

C'est par téléphone que la rencontre avec Lucio Corsi a lieu. À 23 ans, l'auteur-compositeur-interprète préfère largement la quiétude de la cité étrusque de Vetulonia en Toscane au brouhaha et à la frénésie de Milan pour composer ses chansons. Lucio est Toscan et fier de l'être.
Un accent agréable à l'oreille et la fierté d'utiliser l'italien dans ses compositions. Un lourd héritage, celui de véhiculer l'idiome qui prend racine sur sa terre natale. Il faut dire qu'avant lui comme illustres représentants de la région -du côté poésie- il y a le “père de la langue italienne” Dante Alighieri et -du côté grosse voix- il y a Andrea Boccelli.

Le Petit Journal (LPJ) : Lucio quelle est ton juron, gros mot ou blasphème favori ?
Lucio Corsi (LC) : Oh là là chez nous, en Toscane, le blasphème sert d'intercalaire et il en existe vraiment beaucoup. J'préfère pas commencer ; disons que c'est notre manière à nous de rapprocher le Seigneur de l'Humanité. (rires)
Ne vous imaginez pas la Toscane des comédies romantiques américaines. Chez lui c'est plutôt campagne aride style far west. Une campagne truffée d'insectes, de gibier, de faune et de flore en abondance. Son enfance il la passe dans ce far west à l'italienne, le restaurant Macchiascandona de gestion familiale en toile de fond. Sa grand-mère y prépare chaque jour les meilleurs tortelli maremmani au monde depuis plus de quarante ans. Sa mère -Nicoletta Rabiti, talentueuse peintre autodidacte- y sert les clients depuis des années et orne la salle de ses magnifiques tableaux. Ce sont d'ailleurs ses œuvres qui ont servi à illustrer le CD de son fils.
LPJ : Et le mot que tu préfères, Lucio ?
LC : Ceràmbice, c'est un insecte (Cerambyx Cedro ou plus communément appelé grand capricorne)
Lucio Corsi commence à gratter de la guitare à l'âge de 13 ans. La révélation était arrivée quelques années auparavant -à l'âge de 6 ans- après avoir visionné avec son père Les Blues Brothers en boucle. Et puis il y a la passion pour le Rock progressif des Genesis du temps de Peter Gabriel, les années 70, le Glam Rock de David Bowie ou des T. Rex et finalement les Auteur-compositeur-interprète italiens De André, Dalla ou encore De Gregori. Du côté francophone il découvre Jacques Brel en écoutant Scott Walker (“Scott Walker Sings Jacques Brel”). Il apprécie aussi tout particulièrement le coup de foudre qu'a eu le public français pour Paolo Conte à une époque où les chanteurs non anglophones ne remplissaient pas les salles. « Disques révélation ? », Lucio a une grande passion pour “The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars” de David Bowie, “Come è Profondo il Mare” de Lucio Dalla ou encore “Il Truffatore” de Flavio Giurato.

Nicoletta Rabiti
LPJ : Le mot que tu détestes le plus ?
LC : Je déteste quand les gens utilisent des termes anglais juste pour faire bien, les anglicismes en général, j'aime pas ça. Brunch, par exemple.
À 19 ans Lucio fait ses valises et viens à Milan pour disons “tenter sa chance ”. Il arpente la ville -du vernis sur les ongles et un style vestimentaire à mi-chemin entre Gainsbourg et David Bowie- avec ses mélodies et sa guitare. Inutile de préciser qu'il ne passe pas inaperçu. Sa musique il la compose autour des ses thèmes récurrents préférés : les dinosaures, les insectes, les extraterrestres, l'ironie et le non-sens. Auteur-compositeur-interprète, ses chansons faussement simples sont à mi-chemin entre la pop des débuts de Louis Chedid et la folk vivace à la Vianney avec un brin d'excentricité style Philippe Katrine.

LPJ : Le métier que tu n'aurais pas aimé faire ?
LC : Serveur. Ma mère le fait depuis son plus jeune âge et je sais que c'est un métier très difficile, épuisant.
Le premier album de Lucio Corsi est sorti en 2015 et a eu une très bonne critique. « Me définir ? Impossible », effectivement Lucio est un cas un peu part dans le panorama musical italien. Son prochain album sortira cet automne. Il y parlera encore de la campagne, des insectes mais un peu moins de dinosaures et d'extraterrestres. Pour ce nouvel album il nous explique que « chaque chanson raconte une histoire, la campagne est toujours là, j'y habite : elle m'inspire. » En attendant vous pouvez venir écouter Lucio Corsi ce Samedi 9 avril en première partie de Dimartino (auteur-compositeur-interprète sicilien) à L'Arci Bellezza de Milan et vous laisser conquérir par son brio et sa douce folie musicale. Jeune talent à découvrir !
LPJ : Et sinon si Dieu existe, qu'aimerais-tu, après ta mort, l'entendre dire?
LC : T'aurais pas une cigarette ? Et je la lui offrirais sans hésiter (rires)
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Audrey Gouband (lepetitjournal.com de Milan) - Jeudi 7 avril 2016
Informations pratiques
Arci Bellezza
samedi 9 avril, concert DiMartino + Lucio Corsi
via Belleza, 16 – Milan
10 euros avec la carte ARCI 2016
Altalena Boy / Vetulonia Dakar, le premier album de Lucio Corsi est disponible chez tous les bons disquaires italiens.

















































