La Biennale d’Art contemporain de Venise s’est ouverte le 23 avril au public et se tient jusqu’au 27 novembre. Parcours parmi les œuvres incontournables, de cette édition militante, surréaliste et féminine.
Après deux ans de pandémie, le rendez-vous avec l’art le plus attendu au monde, revient sur le devant de la scène à Venise, théâtre de l’Art contemporain jusqu’au 27 novembre prochain. Une vitrine artistique monstre, représentée par 200 créateurs, originaires 58 pays et 1.433 œuvres.
La 59ème Biennale d’Art contemporain est incarnée par une forte présence féminine puisque 80% des artistes sont des femmes, un mélange de stars très médiatisées et d’artistes peu connues. Parmi ces femmes, la commissaire générale de la 59ème Biennale, Cecilia Alemani, a notamment choisi de faire la part belle à des collectifs et aux minorités. Le thème de cette nouvelle édition militante s’intitule « The Milk of Dreams », il s’inspire du livre homonyme, un recueil de contes pour enfants, de l’artiste surréaliste Leonora Carrington (1917-2011). L’exposition interroge sur la métamorphose des corps, des cultures et des mentalités, elle se propage à merveille entre l’Arsenal et le pavillon général aux Giardini, sans parler de la kyrielle d’initiatives des galeries et des musées irriguant la Sérénissime, à visiter en marge des pavillons officiels.
Certaines artistes et quelques œuvres à voir à l’Arsenal
L’artiste afro-américaine Simone Leigh ouvre monumentalement le parcours de l’Arsenal, avec “Brick house” , une gigantesque sculpture sur la High Line de New York, qui raconte les femmes africaines, l’esclavage et l’identité culturelle. On retrouvera l’artiste au pavillon américain aux Giardini.
A proximité de Brick House, on admire les œuvres - des assemblages de grandes silhouettes expressives - de Belkis Ayon (1967-1999), artiste cubaine troublante et méconnue qui s'est intéressée à un autre héritage culturel, celui de la société secrète archaïque cubaine. A voir également, les sculptures modelées dans du sable issu d'exploitations gazières de Kapwani Kiwanga (née en 1978), artiste canadienne installée en France et omniprésente sur la scène de l'art contemporain.
Avec des images fortes, l’artiste polonaise Joanna Piotrowska parle de violence domestique et de recherche de refuge, alors que les œuvres de Kerstin Brätsch évoquent le processus alchimique cher au surréalisme, avec la céramique transformée en marbre. Vers la fin du parcours, le visiteur est immergé dans le monde post apocalyptique et privé d’humanité de l’artiste Sandra Mujinga.
Que voir aux Giardini, qui réunit la majorité des 80 pavillons nationaux de la Biennale
En se déplaçant vers deuxième lieu de la Biennale Arte 2022, dans les Giardini, on ne peut manquer de remarquer, en marchant vers le pavillon central, une immense œuvre de 15 x 4 mètres, réalisée par l'artiste thaïlandais Navin Rawanchaikul. Il s’agit d’un gigantesque diorama racontant le séjour de l'artiste à Venise, pendant la pandémie de Covid. Un voyage, que Rawanchaikul a imaginé comme une lettre à Marco Polo, dans lequel des personnes, des histoires, des vies de Vénitiens, d'immigrants et de voyageurs, sont immortalisées et racontées en détail. Une véritable fresque du caractère cosmopolite de la ville.
Notons également le pavillon américain, qui fait dans l’impressionnant. L’exposition « Sovereignty » de Simone Leigh (artiste que l’on retrouve également à l’Arsenal), dévoile des sculptures monumentales de femmes noires héritées de la tradition africaine.
L’artiste Sonia Boyce représentant la Grande-Bretagne, et met en musique un parcours rythmé par des chanteuses sur grands écrans.
La Portugaise Paula Rego compte parmi les créatrices confirmées. Elle occupe une salle entière du pavillon général des Giardini, avec ses grandes toiles de bambins et des sculptures un brin cauchemardesques dans ce monde enfantin.
Direction le pavillon de la Nouvelle-Zélande : l’artiste samoane Yuki Kihara expose son “Paradise Camp”, un travail dans lequel elle s’approprie l’œuvre de Paul Gauguin en Polynésie, mêlant l’histoire coloniale, politique et de lutte pour le climat.
Le pavillon français à la Biennale de Venise
Le pavillon français est occupé par l’artiste Zineb Sedira, née en 1963 en France, avant de grandir en Algérie et vivre en Angleterre où elle a étudié. Sa participation vénitienne « Les rêves n'ont pas de titre » consiste en une installation immersive, dans laquelle elle raconte ses souvenirs personnels pour évoquer le temps d'après la colonisation, à travers des vidéos, films et installations dans une ambiance de cinéma des années 1960. L’ambiance est musicale, on y danse aussi.
De l’Espace Louis-Vuitton Venezia avec Katherina Grosse au Palazzo Ducale et Anselm Kiefer
Une visite s’impose à l’Espace Louis-Vuitton, où au deuxième étage, l’artiste allemande Katherina Grosse a créé une atmosphère mystérieuse. Elle a transformé ses peintures en sculptures, ses toiles deviennent un objet immersif qui est exposé du sol au plafond, dans des drapés colorés. Et joue avec les illusions.
Au Palazzo Ducale, l’artiste allemand Anselm Kiefer (qui vit en France) confronte ses propres compositions aux fresques des maîtres du XVIe siècle, dans une installation site-specific composée de 33 toiles, qui ne peut que susciter la surprise ou tout du moins ne pas laisser indifférent.
Surréalisme et magie au Peggy Guggenheim
L'exposition (incontournable), et ouverte jusqu'au 26 septembre 2022, part de la collection personnelle de Peggy Gugghenheim, grande admiratrice du surréalisme, et l'élargit vers la magie, l'ésotérisme, la mythologie et l'occultisme, suivant Manifeste du surréalisme d'André Breton, avec qui elle entretenait une grande relation d'amitié. Parmi les artistes exposés figurent Max Ernst, Leonora Carrington, Salvador Dalí, Giorgio de Chirico, Paul Delvaux, Maya Deren, Óscar Domínguez, Leonor Fini, ou encore René Magritte, avec une centaine de toiles et sculptures.