Depuis plusieurs années, les associations caritatives, les syndicats et les organisations de femmes alertent sur ce problème que constitue la précarité menstruelle. Plusieurs pays ont imaginé des initiatives pour remédier à cela, mais l’Ecosse est le premier pays à voter une loi qui rend l’accès aux protections hygiéniques gratuit.
Tous les mois, les filles et les femmes sont dans l’obligation de se procurer des protections hygiéniques pour continuer de vivre « normalement » malgré leurs règles. Or, les produits menstruels représentent un véritable coût estimé en moyenne à £13 par mois par Women for Independence. Un luxe que beaucoup de femmes ne peuvent pas se permettre. En effet, une femme sur cinq se retrouve dans l’incapacité de se procurer ces produits nécessaires à sa santé physique et morale, et à la poursuite de son éducation ou de son travail. Les femmes en viennent même à utiliser du papier journal, du papier toilette, ou des serviettes de table. A ce problème pécuniaire vient se greffer l’embarras que ressentent ces femmes, annihilant leur venue au lycée ou à l’université. Enfin, pour les sans-abri, c’est non seulement une question d’embarras mais surtout une problématique sanitaire.
Une décision politique « historique » en Ecosse
Monica Lennon est partie de ce constat il y a quatre ans pour lancer sa campagne en faveur de la gratuité des protections hygiéniques. La porte-parole du Labour écossais à la santé et au sport s’est donc félicitée mardi de l’adoption à l’unanimité du texte de loi qui rend les produits menstruels gratuits en Ecosse. Sa campagne avait été soutenue par les associations, syndicats et organisations. Nicola Sturgeon, Première ministre de la nation écossaise, a affirmé qu’il était question d’une « mesure importante pour les filles et les femmes ». Depuis 2018 déjà, l’Ecosse avait rendu les protections hygiéniques gratuites pour les filles dans les écoles ainsi que dans les universités et plusieurs établissements publics en avaient mis à disposition dans leurs toilettes. Mais cette décision politique est véritablement « historique ».
La mesure était pourtant critiquée, particulièrement en raison de son coût qui est estimé à plus de huit millions de livres. Ceci explique que la campagne de Monica Lennon ait duré plus de quatre ans.
Des expérimentations en Angleterre et en France
Depuis janvier 2020 en Angleterre, des protections hygiéniques ont commencé à être distribuées gratuitement dans les écoles et universités. Le but visé est de s’attaquer à la précarité menstruelle et de briser les tabous autour des menstruations. Pendant la crise sanitaire et les confinements, les besoins n’ont fait qu’augmenter, d’autant plus que la fermeture des établissements scolaires a rendu encore plus difficile l’accès aux protections pour les jeunes filles. Les associations ont pointé du doigt un besoin cinq fois plus important pendant le premier confinement de printemps.
En France, un dispositif similaire a été instauré en septembre 2020. Les protections hygiéniques sont désormais accessibles gratuitement dans les collèges, lycées et universités. Par ailleurs, des produits sont distribués aux détenues, aux femmes en situation de précarité et aux sans-abri.
L’association Une Couverture Pour l’Hiver, qui vient en aide aux personnes sans-abri à Paris témoigne : « C’est peu à peu mis en place mais c’est encore très timide. Auprès des sans-abri, nous côtoyons ce problème tout le temps ; ce n’est pas normal de devoir choisir entre manger et se protéger. L’achat de protections hygiéniques est un coût endossé par les femmes uniquement mais pour le confort de toute la société, et l’Etat devrait agir. Ce qui est très positif en revanche est que l’on remarque une prise de conscience générale ».
Une autre solution est de baisser la taxe sur les produits hygiéniques. En effet, dans certains pays, la « taxe tampon » s’élève jusqu’à 20%. En France, celle-ci a été abaissée à 5,5% depuis 2016, ce qui correspond au taux des produits dits de première nécessité, comme les préservatifs ou les produits alimentaires.
La précarité menstruelle demeure donc un problème sanitaire, humanitaire et social significatif des deux côtés de la Manche, mais cette avancée en Ecosse laisse entendre que la prise de conscience évolue. L’Ecosse pourrait même devenir un exemple à suivre pour les autres pays.
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