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Scandale à Buckingham : Edouard VIII ou la chute sans fin d’un roi

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Pawel Furman - Unsplash
Écrit par Colin Porhel
Publié le 9 février 2021

Polémique en vue pour Sa Majesté ? Selon une enquête menée par le journal The Guardian, la reine Elisabeth II aurait réussi à faire pression sur le gouvernement britannique pour qu’il ajuste une loi lui permettant de dissimuler sa richesse aux Britanniques. Mais bien qu’embarrassante, la révélation ne semble être qu’une affaire de plus dans la longue liste des secrets de la Couronne. Les scandales de la famille royale, chapitre un.

 

L’histoire qui va suivre semble être tout droit sortie d’un scénario imaginé par les plus grands maîtres du cinéma. Pourtant, la vie d’Edouard VIII n’a rien d’une fiction. Adulé puis renié par tout un pays, l’oncle d’Elisabeth II reste, plus de 40 ans après sa mort, l’un des personnages les plus célèbres de l’Histoire britannique.

 

Un héritier courtisé…

Fils du roi George V et de la reine Mary, le petit David naît un jour d’été en 1894. Vite rebaptisé Edouard, le jeune homme devient, dès l’âge de 15 ans, le prince héritier du Royaume-Uni. Un statut qu’il gardera pendant plus de 25 ans, jusqu’à la mort de son père en 1936.

Sans réelles capacités intellectuelles, il parvient néanmoins à intégrer le Magdalen College d’Oxford, l’un des plus prestigieux établissements du pays. Mais davantage intéressé par le monde militaire, le futur roi n’obtient pas de diplôme et décide finalement de s’engager dans l’armée. Et à l’aube de la Première Guerre mondiale, le voilà membre des Grenadier Guards, prêt à prendre part au conflit pour défendre son pays. Une aspiration patriotique vite mise à mal par le secrétaire d’Etat à la Guerre, Lord Kitchener, qui refuse de le laisser partir au front, évoquant les terribles conséquences que produirait la capture du prince héritier.

Loin de se décourager, Edouard se rend alors régulièrement sur les champs de bataille pour soutenir les soldats britanniques. Jusqu’ici peu connu du grand public, il devient très populaire après la guerre auprès des vétérans du royaume. Une renommée grandissante, qui s’intensifie encore dans les années 1920 grâce à son élégance naturelle et son statut de célibataire. Dans son livre The Abdication : Twenty-five Years After, Lewis Broad le décrit même à l’époque comme « la personnalité la plus photographiée au monde ».

 

…mais un roi éphémère

Très médiatisé, Edouard n’est cependant pas apprécié de la famille royale, qui n’en fait pas son favori pour la succession du trône. Sa réputation de Don Juan agace ses parents, qui voient en leur fils un homme capable de ternir le prestige de la Couronne.

Déjà mauvaise, la relation entre Edouard et son père se détériore au début de l’histoire d’amour entre le prince héritier et Wallis Simpson. Cette dernière, encore mariée à l’homme d’affaires américano-britannique, Ernest Simpson, n’est pas la bienvenue dans la famille. Mais malgré les réticences de Sa Majesté, les deux jeunes gens deviennent des amants réguliers.

Devenu roi à la mort de son père en janvier 1936, Edouard se fait remarquer dès son couronnement en s’affichant au côté de Wallis Simpson, toujours officiellement en couple avec son mari. Si celle-ci ne demande le divorce que plusieurs mois après, les deux amoureux ne se privent pas pour passer tout leur temps libre ensemble. Une complicité qui se concrétise dès le mois de novembre, par le souhait du nouveau roi d’épouser sa dulcinée dès la séparation avec Ernest Simpson prononcée. Une requête immédiatement refusée par le Premier ministre de l’époque, Stanley Badwin, pour qui cette union mettait à mal les principes moraux édictés par l’Eglise d’Angleterre. Le camouflet de trop pour Edouard VIII, qui choisit d’abdiquer le 11 décembre 1936, moins d’un an après son accession au trône.

 

Une abdication inédite

Plus de 80 ans avant le prince Harry, un autre membre de la famille royale renonçait donc à son titre royal. Honnête, le désormais ancien roi annonce dès le lendemain et en personne, sa décision aux Britanniques. Depuis un salon du château de Windsor, il justifie son choix par l’impossibilité « de remplir les devoirs qui [lui] incombent en tant que roi, sans l'aide et le secours de la femme qu’[il] aime ».

La population du royaume et de l’Empire reste stupéfaite. Il s’agit là de la première abdication volontaire de l’Histoire d’un membre de la famille royale. Mais au-delà de la renonciation, c’est la raison de celle-ci qui choque les Britanniques : une relation avec une femme mariée. Conspué par tout un peuple qui l’accuse de l’avoir abandonné, Edouard se réfugie le lendemain en Autriche, tandis que son frère, George VI, lui succède sur le trône.

 

Edouard VIII, de paria à traître

Malgré son abdication, Edouard VIII reste un personnage important de la vie publique internationale. Toujours accompagné de Wallis Simpson, le désormais Duc de Windsor rend visite, dès 1937, à celui qui fera trembler la terre entière deux ans plus tard : Adolf Hitler. Photographié à de nombreuses reprises alors qu’il effectue le salut nazi, il est alors soupçonné de vouloir se rapprocher de l’Allemagne par opportunisme politique. De nombreux historiens, à l’image de Philip Ziegler, appuient aujourd’hui cette théorie en suggérant que « Le führer » avait pour ambition de replacer Edouard au centre de la famille royale, dans le but de faire du Royaume-Uni un pays fasciste.

Loin de constituer une franche réussite, le plan va se solder par un échec. La faute aux services secrets britanniques qui, inquiets de la tournure prise par les évènements, parviennent à capturer Edouard VIII quelques mois après le début de la guerre. De retour en Grande-Bretagne après un passage à Lisbonne, il est fait gouverneur général des Bahamas, un poste qui l’éloigne du conflit européen. Il y reste finalement jusqu’à sa démission en 1945.

La paix rétablie, il décide de terminer sa vie en France, dans sa résidence parisienne. Il y meurt 32 ans plus tard, suivi par sa femme en 1986. Les deux époux reposent désormais côte à côte dans le cimetière royal de Frogmore.

 

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