Cet entrepreneur français pas comme les autres habite Madrid depuis 30 ans. Passionné de musique et de rock en particulier, il vit depuis ses 20 ans au gré de nombreux projets baignés de musique. Son podcast La Voix des Sillons est un bijou de culture et de passion musicale, et offre des chroniques pleines d’humour et d’anecdotes sur celles et ceux qui font la musique et nous la font aimer. Il vient de publier son premier roman, "Ça arrive à tout le monde" : des personnages comme sortis d’un conte de fée, et un pied de nez à la morosité ambiante. Mais il n'y a pas que la culture, et vous verrez : Frédéric Terrien a beaucoup de choses à dire sur son expérience en Espagne, qui devraient vous parler.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Alors, avant de venir en Espagne je vivais à Paris depuis quatre ans, bien qu’en réalité je sois Nantais, d’origine et de cœur, du reste quand j’étais gamin, j’ai joué au FC Nantes, malheureusement pas assez longtemps pour avoir mon nom écrit dans le dos. Aujourd’hui, j’ai 58 ans, je vis à Madrid depuis 1992, soit depuis plus longtemps qu’en France, et j’ai une fille de 28 ans, née ici.
Pourquoi êtes-vous venu vivre en Espagne et dans quelles circonstances ?
Pourquoi l’Espagne ? Ce n’était pas prémédité, en fait j’ai été démarché par un head hunter alors que je bossais dans une boîte de Minitel, oui oui entre autres les fameuses messageries roses, pour développer au sein d’une société espagnole son activité vidéotex, soit le pendant espagnol du Minitel français. On était en 1992, les J.O. de Barcelone allaient commencer, l’Expo universelle de Séville battait son plein et Madrid était capitale culturelle européenne depuis le 1er janvier, en gros l’Espagne était omniprésente dans les médias, le pays était perçu comme une sorte d’El Dorado où tout était possible. J’ai donc dit oui à l’offre de travail, et pendant deux mois, je prenais le métro à Paris en écoutant des leçons d’espagnol sur mon walkman, une autre époque.
Les gens n'ont pas cet air renfrogné des Parisiens et sont infiniment moins vindicatifs, ils assument les grandes mutations sociales sans déclencher l’Armageddon à chaque fois
Pourquoi être resté si longtemps ?
Le syndrome "Spain is wonderful", déclinable dans toutes les langues ! Au départ je m’étais fixé un an ou deux, avant de revenir en France. Puis comme beaucoup de Français qui un jour déboulent en Espagne, que ce soit en tant qu’expat, débauché par une société espagnole ou pour se lancer à l’aventure, j’ai succombé au fameux syndrome, même si tout n’est pas "wonderful", je précise. On parle de deux pays latins frères, dans le sens où les deux peuples, leurs institutions, leurs traditions et leur culture se ressemblent beaucoup sur plein d’aspects, le truc c’est qu’ici il fait beau, on a dix degrés de plus, les gens n'ont pas cet air renfrogné des Parisiens et sont infiniment moins vindicatifs, ils assument les grandes mutations sociales sans déclencher l’Armageddon à chaque fois. Même s’ils parlent fort et gesticulent beaucoup, ils n’en sont pas moins reposants.
Aujourd’hui Madrid est une ville magnifique qui rivalise sur bien des points avec d’autres capitales européennes
Quels changements avez-vous noté en 30 ans ?
Alors, ce n’est pas compliqué, tout a changé, en mieux. Les infrastructures routières, les transports publics, l’administration, les services aux personnes, l’enseignement universitaire, le niveau professionnel des jeunes, la productivité, l’offre culturelle, la propreté, l’état des parcs et des jardins, les façades des immeubles, aujourd’hui Madrid est une ville magnifique qui rivalise sur bien des points avec d’autres capitales européennes.
LinkedIn, ce réseau royaume de la "fake attitude" et de la flagornerie servile
Quel parcours avez-vous eu en tant qu’entrepreneur ?
