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Vivre avec le Covid-19 : le pari fou de Boris Johnson et Sajid Javid

Deux dés venant d'être jetés lors d'un pariDeux dés venant d'être jetés lors d'un pari
Edge2edge - Media - Unsplash
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 6 juillet 2021, mis à jour le 7 juillet 2021

Nous y voilà. Après plus d'un an d'alternance entre confinements, restrictions diverses et relaxes, le premier ministre se rend : il faudra désormais vivre avec le Covid, plutôt que le combattre.

 

Si près du but !

Les chiffres de la vaccination sont bons et progressent encore, y compris chez les jeunes. Le nombre de cas quotidiens a, certes, augmenté drastiquement, mais le pays a su démontrer d’une capacité d’abnégation typique des britanniques. Un succès parachevé de l’immunisation aurait ainsi pu intervenir dans les prochaines semaines, une attente longue, mais qui n’aurait représenté que la dernière ligne droite d’une série d’efforts entrepris par le Royaume tout entier pour protéger au mieux sa population.

Il est difficile de percevoir quelles leçons nous tirerons si tôt de cette conjoncture. L’exécutif souhaite lever toutes les restrictions au 19 juillet alors même que le nombre de cas positifs quotidien pourrait exploser cet été. Si l’exécutif avait déjà vu fuiter des documents énonçant des propositions pour vivre avec le coronavirus, personne ne s’attendait à un revirement de situation si soudain.

Liberté retrouvée, à quel prix ?

Le 19 juillet marquera donc bel et bien le retour à la normale intitulé « Freedom Day », comme le souhaite un Sajid Javid tout fraîchement nommé. Celui-ci justifie un tel choix par un nombre de décès au point mort depuis un certain temps.

Le ministre a souhaité expliquer sa différence de positionnement avec son prédécesseur, en arguant que « nous serons en meilleure santé ainsi ». Une référence claire à la santé mentale de la population, qui, comme partout ailleurs, a souffert des impacts démontrés de l’isolement et d’un système socio-économique moderne essoufflé.

Le parti travailliste a pourtant révélé le constat édifiant du nombre de lits du NHS réservé aux problèmes de santé mentale, en chute libre sur la dernière décennie, tandis que les problèmes de financement et de rémunération de l’organisme sont toujours épinglés.

Qui plus est, si les injections de vaccins aident à pallier une augmentation de la mortalité liée au coronavirus, l’hiver approche et les variants se multiplient sans que l’on en connaisse les effets à l’avance. Un nombre non négligeable de patients préalablement infectés ont par ailleurs rapporté ne jamais s’être complètement remis de la maladie, voire avoir développé une forme longue.

Ces incertitudes, la pression qui pèsera peut-être à nouveau sur le NHS, ainsi que la responsabilisation tacite des citoyens qui découle d’un tel choix ne seront sûrement pas non plus sans effets psychologiques sur les habitants de l’archipel.

Les faits, rien que les faits : une époque révolue (à nouveau)

Ainsi, le choix de la liberté et du retour à la (sur)consommation transparaît clairement, aux dépens du bien-être sanitaire de la population. Le tout, dans un contexte de propagation de la pathologie hautement plus virulente, du fait des propriétés maintenant bien connues du variant Delta.

 

Ce n’est pourtant pas la première fois qu’une décision de la sorte, jugée hâtive et contradictoire par les autorités scientifiques, est prise par ces politiciens et la population en avait déjà fait les frais. Immunité collective promue initialement, fermeture des frontières tardives lors de l’apparition du variant indien, confinements survenus au dernier moment… Semblant apprendre de ses possibles erreurs, le gouvernement avait plus tard indiqué vouloir désormais se fier « aux chiffres, pas aux dates ».

Mais lorsque le nouveau secrétaire d’Etat s’attèle de nouveau à recommander une approche du virus comparable à celle que nous avons de la grippe, nous assistons à un véritable rétropédalage venu contredire cet état d’esprit affiché autrefois.