Plus de 120 créations de Giorgio Armani, le légendaire styliste italien décédé début septembre, sont exposées à la Pinacothèque de Brera aux côtés de chefs-d’œuvre de la Renaissance. Inaugurée ce mercredi, l’exposition célèbre les 50 ans de création de la marque.
« Une exposition peut être perçue de deux manières. D'un côté, il y a la satisfaction immédiate de l'ego du créateur. De l'autre, il y a la valeur pédagogique, le témoignage unique que l'on peut offrir au public, et surtout aux jeunes créateurs, à travers son travail : une sensation durable et satisfaisante. Voilà, c'est ce deuxième aspect qui m'intéresse », écrivait Giorgio Armani dans son livre autobiographique Per amore.
C’est selon cette philosophie que robes de star et costumes du plus pur classicisme, marque de fabrique du Roi Giorgio, sont exposés aux côtés des œuvres d'art de la Renaissance italienne abritées dans la Pinacothèque de Brera, prestigieux musée milanais, depuis le 23 septembre 2025.
« Armani est l'expression la plus emblématique de la culture de Brera, un lieu unique au monde où art, recherche et innovation naissent depuis cinq siècles. C'est pourquoi, l'année dernière, j'ai pensé qu'il était juste et approprié de célébrer le cinquantième anniversaire de la Maison à la Pinacothèque avec une exposition mettant en lumière son talent incomparable et son style inimitable », a déclaré Angelo Crespi, directeur de la Pinacothèque de Brera.
Cette exposition, à laquelle le styliste décédé le 4 septembre à l'âge de 91 ans aura collaboré jusqu'à la dernière minute, selon son groupe, est l'un des événements phare de la Fashion Week de Milan, qui s'est ouverte mardi.
Plus de cent vingt créations retracent le style de Giorgio Armani, réimaginant le parcours de la galerie d'art. L'histoire de la peinture et celle de la mode invitent les visiteurs à se laisser surprendre par les contrastes de couleurs et de matières. La sélection provient d'ARMANI/Archivio, qui préserve et valorise la vision de Giorgio Armani : un dictionnaire conceptuel qui retrace et définit cinquante ans de créativité, de cohérence et d'évolution, soulignant le rôle de la mode dans la construction et la transformation de l'imaginaire esthétique et culturel.
La mode au musée
Il ne s’agit pas d’une séquence temporelle, mais d’une série de groupes thématiques où les vêtements dialoguent librement entre eux, au-delà des époques. Dans ce parcours, les vêtements appartenant à l’histoire et à la légende se croisent : des premiers costumes bleu qui ont révolutionné le concept de l’élégance masculine, à la célébration de la veste en daim portée par Richard Gere dans American Gigolo (1980), qui répond à des fresques de soldats de Bramante.
Dans une des salles, une jupe et un haut Armani bleu touareg, portés par l'actrice française Juliette Binoche au Festival de Cannes en 2016, fait face à une Madone et enfant du peintre Giovanni Bellini. Le voile bleu de la Vierge fait écho à l'ensemble du couturier.
Ailleurs, le bustier en soie rouge coquelicot et la jupe évasée portés par Katie Holmes au gala du Met 2008, font ressortir les couleurs roses des scènes de la jeunesse de la Vierge peintes par Bernardino Luini.
Baptisée Giorgio Armani: Milan, par amour, l’exposition invite à lire la mode non pas seulement comme une tendance mais comme un langage capable d’anticiper le temps.
Elle rend aussi hommage à un styliste qui a contribué à faire de Milan « la capitale du style » et qui était aussi attaché à Brera, le quartier où il a choisi de vivre et de travailler, et dont il admirait la double âme – à la fois cultivée et profondément vibrante –, mêlant élégance et liberté artistique. Ce lien profond a été reconnu par l'Académie des Beaux-Arts, qui lui a décerné en 1993 le titre académique pour la cohérence de sa recherche stylistique et la rigueur avec laquelle il a uni la fonction à l'imagination créatrice.
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