Ouh là ! Alors, en 30 ans ici j’ai fait beaucoup de choses et lancé pas mal de sociétés. Certaines aventures ont été créditées d’un vrai succès, d’autres autant les oublier, car contrairement à ce qui est dit et répété sur LinkedIn, vous savez ce réseau royaume de la "fake attitude" et de la flagornerie servile, il n’est pas sûr qu’on apprenne de ses erreurs. J’ai fait du marketing pour un système de base de données sous OS Pick, vendu des tatouages anti-vol pour ordinateurs portables, fait du bartering publicitaire, puis j’ai été associé au sein de l’une des plus grosses sociétés de contenus pour mobiles, vendue en 2005 à un grand groupe français, monté yes.fm, la première plateforme de musique en streaming légale d’Espagne, avant Spotify, revendue en 2012 au Grupo Prisa, imaginé la première solution de paiement mobile dès 2013, projet avorté faute d’obtenir à temps de la Banque d’Espagne la licence d’Entité de Monnaie Électronique demandée 4 ans auparavant, vendu à Amazon des tas de choses improbables au sein de l’un de leurs plus gros resellers, et diverses autres activités aujourd’hui abandonnées.
"Ça arrive à tout le monde" c’est vraiment une histoire qui ne peut arriver à personne
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’écriture et qu’est-ce qui vous a inspiré "Ça arrive à tout le monde" ?
En fait à un moment donné dans ma vie, tout s’est aligné pour que je me lance. Je venais de sortir de la dernière société dans laquelle j’étais encore associé, j'avais également mis fin à une relation sentimentale, et peu de temps auparavant, je venais d’en finir avec un défi complètement crétin que je m’étais fixé 4 ans auparavant, celui d’alimenter au quotidien, en espagnol, un blog de musique, ma passion, à raison d’un post par jour sur un groupe ou artiste différent, durant 1.000 jours d’affilée. Et puis, depuis très jeune l’écriture m’attirait, alors un matin je me suis décidé, j’ai commencé à coucher sur papier une histoire qui me trottait dans la tête depuis longtemps, l’histoire que j’aurais aimé vivre tandis qu’il ne m’arrivait rien. En fait, "Ça arrive à tout le monde" c’est vraiment une histoire qui ne peut arriver à personne, ce qui est grave ballot vu que c’est pile celle qu’on aimerait tous vivre, celle d’une rencontre improbable, aigre-douce, farfelue et pleine d’imprévus, entre deux âmes un peu paumées à la naïveté gauche. Le récit est tendre, drôle et représente une vraie bouffée d’air vivifiante. Et puis pour les lecteurs qui aiment la musique, le livre a sa propre bande-son, avec des chansons qui accompagnent les deux protagonistes tout au long du récit. Chacune d’elles est écoutable sur le site du livre, www.caarriveatoutlemonde.com. Le roman est sorti en librairie le 5 mai.
Vous travaillez sur un nouveau livre ?
Disons que la suite de "Ça arrive à tout le monde" est déjà écrite, j’attends juste de voir ce qui se passe avec le premier. En attendant, je continue avec une nouvelle aventure musicale, cette fois en français et en audio, avec le podcast La Voix des Sillons, sous la forme de chroniques musicales sur celles et ceux qui font la musique et nous la font aimer, d’Edith Piaf à New Order, en passant par Les Chœurs de l’Armée Rouge, les Strokes ou Bob Marley.
Synopsis :
Un matin, Denis heurte Sophie dans la rue, télescopage fortuit, échange de regards, deux secondes où tout est possible. Mais non, chacun continue son chemin, passer à autre chose, comme toujours.
Le soir même, le hasard des numéros les fait se partager une somme astronomique, indécente, qui leur fait tourner la tête.
Alors, ces deux âmes un peu perdues à la naïveté gauche se mettent en marche et partent à la recherche l’un de l’autre, dans une quête vivifiante, aigre-douce et farfelue.
Un récit drôle, aux accents ironiques et parfois dramatiques, sur l’amour et les jeux du hasard.
"Ça arrive à tout le monde", le premier roman de Frédéric Terrien, en librairie depuis le 5 mai.