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Les relations franco-anglaises : Victoria, l’authentique francophile

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Wikimedia Commons
Écrit par Maud Finance
Publié le 2 février 2021, mis à jour le 5 février 2021

Nous disons souvent de la France et de l’Angleterre que nous sommes « les meilleurs ennemis ». Mais connaissez-vous vraiment le pourquoi du comment ? Je t’aime moi non plus, chapitre deux.

La reine Victoria monta sur le trône d’Angleterre plusieurs années après la bataille de Waterloo en 1815, qui opposait (once again !) les français et nos chers anglais (pour rappel, ce fut une défaite cuisante du côté français). Autant vous dire que les relations entre les deux pays voisins n’étaient encore une fois pas au beau fixe en ce temps là, après une longue guerre qui dura cent ans, ou presque. Ce fut pourtant bel et bien le règne de Victoria qui renoua définitivement les relations franco-anglaises, enterrant (presque pour de bon) la hache de guerre. Retour sur la résurgence de cette amitié.

 

Pourquoi une telle volonté de réconciliation ?

La reine Victoria est une francophile née. Ses parents l’ont élevé en lui apprenant l’Histoire de France, et en lui faisant lire les tragédies de Racine. Elle est également connue comme étant une souveraine très ouverte d’esprit et en avance sur son temps (les anglais, eux, laissaient une chance aux héritiers de sexe féminin). Elle s’intéresse donc grandement aux relations internationales qu’entretient son pays, notamment avec l’Hexagone.

 

Victoria et le roi Louis-Philippe Ier, le renouement

Sa volonté de tisser des liens d’amitié entre les deux pays, elle l’illustre rapidement en faisant de la Normandie son premier voyage à l’étranger. À ce moment-là, cela fait plus de trois siècles qu’aucun souverain anglais n’est venu sur le sol français. C’est dire à quel point ce voyage est symbolique !

Victoria met donc un point d’honneur à renouer avec son homologue Louis-Philippe. En Normandie, elle est accueillie avec chaleur et convivialité, ce qui la charme profondément. Quelques années plus tard, c’est au tour du roi Louis-Philippe de se rendre en Angleterre, ce qui fait de lui le premier monarque français à visiter l’île.

Suite à ces échanges, nous parlerons même de première entente cordiale entre la France et l’Angleterre, une alliance historique pour des ennemis de toujours (un peu comme une réconciliation entre deux ex-amants, si vous préférez). Louis-Philippe est même décoré par la reine qui le sacre Chevalier de l’Ordre de la Jarretière, la plus haute distinction britannique ! What an honor !

Mais les Français, en tant que bons révolutionnaires, poussent leur roi hors du trône lors de la révolution de 1848. Il fuit alors en Angleterre, dans le château de Claremont, mis à sa disposition par la reine Victoria, sa nouvelle alliée.

 

Victoria et Napoléon III, la séduction

Victoria et Napoléon, ce n’était pas vraiment bien parti. Fidèle à la famille de Louis-Philippe d’Orléans, la reine et son époux Albert étaient quelque peu méfiants vis-à-vis du nouvel empereur français. Chez les Anglais, on ne retourne pas sa veste si facilement !

Cependant, en 1853, Victoria décide de s’allier aux côtés de la France pendant la guerre de Crimée. Dans ce contexte, l’empereur Napoléon se rend au château de Windsor, accompagné de son épouse Eugénie, et rencontre le couple royal. Lors de cette visite, Napoléon III charme la reine et son époux par sa sensibilité et son charisme : voilà qu’à nouveau, l’entente entre les deux pays qui semblait s’essouffler, repart plus forte encore (ouf, nous l’avons échappé belle !).

Mais la concrétisation de cette entente se produit bel et bien en France. Le 18 aout 1855, la reine se rend à Paris, pour l’exposition universelle. Pour l’occasion, Napoléon III lui sort le grand jeu : il prépare entre autres les appartements de son château à Saint-Cloud rénovés au style anglais.

Pour parfaire le séjour, à Versailles, dans le majestueux château du Roi Soleil, Napoléon organise une grande réception, chose qui n’avait plus été faite depuis le règne de Louis XIV ! Dans les jardins du merveilleux palais, le bouquet final : une grande toile peinte révèle le château de Windsor, au milieu des feux d’artifices. Napoléon III n’a pas fait les choses à moitié !

Mais le clou du spectacle est, selon moi, le souhait profond de la reine en visite à la capitale : se recueillir sur le tombeau de Napoléon Ier, à qui elle voue une sincère admiration. Ainsi, avec pour fond musical God Save the Queen, Napoléon III et la reine Victoria se rendent ensemble à l’hôtel des Invalides, littéralement bras dessus-bras dessous.

Dans son journal, la reine écrit les mots suivants concernant son séjour en France :

« C’est comme un rêve si merveilleux que je ne puis y croire… que je suis heureuse que l’empereur m’ait le premier rendu visite. J’ai reçu en France une telle hospitalité que je ne saurais à cette heure comment m’y prendre pour y répondre convenablement. »

De cette manière, elle marque la fin de l’inimitié entre les deux nations.

 

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