Jeudi au sein de l'Ecole diplomatique de Madrid, à l'occasion de la VIe Conférence internationale Femmes et Diplomatie organisée par Mujeres Avenir en collaboration avec le ministère espagnol des Affaires étrangères, et à l'approche de la Journée internationale de la femme, l'association féministe d'amitié hispano-française a distingué la journaliste et activiste mexicaine exilée en Espagne, Lydia Cacho.
Comme d'acoutumée, la remise du Prix Mujeres Avenir s'est déroulée dans le cadre d'une conférence regroupant l'univers diplomatique et les ambassadrices de nombreux pays actuellement en poste à Madrid, reflet de la portée universelle et internationale du message de l'association, mais aussi de son rayonnement au-delà de la sphère d'influence franco-espagnole.
Devant l'Ambassadeur de France en Espagne, avec la participation de la Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Ángeles Moreno Bau, la conférence s'est articulée autour du 7e Objectif de développement durable des Nations unies -garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable- abordé depuis une perspective de genre et traité par les représentantes à Madrid des ambassades du Maroc, du Canada, du Sénégal et du Guatemala, tandis que la Française Michèle Ramis, haute fonctionnaire en charge de l'égalité des droits pour le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, a présenté les grandes lignes de la diplomatie féministe française.
?Ayer en la VIª Conferencia Mujer y Diplomacia, organizada por @MujeresAvenir
— Mujeres Avenir (@MujeresAvenir) March 3, 2023
y @MAECgob
???? Gracias Embajadoras por sus brillantes aportaciones en torno a la mujer y el #CambioClimatico
Y a @lydiacachosi por su emotivo discurso al recibir el #premiomujeresavenir2023 ? pic.twitter.com/sbpTq6nhbp
Tandis qu'ONU Femmes, l'entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, développe depuis un an désormais une campagne intitulée "L'égalité des sexes aujourd'hui pour un avenir durable", "la reconnaissance de la contribution des femmes et des jeunes filles du monde entier, qui en grande mesure sont celles qui mènent la lutte contre le changement climatique, l'effort d'adaptation et de mitigation de son impact, pour construire un monde plus durable pour tous", est essentielle, non seulement parce qu'elles "promeuvent ainsi l'égalité de genre", mais encore parce qu'elles participent "dans un contexte de crise climatique, à la réduction des risques et des désastres, face à l'un des principaux défis du 21e siècle", comme l'a souligné la Présidente fondatrice de l'association, Maria Luisa de Contes, en introduction des débats.
?️@MicheleRamis: “?? ha hecho de la igualdad de género una de las prioridades de su acción exterior, lo que se tradujo, desde 2019, en la adopción de una diplomacia feminista”.
— La France en Espagne ???? (@france_espagne) March 2, 2023
En la VIª Conferencia «Mujer y Diplomacia» en @esc_espana pic.twitter.com/rQAk3rQsBL
Face aux effets d'une sècheresse sans précédent, "les femmes, souvent actives dans le secteur informel, restent invisibles" a pourtant regretté Karima Benyaich, Ambassadrice du Maroc, pour qui "la promotion des droits de la femme est la pierre angulaire de la construction d'une société démocratique moderne et participative".
Si "la promotion de l'égalité de genre est une priorité" pour Mohammed VI, la question est également pregnante au Sénégal, où "les femmes, afin d'améliorer leur condition, se constituent en force de changement au sein de nos communautés, obtenant des résultats sur de petits projets qui mis à bout, ont un impact important pour l'ensemble du pays". Alors que le Plan Sénégal Emergent a pour vocation de positionner le pays face aux changements climatiques, "le gouvernement a lancé un Plan d'action dont l'objectif est d'augmenter la présence des femmes dans le secteur énergétique", a souligné Mariame Sy, ambassadrice en Espagne.
Même préocupation de l'autre côté du globe, car c'est sur les bords de l'Artique, dans la partie nord du Canada, que les effets du changement climatiques sont peut être les plus visibles et où les populations locales, majoritairement indigènes -1,8 millions de personnes- souffrent le plus de cette situation. Dont les femmes, évidemment, comme l'a rappelé Wendy Drukier, l'ambassadrice en poste à Madrid, qui a souligné l'importance, elle aussi, de favoriser la transformation de la branche énergétique, évoquant des initiatives telles que la campagne Equal by 30, qui favorise le leadership des femmes dans les entreprises du secteur.
Pour Mónica Bolaños Pérez enfin, Ambassadrice du Guatemala, suite aux effets du changement climatique, beaucoup d'hommes sont contraints d'émigrer, laissant les femmes à la charge de l'économie familiale, alors qu'ils assumaient traditionnellement ce rôle. "De façon générale, les femmes et les jeunes filles souffrent plus des effets du changement climatique, du fait de leur plus grande exposition à la pauvreté, mais aussi du fait des normes culturelles et des rôles qui leurs sont réservés dans la société".
Comme l'évoque Rebeca Avila, la Présidente exécutive de Mujeres Avenir, "le changement climatique et la dégradation de l'environnement impacte non seulement la biodiversité, mais accentue aussi les inégalités, fragilisant la cohésion sociale et le bien-être global et constituant une menace existencielle mondiale".
Comme chaque année la conférence a été l'occasion de remettre le Prix Mujeres Avenir. C'est la Mexicaine Lydia Cacho qui a reçu la reconnaissance de l'association d'amitié hispano-française, pour son travail d'investigation journalistique, avec une fermeté certaine à l'heure de dénoncer les féminicides commis dans son pays, mais aussi pour son engagement contre la traite et l'esclavagisme des femmes du monde entier, ou encore la création du Centre Intégral d'Attention à la Femme, au Mexique, un refuge à destination des victimes.
Rebondissant sur la thématique développée au cours de la conférence, Lydia Cacho a estimé que les négationnistes du changement climatique se retrouvaient généralement aussi dans la négation des droits de la femme, incarnant "deux contre-valeurs de cette société". L'optimisme a néanmoins marqué le discours de la lauréate. "Il y a 35 ans, j'ai décidé de devenir une journaliste d'investigation, quand toute la société cantonnait les femmes journalistes à la presse people", s'est-elle souvenu. "Je suis extrêmement heureuse de pouvoir assister à une conférence de ce niveau, où la tribune est 100% féminine", a-t-elle poursuivi, "nous devons célébrer les avancées réalisées, qui étaient impensables il y a quelques années encore".