En 2024, avoir un enfant en Espagne coûte en moyenne 758 euros par mois, soit 13 % de plus par rapport à 2022. Ce chiffre, dévoilé par l’étude “Le coût de l’éducation en Espagne 2024” de Save the Children, met en lumière une situation préoccupante pour de nombreuses familles. Derrière cette flambée des coûts, une coupable bien connue : l’inflation.
Être parent en Espagne aujourd’hui, ce n’est pas qu’un acte d’amour, c’est aussi une épreuve de plus en plus coûteuse pour le portefeuille. En 2024, avec une dépense moyenne de 758 euros par mois et par enfant, la parentalité devient un luxe sur fond d’inflation galopante. Pendant que la pauvreté infantile progresse et que les ménages accumulent les difficultés, une question reste sans réponse : l’Espagne peut-elle continuer à ignorer cette pression écrasante sur ses familles ?
Élever un enfant en Espagne : un luxe
C’est indéniable : avoir des enfants en Espagne, c’est comme signer un CDI avec l’inflation. Selon l’étude “Le coût de l’éducation en Espagne 2024”, les dépenses liées au logement ont explosé de 63 % depuis 2022, tandis que le prix de l’alimentation a grimpé de 26 %. Pour les familles, ces hausses ne sont pas qu’une ligne de plus dans leur budget : elles transforment la parentalité en une équation économique presque insoluble. À tel point qu’une famille sur deux consacre plus de la moitié de ses revenus à ses enfants. Une “inflation spécifique” supérieure à la moyenne nationale.
Et le poids financier devient d’autant plus lourd lorsque les enfants grandissent. Entre 0 et 3 ans, chaque enfant coûte en moyenne 609 euros par mois, l’équivalent d’une poussette dernier cri par trimestre. Le budget s’envole à 812 euros pour les 7-12 ans, avant de redescendre légèrement à 807 euros à l’adolescence. Si l'inflation frappe toutes les familles, le lieu où vous élevez vos enfants peut faire la différence… et rarement dans le bon sens. Les coûts liés à l’éducation varient selon les régions d’Espagne, reflétant les écarts dans le niveau de vie, l’accès aux services et, bien sûr, le prix de la vie locale.
La Catalogne, championne des dépenses familiales
L’étude révèle ainsi d’importantes disparités régionales. Si vous élevez vos bambins en Catalogne, préparez-vous à casser la tirelire. Avec un coût moyen de 938 euros par mois, la région décroche la médaille d’or des dépenses parentales. Et si vous avez des ados ? Mauvaise nouvelle : l’addition est encore plus salée, avec 993 euros.
Pas très loin derrière, la communauté de Madrid et le Pays basque rivalisent de chiffres impressionnants, avec des coûts supérieurs à 900 euros pour les âges les plus avancés. À l’inverse, l’Andalousie reste la région la plus abordable, avec un coût moyen de 570 euros pour les moins de 3 ans et de 776 euros pour les adolescents.
Malgré une amélioration globale des indicateurs de pauvreté en Espagne en 2023, les familles avec enfants font figure d’exception. La pauvreté infantile - une situation où les besoins fondamentaux des enfants ne sont pas satisfaits en raison de ressources financières insuffisantes dans leur foyer - a augmenté, passant de 27,8 % à 28,9 % en un an. Cette tendance est encore plus marquée pour les familles monoparentales, parmi lesquelles 50 % des 530.000 ménages sont en situation de risque.
Les factures, un fardeau croissant pour les familles
Mais qu’est-ce qui coûte le plus cher dans le budget des familles ? Réponse : les dépenses liées au logement (internet, électricité, factures, etc.). Elles ont connu une augmentation spectaculaire de 63 % depuis 2022 et de 153% depuis 2018. Des pourcentages qui laissent songeurs.
À la naissance d’un enfant, le surcoût moyen pour adapter l’espace domestique s’élève à 92 euros par mois, portant le total des charges liées au logement à 135 euros par enfant et par mois. Pire encore, 43 % des enfants vivent dans des foyers incapables de faire face à des dépenses imprévues, qu’il s’agisse de remplacer une machine à laver ou de régler une facture d’énergie exorbitante. Ce chiffre, en hausse de 4 points depuis 2022, illustre bien l’impact de l’inflation et du marché immobilier sur les ménages.
De l’amour, mais pas d’argent : quand la natalité en Espagne s’effondre
Dès lors, rien d’étonnant à ce que l’Espagne affiche l’un des taux de natalité les plus bas d’Europe (1,16 enfant par femme) et flirte dangereusement avec la ligne rouge démographique. Ce n’est pas que les Espagnols n’aiment pas les enfants, bien au contraire. Selon une enquête du Centre de Recherches Sociologiques, 20 % des femmes de plus de 40 ans avec enfants auraient voulu en avoir davantage, tandis que près de la moitié des femmes sans enfants auraient rêvé d’en avoir.
Mais les politiques familiales peinent à accompagner ce désir, et les parents se retrouvent souvent à jongler entre un portefeuille trop léger et des besoins trop lourds. Résultat ? Une société où les inégalités s’aggravent et où la baisse de la natalité menace de creuser des trous béants dans le tissu social et économique. Si rien n’est fait, l’Espagne pourrait devenir un pays où les enfants, ces “petits miracles”, deviennent aussi des “petits luxes” réservés à une élite. Car si remplir son cœur reste la priorité, il serait temps de faire en sorte que cela ne vide pas aussi les portefeuilles.
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