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10 écrivains étrangers et 12 œuvres indissociables de l’Espagne

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tirée du domaine public
Écrit par Kristen Collie
Publié le 22 juillet 2020, mis à jour le 23 mai 2024

Le pays de Cervantès est un des épicentres européens de la littérature. Selon la période ou le contexte, de son "siècle d’or" (XVIIe siècle), en passant par la guerre civile espagnole (1936-1939), de nombreux écrivains étrangers y ont trouvé "refuge" ou se sont imprégnés de sa culture et de sa littérature comme sources d’inspiration. Hemingway, Victor Hugo, Albert Camus, Orwell... sont autant d'artistes dont le parcours littéraire traduit ce rapport singulier à l’Espagne.

 


- Pierre Corneille (1606-1684, France) :

Son œuvre principale, "Le Cid" (1637), est une tragi-comédie se déroulant dans l’Espagne du XIe siècle, retraçant l’iconique querelle entre Don Rodrigue et Don Sanche, jeunes seigneurs de la cour de Ferdinand Ier (roi de Castille en 1033), tous deux épris de Dona Chimène. Un conseiller à la cour des comptes de Rouen, Rodrigue de Chalon, issu d'une famille espagnole, aurait initié Corneille à la langue et la littérature espagnole. Sa vie vouée au théâtre, une autre pièce, la comédie "Don Sanche d’Aragon" (1650) illustre son rapport singulier avec le pays de Cervantès, dont il est quasiment le contemporain.

 


- Victor Hugo (1802-1885, France) :

Le monstre sacré de la littérature française. Son lien avec l’Espagne, remonte à son père, Léopold, général dans l’armée napoléonienne lors de la campagne d’Espagne (1808-1809). Le temps réel que Victor Hugo a passé en Espagne est sans commune mesure avec l’espace qu’elle occupe en lui. Plusieurs courts séjours ont suffi pour que l’auteur des "Misérables" (1862) tombe amoureux du pays. Le poème "L’Art d’être grand-père" (1855) en est le parfait témoignage :
 
Dans cette Espagne que j’aime,
Au point du jour, au printemps,
Quand je n’existais pas même,
Pepita –j’avais huit ans–
 
Me disait : –Fils, je me nomme
Pepa ; mon père est marquis.–
Moi, je me croyais un homme,
Étant en pays conquis.

 


- Prosper Mérimée (1803-1870, France) :

Plus que l’écrivain, c’est son œuvre "Carmen" (1847) qui est indissociable de l’Espagne. Cette nouvelle a lieu en Andalousie et met en scène deux protagonistes à évidentes consonances espagnoles. Facile de lecture et grand classique de la littérature française, il n’est pas rare de voir les étudiants espagnols apprendre le français à travers l’œuvre de Mérimée.  

 


- George Sand (1804-1876, France) :

De son vrai nom Aurore Dupin baronne Dudevant, elle est l’une des plus illustres auteures de la littérature française, à une période où les plumes de Victor Hugo et Alexandre Dumas illuminaient le XIXe siècle. Lors de l’hiver 1838-1839 elle vécut avec son compagnon de l’époque, le pianiste virtuose Frédéric Chopin, à Majorque. Une expérience traumatisante qui aura valu à Sand de prononcer ces mots : "L’Espagne est une odieuse nation !" dans son célèbre récit autobiographique, "Un hiver à Majorque" paru en 1842.

 


- Hans Christian Andersen (1805-1875, Danemark) :

L’auteur danois, célèbre pour ses contes et notamment son œuvre adaptée par Disney, "La Petite Sirène" (1837), fut aussi ignoré et tourné en dérision dans son propre pays, qu’adulé et idolâtré à travers l’Europe et notamment l’Espagne. Une statue de l’écrivain scandinave a d’ailleurs été érigée à Malaga. Un honneur reflétant à la perfection certains de ses moments passés en Andalousie pendant les premiers jours d'octobre 1862 et qu'il a recueilli dans son récit "Voyage". Captivé par la beauté de Malaga, par la mer, sa lumière et ses habitants, Andersen a écrit que "nulle part ailleurs en Espagne je ne suis parvenu à me sentir aussi heureux et à l'aise qu'à Malaga".

