Entre la montée des eaux et l'affaissement des sols, une récente étude menée par un groupe d'experts de l’Institut national de géophysique et de volcanologie (ING) alerte sur la vulnérabilité de la ville qui pourrait, en l’état actuel, être submergée à 65% d’ici à 2150.


Selon une récente étude de l’Institut national de géophysique et de volcanologie en Italie (INGV), la Cité des Doges risque une submersion partielle d’ici à 2150, en raison de l’élévation du niveau de la mer, combinée à un affaissement des sols. D’origines à la fois naturelles et anthropiques, ces deux phénomènes ont donné lieu à des projections précises mêlant données géodésiques, satellitaires et topographiques.
Les chercheurs ont eu recours à des technologies avancées, tels que les réseaux satellitaires de stations GNSS et des radars à synthèse d’ouverture, leur permettant d’obtenir une estimation précise des mouvements du sol et l’élévation du niveau de la mer dans la lagune de la Sérénissime.
Publié en février dernier dans la revue scientifique Remote Sensing, le rapport évoque le risque d’une submersion de plus de la moitié de la ville d’ici à 2150, dans le cas d'événements météorologiques extrêmes, insistant sur la nécessité d’œuvrer en faveur de plans de résilience pour la ville.
Risque de submersion alarmant
Si le dérèglement climatique engendré par les activités humaines contribue à la montée du niveau des eaux, engendrant un risque de submersion de nombreuses parties du globe, le cas de Venise est particulièrement critique. En effet, le niveau relatif de la mer augmente davantage aux abords de la ville, en raison d’un affaissement des sols. Les projections de l’étude évaluent ainsi une montée relative du niveau des eaux comprise entre 1,29 et 1,57 mètres en 2150, sachant que le système actuel de protection de la ville, des digues anti-inondations mises en place en 2020 (MoSe), est prévu pour résister à une augmentation de 3 mètres. L’étude précise qu’en l’état actuel cette protection est insuffisante.
Comment le barrage MOSE a-t-il sauvé Venise d'une immense inondation
En effet, la ville a connu plusieurs épisodes extrêmes au cours desquels les niveaux de la mer ont temporairement augmenté de près de 2 mètres (194 cm en 1966 et 187 cm en 2019). Dans le cas d’un scénario extrême, avec des évènements météorologiques comparables à ceux de 1966, l’étude prévoit une augmentation relative du niveau de la mer de 3,47 mètres d’ici à 2150, ce qui entraînerait, en l’absence de nouvelles mesures préventives, une submersion de 226 km2, soit près de deux tiers de la lagune. L’étude précise, qu’en l’état actuel, des événements météorologiques extrêmes pourraient aboutir à une submersion partielle de la ville probable dès 2030 et certaine dès 2100.
Appel à la prise de conscience
L’étude souligne la nécessité de se préparer afin de faire face à la montée des eaux croissante, ainsi qu’aux événements météorologiques extrêmes de plus en plus probables. Les experts insistent en particulier sur les risques visant les populations, les infrastructures et le patrimoine culturel, artistique et historique de la Cité des Doges. Tirant la sonnette d’alarme, l’Institut national de géophysique et de volcanologie en Italie rappelle la nécessité de politiques publiques en faveur de la résilience de la ville.
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