Nous assistions ces derniers jours à des scènes de chaos en Irlande du Nord, des évènements ravivant de douloureux souvenirs que beaucoup pensaient appartenir au passé.
De violentes émeutes sont en effet venues perturber le week-end pascal, provoquant plusieurs dizaines de blessés dans le rang des policiers. Les villes de Derry, Belfast et Newtownabbey sont les théâtres de jets de briques, bouteilles et cocktails Molotov depuis maintenant une semaine dans la nation du Royaume-Uni.
Un contexte instable
Le vendredi 2 avril signait pourtant le 23ème anniversaire de l’accord de paix qui mit un terme à la guerre civile en Irlande du Nord, un conflit long de 30 années. L’opposition se fait entre les unionistes d’une part, attachés au maintien de leur position au sein du Royaume-Uni ; et les nationalistes d’autre part, fervents défenseurs d’une Irlande réunifiée.
Aussi, cela fait maintenant quelques années que le parti unioniste est en crise : en 2017, ils perdaient leur majorité à l’Assemblée régionale de Stormont, puis, en 2019, ce sont des députés nationalistes qui occupent la plupart des sièges nord-irlandais à Westminster.
Le Brexit met le feu aux poudres
Le Brexit vient lui aussi raviver des tensions vieilles de plusieurs années. Bien que le pays ait voté à 56% contre la sortie de l’Union Européenne, étant partie intégrante du Royaume-Uni, les nord-irlandais ont été contraints et forcés de divorcer, eux aussi.
Les unionistes, majoritairement favorables au Brexit, n’ont pour autant pas accepté l’accord trouvé entre l’UE et la Grande Bretagne concernant l’instauration d’une frontière maritime afin d’éviter le retour d’une séparation terrestre entre la province britannique et la République d’Irlande, membre de l’UE.
Cette frontière sous-marine impose en effet des contrôles supplémentaires dans les ports nord-irlandais, provoquant des retards ou des pertes. Mais bien au-delà des problèmes logistiques, c’est symboliquement que la pilule a du mal à passer. Cette nouvelle démarcation apparait comme une attaque à leur identité britannique et une étape de plus vers une Irlande réunifiée. C’est donc un profond sentiment de trahison qui anime les unionistes nord-irlandais.
La crise sanitaire en rajoute une couche
Dans une atmosphère déjà oppressante, l’escalade se poursuit à la suite d’un scandale politique. En juin 2020, lors de l’enterrement d’un ancien chef de renseignement de l’IRA, 24 élus du parti républicain irlandais rendaient hommage au défunt, sans masque, passant outre les restrictions sanitaires dans un pays encore confiné. Quelques mois plus tard, faute d’éléments concrets, les charges contre les élus sont abandonnées : la goutte de trop pour les unionistes pro-britanniques.
Le Premier ministre Boris Johnson a condamné la nouvelle vague de violence de la semaine dernière, et tweetait « la façon de résoudre les différends, c’est par le dialogue et non la violence ou la criminalité ».
Simon Coveney, ministre des Affaires étrangères irlandais, a également déclaré que « cela devait cesser avant que quelqu’un ne soit tué ou gravement blessé ».
La tension est donc palpable dans une nation britannique profondément divisée par deux idéologies politiques.
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