 


- Ernest Hemingway (1899-1961, Etats-Unis) :

Prix Pulitzer en 1953, Prix Nobel de littérature en 1954, l’un des plus grands romanciers américain a toujours eu un rapport particulier avec l’Espagne. Un pays qu’il a découvert en 1923 et dont les Sanfermines de Pampelune lui ont inspiré le thème de son premier roman "Le soleil se lève aussi". Il est, en parallèle, certainement le correspondant de guerre le plus renommé de la guerre civile espagnole. "Desde el hotel Gran Via Ernest Hemingway escribió en 1936 sus mejores cronicas sobre la guerra civil espanola" (Depuis cet hôtel, Ernest Hemingway a écrit en 1936 ses meilleures chroniques sur la guerre civile espagnole), rappelle une plaque sur la façade de l’hôtel Tryp Gran Via à Madrid. L’épilogue de ce passage d’Hemingway lors de la guerre d’Espagne donne en 1940 un roman, "Pour qui sonne le glas" où l’auteur et journaliste émérite retrace ce passage où une offensive républicaine vers Ségovie a pour mission de faire sauter un pont afin d’empêcher les troupes franquistes d'envoyer des renforts. Un de ses nombreux classiques.

 


- André Malraux (1901-1976, France) :

A l’instar d’Hemingway ou d’Orwell, l’écrivain français et figure emblématique du gaullisme s’est lui aussi rendu sur le front de la guerre civile espagnole, pour une "raison morale" : porter secours à "ses camarades". Ainsi, il servit la cause républicaine en tant que mercenaire où il créa l’escadrille "España" qui devint rapidement l’escadrille "A. Malraux". Suite à l’épilogue de cette guerre d’Espagne, l’auteur se mue en réalisateur pour tourner "L’Espoir" en 1939 (inspiré du livre éponyme publié en 1937), revenant sur cet important chapitre de sa vie.

 

 
- George Orwell (1903-1950, Grande-Bretagne) :

Un écrivain "empreint d’Espagne" affirment les journaux britanniques. De son vrai nom, Eric Arthur Blair, l’auteur anglais a lui aussi immortalisé la guerre civile espagnole par ses écrits, à la différence qu’il en était un acteur. Son "mémoire" de la guerre civile, écrit à la première personne, "Hommage à la Catalogne" (1938), retrace son engagement durant la guerre d’Espagne où il se bat en Catalogne et dans la région d’Aragon de décembre 1936 jusqu'en juin 1937. Son best-seller "1984", dystopie grandement inspirée des Etats totalitaires, dont celui du régime franquiste, témoigne de l’influence qu’a exercée l’Espagne dans son parcours littéraire.

 


- Albert Camus (1913-1960, France) :

"C'est en Espagne que ma génération a appris que l'on peut avoir raison et être vaincu, que la force peut détruire l'âme et que, parfois, le courage n'obtient pas de récompense. C'est, sans aucun doute, ce qui explique pourquoi tant d'hommes à travers le monde considèrent le drame espagnol comme étant une tragédie personnelle, la dernière grande cause". Le pied-noir, né en Algérie et prix Nobel de littérature en 1957 a l’Espagne dans le sang… au sens propre comme au figuré, de par sa mère, d’origine majorquine, et de ses prises de position audacieuses contre le franquisme. Le rapport de Camus à son pays maternel fait d’ailleurs l’objet d’un livre : "Albert Camus ou l’Espagne exaltée", de Javier Figuero.


 
 
- Mario Vargas Llosa (né en 1936, Pérou) :

Lauréat du Prix Nobel de littérature en 2010, l’écrivain péruvien est indissociable de l’Espagne. Preuve en est, il a même obtenu la nationalité espagnole en 1993 et a été récompensé par le Prix Prince des Asturies en 1986 et le Prix Cervantès en 1994. Candidat à l’élection présidentielle péruvienne en 1990 à la tête du Fredemo (Front démocratique), il échoue au second tour face à Alberto Fujimori. Suite à cette défaite il s’installe à Madrid. Récemment, il est surtout connu pour sa prise de position contre l’indépendance catalane. Un soutien sans faille, illustré par un discours suivant le référendum de 2017 : "La démocratie espagnole est là et bien là, aucune conjuration indépendantiste ne la détruira", arguait-il à Barcelone. Si ses romans ont souvent pour scenario son Pérou natal ou d'autres régions du globe sans relation directe avec l'Espagne, on retiendra sa thèse "Gabriel García Márquez, histoire d'un déicide", soutenue à l'Université Complutense de Madrid.

 

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