Édition internationale

L’action politique différemment appréciée des deux côtés de la Manche

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Brett Jordan - Unsplash
Écrit par Colin Porhel
Publié le 25 février 2021, mis à jour le 26 février 2021

Le Centre d'étude de la vie politique (Cevipof) de Sciences-Po réalise chaque année une enquête sur la confiance des citoyens vis-à-vis de l'action politique. Le dernier baromètre en date, publié le 22 février dernier, révèle une méfiance grandissante des Français à l’égard des institutions. Au Royaume-Uni, les citoyens semblent plus confiants.

 

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont interrogé plusieurs milliers de Français, de Britanniques, mais aussi d’Italiens et d’Allemands sur des thèmes portants fortement la marque de la pandémie de Covid-19. Dans la majorité des réponses données, les sujets de Sa Majesté apparaissent plus optimistes que leurs voisins manchois.

 

Les Britanniques « plus sereins et moins las »

Parmi les questions posées par les enquêteurs figure notamment celle de l’état d’esprit actuel des citoyens. En France, 41 % des sondés affirment en premier lieu éprouver de la lassitude, et 34 % de la morosité. A titre de comparaison, ces taux atteignent 31 % et 16 % au Royaume-Uni. Malgré le manque de visibilité depuis le Brexit, les ressortissants de Grande-Bretagne ont également moins peur de l’avenir (10 % contre 14 %) et paraissent plus sereins (42 % contre 15 %) que leurs voisins français.

Une différence qui peut s’expliquer par les évènements récents. Si la Grande-Bretagne commence à apercevoir la lumière au bout du tunnel quant à la crise du coronavirus, de l’autre côté de la Manche, les bars et restaurants restent dans l’attente de l’annonce d’une date de réouverture. Le pays commence à reconfiner certaines régions, et plus de 31 000 nouveaux cas de contamination ont été recensés mercredi, un chiffre qui n’avait plus été atteint depuis le mois de novembre dernier.

Mais, au-delà du contexte sanitaire actuel, la France doit faire face, depuis plus de deux ans, à des crises à répétition. Entre décembre 2019 et février 2020, les manifestations contre la réforme des retraites ont pris la suite du mouvement des gilets jaunes, avant de se faire rattraper par le cataclysme engendré par le Covid-19. Des moments délicats à gérer pour le gouvernement, largement chahuté par des citoyens éreintés.

 

Une défiance moins importante au Royaume-Uni

À la question : « Quand vous pensez à la politique, pouvez-vous me dire ce que vous éprouvez d’abord ? », 77 % des Français répondent par un mot négatif. Celui qui revient le plus souvent est la méfiance, cité dans 39 % des cas, suivi par le dégout (23% des cas). Seulement 4 % des sondés ont pour première réponse le respect. En Grande-Bretagne, les sentiments semblent bien plus mesurés. Si 30 % des Britanniques disent se montrer méfiants vis-à-vis de la politique, seulement 11 % disent en ressentir du dégout. Près de 19 % donnent même pour première réponse « de l’intérêt », contre seulement 10 % en France.

Cette forte disparité s’explique notamment par la différence de mentalité entre les deux pays. Bien que critiques de leurs gouvernants, les sujets de Sa Majesté leur restent fidèles. Une particularité que ne partagent pas les Français, qui n’hésitent pas à manifester leur colère quand bon leur semble. Par ailleurs, le système politique au Royaume-Uni, très décentralisé, permet une proximité certaine entre le pouvoir politique et les citoyens, un contact qui n’existe que trop peu en Hexagone. Les parlements écossais, gallois et nord-irlandais possèdent un vrai pouvoir de décision, contrairement aux régions en France.

Une défiance face au système qui se retrouve dans le domaine scientifique. Seulement 49 % des Français envisagent de se faire vacciner contre le Covid-19, un taux bien en deçà du chiffre de 80 % relevé en Grande-Bretagne. Une information préoccupante, alors que moins de trois millions de personnes ont reçu une première injection de sérum d’immunité. De l’autre côté de la Manche, après avoir atteint un premier objectif vaccinal il y a quelques jours, le gouvernement espère désormais proposer le vaccin à tous les adultes avant la fin de l’été.

 

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