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Le débat pour la création d’une armée européenne se poursuit

Drapeaux des pays membres de l'UEDrapeaux des pays membres de l'UE
Écrit par Lili Auriat
Publié le 9 septembre 2021

Les débats sur la création d’une « armée européenne » ont repris jeudi 2 septembre à l’occasion d’une réunion des ministres de la Défense de l'Union européenne en Slovénie.

 

L’évacuation des civils européens à Kaboul a de nouveau montré les faiblesses logistiques de l’UE en termes de défense, celle-ci ayant dû compter massivement sur l'appui aérien des États-Unis. Le Haut représentant de l'UE aux affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a ainsi déclaré que « nos retards en matière d'autonomie stratégique ont un coût et que la seule manière de progresser est de combiner nos forces et de renforcer non seulement nos capacités, mais aussi notre volonté d'agir ».

Une nouvelle réunion de défense devrait avoir lieu le 16 novembre prochain et Josep Borrell espère obtenir, à l’issue de celle-ci, un accord des États membres sur la création d’une force européenne de 5000 hommes. Il pourra compter sur le soutien d’Emmanuel Macron et du Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, fervents défenseurs d’une « Europe de la défense », avec une plus grande « autonomie stratégique » vis à vis des intervention extérieures, capable d’assumer la « responsabilité de sa sécurité et de sa défense », comme ils le déclaraient dans un communiqué commun le 30 août dernier.

 

Quelles sont les faiblesses des défenses européennes actuelles ?

Aujourd’hui, l’Europe manque d’équipements stratégiques permettant notamment le déplacement rapide d’Hommes ou de matériel. Afin de rendre plus efficace et plus pertinent le déploiement de troupes, l’Europe pourrait également user d’équipements satellites capables d'assurer le renseignement, la surveillance et la reconnaissance.

Les budgets européens de défense sont un autre frein à l’efficacité des interventions. En effet, au sein de l’OTAN seulement 9 des 28 pays membres ont atteint cette année l'objectif de dépenses de 2 % du PIB. Même l’Allemagne, première économie européenne, n’y a consacré que 1,53 % de son PIB.

Actuellement, 24 pays européens sont membres de l’OTAN et dépendent donc de cet organisme pour leur défense. Une armée de l’UE ne remettrait pas en cause l’importance de cette alliance militaire, cependant, plusieurs pays européens constatent qu’ils n’ont aucune « autonomie stratégique ». Le député européen et journaliste français Bernard Guetta explique ainsi que le continent européen ne doit pas tout attendre des États-Unis, et qu’il est indispensable qu’il puisse réagir face aux conflits qui le touche. La crise de la Crimée et la guerre du Donbass en 2014 ont par exemple réanimé des tensions entre l’Ukraine et la Russie, qui concernent donc directement l’Europe et qui sont toujours d’actualité. Le député considère qu’il n’est pas souhaitable pour l’UE de laisser les États-Unis en charge du règlement des conflits et de la paix en Europe. Cependant, une défense européenne « crédible » ne pourrait pas se faire du jour au lendemain et prendrait au minimum 15 ans à mettre en place.

 

Un débat qui n’en est pas à son coup d’essai

L’idée d’une défense collective européenne est émise depuis la fin de la guerre froide, et le débat a presque abouti à plusieurs reprises. Dès 1998, le président français Jacques Chirac et le Premier ministre britannique Tony Blair déclaraient "[L'UE] doit avoir la capacité de mener des actions autonomes, soutenues par des forces militaires crédibles". En 2007, un « groupement tactique » de 1 500 hommes issus de l'ensemble des pays membres a été mis en place. Mais cette défense européenne rencontre d’importants obstacles, autant diplomatiques que logistiques.

 

Un projet illusoire ?

Ce projet de “groupement tactique” reste pourtant inabouti depuis une dizaine d'années, témoignant d’un certain manque de volonté parmi les États membres de l’UE. L’instauration d’une armée européenne demanderait l’unanimité des États et un abandon de souveraineté auquel personne ne consent.

Les visions de cette coopération divergent également, particulièrement au sujet d’une alliance avec la Russie, soutenue par l’Allemagne mais refusée par les pays baltes. Certains pays, dont l’Allemagne, estiment ainsi qu’il est « illusoire » que les Européens puissent remplacer les Etats Unis dans son rôle sécuritaire majeur.

 

Quelle coalition possible ?

Une véritable « armée européenne » paraît donc hors de portée pour le moment. Mais Annegret Kramp-Karrenbauer, Ministre de la Défense allemande, a proposé jeudi dans un tweet, la création "d’une coalition de pays volontaires" qui pourrait permettre de gérer de futures crises. Cela permettrait non seulement de contourner la majorité, voire l’unanimité, nécessaire au déclenchement d’actions militaires, mais également de rallier le Royaume Uni à ce projet, même après le Brexit. En effet, avec le plus gros budget de défense du continent, la participation du Royaume Uni semble indispensable si l’Europe souhaite un jour pouvoir égaler les forces de l’OTAN.

 

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