Publiée la semaine dernière, une longue enquête menée par la Banque d'Italie sur la répartition de la richesse entre les ménages italiens, met en évidence le rôle significatif de la propriété immobilière et les défis liés aux inégalités.
Environ 46 % de la richesse nette totale en Italie est concentrée entre les mains de 5 % des ménages les plus riches. C'est la conclusion d'une enquête menée par la Banque d'Italie, sur la base des statistiques de la Banque centrale européenne (BCE).
La composition du portefeuille varie considérablement selon les catégories de ménages, les choix d'investissement variant selon la richesse. Les moins aisés possèdent principalement des logements d’habitation et des dépôts, tandis que les familles les plus riches ont davantage la possibilité de diversifier leur patrimoine grâce à des parts importantes d'actions, de participations et d'actifs réels alloués à la production. Dans le détail, près d'un tiers de la richesse des ménages les plus aisés est représenté par le capital à risque lié à la production (actions, participations et actifs immobiliers) et un cinquième par des fonds communs de placement et des polices d'assurance. Ces actifs sont souvent accompagnés d'autres instruments financiers complexes.
L’Italie, pays de propriétaires
La pierre est depuis toujours une valeur refuge des familles italiennes. Et l'écart de richesse est avant tout lié à la propriété immobilière. En 2010, environ la moitié du parc immobilier était détenue par des familles de la classe moyenne ; en 2022, ce pourcentage était tombé à 45 %, notamment à l’avantage du dixième le plus riche. La part des logements appartenant à des ménages qui se situent sous la médiane est restée stable au fil du temps, autour de 14 %.
En général, le logement représente 50 % du patrimoine total des Italiens, mais ce pourcentage varie considérablement en fonction du niveau de richesse. Les familles les moins aisées détiennent 75 % de leur patrimoine dans le logement, tandis que la classe moyenne s'élève à un peu moins de 70 % et que la classe la plus riche tombe à un peu plus d'un tiers.
Composition du patrimoine des ménages italiens
La composition des portefeuilles des ménages a subi des changements notables au fil du temps, souligne le rapport de la Banque d’Italie. Par exemple, entre 2010 et 2022, l’augmentation du poids des dépôts a été commune à toutes les classes de richesse considérées, enregistrant un boom au cours des 18 derniers mois en raison de l’inflation, qui a réduit la valeur réelle des actifs ne portant pas intérêt. Selon une photographie tirée du rapport du Centro Studi di Unimpresa, retravaillant les données statistiques de la Banque d'Italie, au cours de la dernière année (octobre 2022-octobre 2023), environ 85 milliards ont en effet été transférés des comptes courants vers des comptes de dépôts, étant donné que pour le second, les taux de rémunération proposés par les banques sont en moyenne supérieurs à 3%, alors que sur les comptes courants la moyenne est inférieure à 1%.
En 2023, les familles les plus pauvres ont néanmoins vu une réduction significative de leur part des dépôts, qui représentent la seule composante significative de leur patrimoine financier (17%), contraintes de puiser dans leur épargne et d'utiliser leurs réserves bancaires.Aussi, d’octobre 2022 à octobre 2023, le solde total des dépôts bancaires des ménages et des entreprises s’est effondré de 152 milliards d’euros (passant de 1 452 milliards à 1 300 milliards), soit une réduction de 10,5 %.
L’analyse de la Banque d’Italie souligne par ailleurs que les principaux indices d’inégalités sont restés globalement stables entre 2017 et 2022 après avoir augmenté entre 2010 et 2016.
Cependant, l'Italie se situe en dessous de la moyenne de l'UE en termes de concentration des richesses, au même niveau que la France et derrière l'Allemagne qui apparaît comme « le pays avec le plus haut degré d'inégalité en termes de richesse nette ».