc préféré se retirer.
Finalement, c'est Elior Liss, jeune franco-israélienne de 25 ans, étudiante en dernière année de sciences politiques qui est ma suppléante. C'est une jeune fille brillante qui aura un bel avenir, j'en suis sûr.

Que pensez-vous du nombre de candidats élevé ? Comment expliquez-vous que la majorité d'entre eux se disent d'Israël ?
Si je suis rentré dans cette campagne, ce n'est pas pour faire de la politique politicienne. Je suis issu de la société civile, je suis un militant et surtout, je vis dans la circonscription. Beaucoup de candidats se présentent comme Israéliens mais ne vivent pas ici. Ils se présentent en Israël uniquement parce qu'ils sont Juifs. Ils font du communautarisme. C'est le cas de la candidate UMP qui vit à Paris. Le fait même qu'un candidat ne soit pas inscrit sur les listes électorales de la circonscription dans laquelle il se présente et ne puisse pas aller voter pour lui-même, c'est aberrant. C'était pourtant l'une des premières à dénoncer le parachutage de Jack Lang dans les Vosges. Moi, j'habite dans la circonscription, je connais les problèmes des Français d'ici et je compte les représenter.

S'il y avait une loi que vous souhaiteriez présenter à l'Assemblée nationale, laquelle serait-ce ?
J'ai l'impression qu'aujourd'hui, la France perd ses valeurs. Je pense que c'est en grande partie lié à la disparition du service militaire qui enseigne des manières. Je souhaiterais, non pas le retour du service militaire classique mais instaurer un service civil obligatoire d'au moins 12 mois dans une association, dans une maison de retraite ou dans une ONG à l'étranger à l'âge de 18 ans. Ca ne peut qu'être bénéfique. Ca aiderait les jeunes à réfléchir à leur orientation, éventuellement à apprendre une langue mais ça leur inculquerait surtout des valeurs. La France ne ressemble pas à la France que j'ai connue. Il manque un socle commun à toute la jeunesse et je pense que ça passe par le service civil.

Que pensez-vous de la politique menée par François Hollande depuis son élection ?
En tant que Français, je pense que la politique intérieure de François Hollande est une catastrophe, tant pour l'économie que pour la justice. Christiane Taubira n'est absolument pas à sa place, Arnaud Montebourg est incompétent ; la France vit malheureusement une grosse blague, et c'est une mauvaise blague ! La France ferait bien de s'inspirer un peu du système israélien, qui est un système un peu plus libéral mais qui fonctionne.
En tant qu'Israélien, je trouve François Hollande bien meilleur que Nicolas Sarkozy. Il a notamment parfaitement compris que le conflit au Proche-Orient est un conflit long mais de basse intensité et que la France ne parviendra jamais elle-même à faire signer des accords de paix au vu de sa faible influence dans la région. Contrairement à son prédécesseur, François Hollande ne tente pas de faire le cow-boy !

Propos recueillis par Aurélien Bureau (www.lepetitjournal.com de Milan) ? mercredi 22 mai 2013

photo: avec l'aimable autorisation de J-S Sellem

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