L’Espagne continue de défier les pronostics. Alors que la guerre commerciale entre Washington et Bruxelles semblait annoncer des mois compliqués pour l’économie européenne, la Commission vient de revoir à la hausse ses prévisions… et place Madrid loin devant les autres grandes économies du continent. Un signal fort pour un pays dont le marché du travail, l’investissement et la demande interne résistent mieux qu’ailleurs.


Avec une croissance désormais estimée à 2,9 % en 2025, l’Espagne consolide son statut de locomotive de la zone euro. Un chiffre que le gouvernement devrait entériner mardi 18 novembre en Conseil des ministres, et qui relègue loin derrière les performances poussives de l’Allemagne (0,2 %), de la France (0,7 %) ou encore de l’Italie (0,4 %).
Pour Bruxelles, Madrid fait partie du cercle des pays capables de garder le cap malgré un climat international saturé de tensions commerciales. La demande intérieure continue de porter l’économie : d’un côté une consommation privée qui tient bon, de l’autre des investissements dopés par les fonds du Plan de relance européen. Une combinaison qui permet à l’Espagne de conserver une longueur d’avance sur ses voisins.
Croissance, emploi, déficit : l’Espagne confirme son rôle de locomotive en Europe
Immigration et emploi : les moteurs de la croissance espagnole

L’un des points que Bruxelles met le plus en avant, c’est la capacité de l’Espagne à créer de l’emploi, nettement supérieure à la moyenne européenne. L’afflux continu de travailleurs migrants — une réalité visible dans bien des quartiers où s’installent expatriés et nouveaux arrivants — alimente le marché du travail et la consommation.
Stigmatisation & discrimination en Espagne – Le voile invisible
Conséquence directe : le chômage, encore parmi les plus élevés de l’UE, pourrait enfin passer sous la barre des 10 % en 2026, une première depuis plus de dix ans. Mais la Commission tempère son enthousiasme : selon elle, si les flux migratoires venaient à ralentir, la machine espagnole pourrait perdre de sa vigueur. Un avertissement qui pourrait bien s’inviter dans les débats politiques des prochains mois.
L’Espagne stabilise ses prix et discipline ses comptes
L’autre bonne nouvelle vient des prix. Après deux années mouvementées, l’inflation se stabilise progressivement. À moyen terme, elle devrait revenir autour des 2 %, le niveau cible de la BCE. Un soulagement pour les ménages, et notamment pour les expatriés qui avaient vu leurs dépenses augmenter sensiblement dans les secteurs essentiels (alimentation, transports, énergie).
Pouvoir d’achat en Espagne : fragile progrès, fracture profonde
Autre particularité du moment : Madrid parvient à mieux tenir ses comptes publics que ses grands voisins. Le déficit devrait rester sous les 3 %, un seuil que ni la France ni l’Allemagne ne réussiront à atteindre cette année. La dette, elle aussi, poursuit lentement sa descente, même si elle reste à un niveau élevé.
Turbulences globales, stabilité locale
L’accord conclu cet été entre Washington et Bruxelles — assorti d’un droit de douane inédit de 15 % — a, paradoxalement, permis de ramener un peu de calme. Mais la Commission ne s’en cache pas : l’Europe reste fragile. Le commerce mondial tourne au ralenti, l’euro s’apprécie et les barrières se multiplient. Autant de vents contraires qui freinent les exportations.
Dans ce paysage, l’Espagne tire mieux son épingle du jeu : moins dépendante de l’industrie lourde que l’Allemagne et portée par un tourisme qui continue d’afficher des chiffres impressionnants, elle encaisse plus facilement les turbulences.
Ces prévisions ont donc valeur de signal. Elles dessinent une économie plus stable, créatrice d’emplois et portée par une croissance supérieure à celle de ses voisins. Reste à voir si l’Espagne saura transformer cette embellie en un cap durable.
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