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Les robes de mariée noires dans le Glasgow du XIXème siècle

Un couple de mariés Un couple de mariés
Hisu Lee - Unsplash
Écrit par Ines Tancrede
Publié le 27 juin 2021, mis à jour le 28 juin 2021

Jadis à Glasgow, il n'était pas étonnant d’apercevoir des mariées tout de noir vêtues ! Bel et bien différentes des traditionnelles robes blanches, Mesdames les Glasgowiennes en ce XIXème siècle affirmaient leur appartenance à la confession protestante, et ce, en réaction au changement démographique d’une population irlandaise grandissante.

Notre rédaction s’est donc intéressée aux évolutions des habitudes du mariage protestant dans le Glasgow du XIXème siècle tout en s’interrogeant comparativement aux rites catholiques souvent considérés comme universels.

 

L’étonnante anecdote des mariées Glasgowiennes protestantes tout de noir vêtues

Friande de découvrir Glasgow, que rêver de mieux qu’une visite guidée par un interlocuteur originaire de la ville et y ayant vécu depuis sa tendre enfance. Il me témoigne que, naguère, à l’occasion du mariage, il était de coutume dans les familles écossaises protestantes d’acheter 50 yards de tissus noirs au Merchant City.

Je fus ébaubie face à cette histoire qui contredit la traditionnelle robe blanche portée en Europe. Je m’interrogea donc sur les raisons de cette distinction de couleur, ce qui devrait également vous mettre la puce à l’oreille chers amis lecteurs, puisqu’instinctivement la couleur noire à un mariage me semble non-conventionnelle.

 

Kezako la robe de mariée blanche ?

Stupéfaites vous êtes Mesdames puisqu’en réalité toutes les robes de mariée ne sont donc pas blanches ! Aviez-vous déjà pensé que la couleur de la robe pouvait ne pas être associée à un choix esthétique déterminé selon les goûts, la morphologie ou bien le teint de la mariée, au détriment d’une coutume ?

Le blanc est adopté par la majeure partie du monde occidental, et pour cause : l’influence de l’Eglise catholique durant la période de l’Empire romain (27 avant JC - 476 après JC). La promise revêtit une robe blanche et arbora une couronne de fleurs d’oranger. Chaque couleur a donc une signification, tel que le bleu symbole de fidélité, le blanc de pureté, ou bien le jaune d’optimisme.

Encore de nos jours, certaines coutumes seraient enclines à orienter nos décisions. Au même titre que d’autres principes inhérents au mariage catholique tels que les alliances ou bien le bouquet, chaque religion ou partie du globe semble avoir ses propres conventions sociales. Vous ne serez donc plus étonnées d’entr’apercevoir des mariées chinoises revêtues du traditionnel han et hanfu de couleur rouge symboles de bonheur, passion et longévité.

Les rites d’un mariage ne sont, en réalité, pas aussi universels qu’on ne le pense ! Elucidons ensemble les raisons ayant motivées les protestantes à distinguer la couleur de leur robe de mariée de celle des catholiques.

 

Le contexte démographique du Glasgow du XIXème siècle

Depuis la Réforme calviniste du XVIème siècle, le catholicisme avait quasiment disparu du territoire écossais. Alors, majoritairement peuplé par des protestants, le contexte démographique de Glasgow est bousculé par la vague migratoire irlandaise des années 1830. D’où les tensions entre les deux communautés religieuses : Glasgowiens protestants vs Irlandais catholiques.

 

L’Ecosse devint une terre d’accueil de migrants irlandais dans les années 1830

Les écossais protestants s’opposaient farouchement à l’immigration irlandaise d’où le terme de “papistes” qu’ils utilisèrent pour désigner les catholiques qui, contrairement à eux, reconnaissaient l’autorité du Pape dans le domaine doctrinal et liturgique.

Deux raisons socio-économiques se dessinent et motivent ce flux d’immigration. Côté Glasgow, un manque de main d'œuvre se creuse face à la rapide croissance industrielle. Côté Irlande, la misère agricole frappe son économie car la production agricole de ses terres s’effondre. Anecdote pas banale et non des moindres, la prolifération du champignon dénommé le mildiou, est une cause majeure de la chute de 90% de la production de sa fameuse pomme de terre. Alors désireux de quitter leur terre natale plongée dans la misère, 400 000 irlandais catholiques en quête d’emplois arrivent à Glasgow en 1870 alors deuxième ville industrielle de l’Empire britannique.

 

Les tensions religieuses de l’époque

Dans le Glasgow post-vague migratoire, les tensions étaient telles que la population protestante de changer la couleur des robes de mariée afin d’affirmer son affiliation antérieure au territoire écossais, sa non-appartenance à la confession catholique rivale ainsi que son refus de reconnaissance du Pape.

Ces gentes dames Glasgowiennes en ce XIXème siècle n’étaient donc pas vêtues de blanc comme ce fut le cas avant cette vague migratoire. Elles ne souhaitaient surtout pas être assimilées à de potentielles émigrées irlandaises catholiques.

 

Pourtant catalysée par une question simple concernant la signification de la couleur noire des robes de mariée, cette anecdote déroutante aura permis de révéler les tensions religieuses et les évolutions du contexte démographique de Glasgow au cours du XIXème siècle.

Nul doute, chers lecteurs, que les robes de mariée n’ont décidément plus de secret pour vous, quelles que soient leurs couleurs, vous saurez à merveille décrypter les raisons historiques et esthétiques sous-jacentes !