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L'école comme d’habitude au Lycée International Winston Churchill

Ecole à distance au lycée churchill londresEcole à distance au lycée churchill londres
Écrit par Lycée International Winston Churchill
Publié le 28 mars 2020, mis à jour le 30 mars 2020

24 heures après l’annonce de la fermeture des établissements français à Londres, tous les élèves et les professeurs du Lycée International de Londres Winston Churchill se sont retrouvés comme d’habitude à 8h30, mais dans des classes virtuelles en visioconférence.

 

Dès le premier jour, tous les cours ont été assurés normalement. Un tour de force rendu possible grâce à des outils pédagogiques modernes utilisés par le Lycée depuis son ouverture il y a cinq ans. Nous avons interrogé la Proviseur Mireille Rabaté, à distance évidemment, pour qu’elle nous en dise plus sur cette transition, réalisée tout en douceur.

Mireille Rabaté, à vous écouter, tout s’est mis en place quasi naturellement. Expliquez-nous comment cela est possible ?

Les enfants sont partis de l’école le lundi soir et le mardi matin à 8h30 ils se sont retrouvés dans des classes virtuelles, exactement comme d’habitude, avec l’emploi du temps habituel et les mêmes professeurs. Nous n’avons en fait pas perdu une seule heure de cours et il n’y a pas eu tellement de questions car tous les élèves sont habitués à utiliser les outils numériques.

Est-ce une première ?

Nous avons déjà expérimenté cet apprentissage à distance par le passé. En 2015, une élève partie en vacances avec ses parents a été bloquée à l’étranger pendant six semaines pour un problème de passeport, mais elle a continué de suivre les cours grâce à l’iPad d’une camarade. Concrètement, il y avait 24 élèves dans la classe, plus une à l’autre bout du monde, connectée en « live » grâce une tablette numérique.

A plus grande échelle, lorsque notre établissement accueille en fin d’année les épreuves du baccalauréat et du brevet, nous ne pouvons pas ouvrir l’école ‘physiquement’ pour les autres élèves. Nous leur délivrons donc tous les cours à distance, comme aujourd’hui, afin de maintenir une continuité pédagogique. Avec ce dispositif, nous avons déjà été nommés deux fois pour des prix dans des compétitions éducatives internationales, dont les International School Awards. Et des chefs d’établissements français nous visitent régulièrement, car ils sont tentés de dupliquer notre modèle.

Le modèle est donc bien en place, mais vous ne pouviez pas imaginer le généraliser sur plusieurs mois ?

Absolument. Nous regrettons que cela se passe dans de telles conditions. Nous avions été ravis de l’expérimenter pour le bien des élèves dans des cas très précis, mais là, la situation est particulière, inédite, imprévisible et même inimaginable. Depuis le début, le projet pédagogique a été créé pour répondre aux challenges du 21ème siècle. L’idée est de faire en sorte que l’école utilise les manières et les outils modernes pour travailler, pour penser, réfléchir, collaborer…

Comment ce travailler à distance est-il vécu ?

Ma réponse va peut-être vous étonner. Finalement, c’est beaucoup de travail pour tout le monde, sauf pour les parents ! Ils sont très satisfaits de constater la facilité avec laquelle la transition s’est faite, et surtout de voir comment les enfants sont autonomes et concentrés. Les parents n’ont pas à faire la classe à la maison et peuvent eux aussi continuer de travailler à leur domicile. Une maman me confiait que la seule chose qui a réellement changé pour elle est de devoir aussi cuisiner le midi pour nourrir la famille. Le reste de la journée elle ne voit pas ses enfants. Chacun reste dans son espace de travail.

D’autres parents m’ont aussi dit être impressionnés de voir les enfants aussi bien de débrouiller pour apprendre, dialoguer, collaborer avec les autres. C’est un vrai succès. Pour les plus petits, des créneaux spécifiques ont été mis en place afin d’assurer un équilibre entre travail sur les écrans, activités physiques ou récréatives. D’ailleurs, lorsque vient l’heure des cours d’EPS, il n’est pas rare que des sessions soient aussi suivies par les parents en manque d’exercice.

 

Ecole à distance lycée churchill londres

Les professeurs ont dû aussi vite s’adapter…

Oui, et cela leur demande beaucoup de travail. Il a fallu effectivement une cohésion et un dévouement de l’équipe absolument exceptionnel. Mais ils se sont bien adaptés. C’est une preuve supplémentaire de leur qualité de pédagogues et de créativité… Comme l’école, ils sont outstanding ! Je profite de l’occasion pour leur tirer un grand coup de chapeau. D’ailleurs notre équipe administrative est dans le même cas, nous avons appris à tout le monde à travailler dans le ‘cloud’. Si tout le personnel a été renvoyé chez soi, chacun est au travail.

Ce n’est pas difficile d’entretenir le lien lorsque personne ne se croise dans les couloirs ?

Il faut beaucoup de communication avec les équipes. Nous continuons toutes nos réunions. Nous sommes en train de tenir les conseils de classes le soir via notre plateforme internet, en visioconférence. Tout continue comme avant, simplement nous avons changé la matérialité de l’école. Et cela demande des ajustements, des échanges réguliers. Mais cela n’a pas posé de problèmes techniques, puisque nous sommes rôdés. Nous faisons cela depuis cinq ans, donc nous avons beaucoup d’avance dans ce domaine.

Et qu’en est-il des cellules bien-être et orientation si utiles pour les enfants ?

Les cellules well-being et orientation, qui sont là pour guider les enfants, répondre à leurs questions, sont toujours opérationnelles, elles aussi. Vous l’imaginez, l’orientation génère beaucoup d’anxiété, car les examens britanniques ont été supprimés et on ne sait pas encore ce qui va advenir du bac. Donc il faut gérer cette anxiété, tout comme l’isolement social. La cellule well-being a fort à faire pour proposer pro-activement des séances de relaxation, de méditation… et aussi aider les élèves lors d’entretiens individuels. Nous proposons la même chose aussi pour le personnel.

Des professeurs qui se retrouvent à faire la classe, seul, dans leur salon…

C'est en effet un grand changement. Mais ils ne sont pas seuls. Ils s’organisent ! Des enseignants ont même créé des espaces de sociabilité virtuels pour le personnel. Ils peuvent se retrouver de 10h à 10h30 pour boire un café avec les autres (virtuellement) ou à 12h30 pour partager leur déjeuner, à distance. Ils sont chez eux, mais en compagnie de leurs collègues. Une belle initiative. Les élèves ont fait de même. Vendredi soir ils ont prévu une séance de cinéma collaborative. Une ‘Netflix party’ ouverte à tous.

Le Lycée International de Londres Winston Churchill est décidément une terre d’initiatives…

Oui et nous pouvons être tous très fiers du résultat. Ici finalement, c’est un peu comme un jardin. Si vous mettez le terreau de la créativité et de la collaboration et que vous entretenez méticuleusement votre jardin pendant cinq ans, un jour quelque chose se passe et lorsqu’on on a besoin d’idées, elles fleurissent. Une belle image, surtout au printemps. La vie de l’établissement continue et s’enrichit, la communauté de l'école est plus solidaire et soudée que jamais.

Laurent Colin 

 

 

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