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NUMÉRIQUE - 165 chefs d’établissements français en visite au Lycée Churchill de Londres

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Le Lycée International Winston Churchill a ouvert ses portes dans la capitale britannique en septembre 2015. Il est déjà considéré comme l'un des fleurons de l'enseignement français à l'étranger. Il accueille aujourd'hui près de 730 élèves et dans le secondaire tous sont équipés d'iPad. L'enseignement repose donc en partie sur l'utilisation des outils numériques, mais pas seulement. Quels sont les avantages... ou les écueils à éviter ? C'est ce qu'est venue récemment découvrir une délégation de 165 chefs d'établissements. 

Avant les vacances de février, 165 dirigeants d'établissements scolaires français ont fait le déplacement à Londres pour découvrir comment fonctionne le nouveau Lycée InternationalWinston Churchill, entré de plain-pied dans l'ère du numérique. Grâce à ses équipements, l'établissement préfigure peut-être le modèle adopté par la majorité des collèges et lycées de demain. Les élèves du secondaire disposent chacun d'une tablette numérique prêtée pour l'année et peuvent aussi s'en servir à la maison pour faire leurs devoirs. 110 bornes wifi sont réparties dans les locaux pour apporter le haut débit dans toutes les salles de classe, équipées également de vidéoprojecteurs. Si les enfants ont accès à une bibliothèque classique, une version numérique leur permet aussi de trouver plus de 1400 livres et ressources en ligne, en soirée et même le week-end. Une porte ouverte en permanence sur le « savoir ». 

Une équipe dirigeante convaincue... et convaincante 

Avant de visiter les locaux et d'aller à la rencontre des élèves et des professeurs, les visiteurs du jour se sont vu rappeler les objectifs et enjeux d'une telle configuration. Mireille Rabaté (proviseur), Julien Astruc (directeur de la recherche académique et innovation) et Sami Lamrani (responsable du département IT et systèmes) ont notamment insisté sur plusieurs points cruciaux ; ne plus se contenter de délivrer le savoir avec un modèle descendant, mais au contraire permettre d'apprendre en faisant, en manipulant, en expérimentant ; promouvoir la diversité des talents et ne plus faire émerger uniquement les meilleurs ; fournir aux élèves des outils pour réussir, pour avancer à leur vitesse et à leur manière ; les aider à développer leur créativité et leur confiance en soi et, enfin, améliorer l'efficacité du temps passé en classe. Pour Mireille Rabaté, le changement a été phénoménal ces dernières années. « Il y a 13 ans , explique-t-elle, il n'y avait pas encore d'iPhone ou d'iPad. Donc, il est impossible de prédire à quoi seront confrontés les enfants qui entrent aujourd'hui en maternelle et qui passeront leur bac en 2028. Mais notre devoir est de les préparer. Conserver les anciennes recettes ne suffit pas . » 

 

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Un accès aux nouvelles technologies qui posent néanmoins questions... 

Lors de cette présentation, les parents d'élèves ont pu exprimer leurs réticences au démarrage pour un mode d'apprentissage bien éloigné de leurs acquis. Ils mentionnent, par exemple, la crainte de voir leurs enfants passer toute la journée devant un écran et l'impact que cela peut avoir sur leur sommeil ; la perte potentielle de la grammaire et de l'orthographe ; la peur que la tablette et le stylet empêchent d'apprendre à écrire correctement ; la difficulté à archiver les cours, les exercices et à manier toutes les applications ; l'impossibilité de contrôler le temps d'utilisation et le manque de frontière entre le travail et le jeu. Autant de questions prises en compte par le staff de l'établissement qui inscrit la sécurité et la formation au c?ur du dispositif. Ainsi, en début d'année, les iPad sont livrés aux familles, entièrement configurés, avec les applications installées (elles sont plus de 90 à être actuellement utilisées par les professeurs de l'établissement). Tous les mercredis, une permanence est assurée au lycée, de 8 h 30 à 10 h, afin de former les parents, de leur délivrer les bons conseils et d'apporter des réponses « techniques ». Pour les rassurer et protéger les enfants des « mauvais contenus », un puissant filtre web a été installé (Google safe), comme un outil de gestion permettant de contrôler les tablettes individuellement (Sophos). L'utilisation de tous les iPad peut ainsi être suivie à distance et le contrôle parental peut être activé à la maison. Les jeux ne sont pas autorisés sur les ipad, leur contenu est régulièrement contrôlé par le service informatique de l'établissement. Enfin, des cours spécifiques sont donnés pour former ces nouveaux « cybercitoyens », éveiller leur sens critique, les aider à trouver les bonnes informations, leur apprendre à vérifier et à croiser les sources, les aviser sur les droits d'auteur et la propriété intellectuelle. 

 

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Des enfants et des professeurs qui vivent avec leur temps ! 

Dans les classes, l'ambiance est à la fois studieuse et ludique. La tablette a remplacé l'ardoise d'autrefois. Dans le cours de SVT, les élèves dessinent sur leur iPad la structure du globe terrestre. Leurs dessins sont projetés au tableau via un système Airplay. Le professeur commente et corrige en direct chaque proposition. En espagnol, un texte rempli de fautes est projeté sur un tableau blanc que les élèves s'activent à corriger oralement. La classe de maths ressemble à un mini-atelier. Selon le modèle de la « classe inversée », le cours a été envoyé la veille aux élèves. Ils ont pu le consulter sur leur tablette et la séance est consacrée aux exercices. « C'est bien , explique un élève, on peut revoir la vidéo du cours autant de fois qu'on veut et passer plus de temps sur les exercices... ». Le professeur explique que grâce à la tablette, elle organise des quiz et des mini-challenges en classe pour motiver les élèves et voir instantanément ceux qui répondent le plus vite. Elle précise enfin que les enfants ont aussi un cahier d'exercices et que le numérique n'a bien sûr pas tout remplacé. Cela reste un outil au service d'une pédagogie active, maîtrisé par les professeurs formés avant même leur arrivée dans l'établissement. 

Des chefs d'établissements conquis 

« Le fait que nous soyons très opérationnels et mûrs par rapport au projet a impressionné les visiteurs qui commencent à développer le numérique chez eux , confie Julien Astruc. Pour Etienne Roulleaux Dugage, Directeur de St-Vincent Providence à Rennes, « tout est transposable dans son établissement ». Il voit à terme la fin des manuels scolaires et se pose la question du lobbying des éditeurs. En matière de prix, il faut préciser que l'achat d'un iPad est équivalent à trois séries de livres scolaires. Patricia Garnier, Directrice de l'école Le Bon Sauveur au Vésinet dans les Yvelines, souligne l'épanouissement, la prise d'autonomie et la créativité des élèves. « Le numérique est complémentaire des outils classiques. Mais avant de faire la bascule, il nous faudra réaliser un état des lieux du réseau technique, veiller à former et fédérer les enseignants pour qu'ils s'approprient les outils, cela un an avant de les fournir aux élèves. L'autre challenge est de convaincre les parents et de les former à leur tour pour qu'ils puissent bien accompagner leurs enfants à la maison. » 

Laurent Colin (www.lepetitjournal.com/londres), le 21 mars 2017

Lycée international Winston Churchill bilingue Londres
Publié le 21 mars 2017, mis à jour le 12 février 2019
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