Les dénonciations frontales de la répression subie par cette minorité musulmane de la province chinoise du Xinjiang sont rares au sein des gouvernements occidentaux. Le chef de la diplomatie britannique n’a pas mâché ses mots mardi devant les députés. Il a déclaré que le Royaume-Uni avait un « devoir moral » de réagir face à la « détention arbitraire, la rééducation politique, le travail forcé, la torture et la stérilisation forcée » pratiqués à « une échelle industrielle » par les autorités chinoises. Les études et enquêtes menées par plusieurs ONG estiment à environ un million le nombre de Ouïghours qui y sont internés.
La province du Xinjiang est l’une des plus importantes zones de production de coton dans le monde. Un collectif de plus de 300 ONG avait lancé il y quelques mois un « Appel à agir » demandant aux entreprises d’arrêter de se fournir en coton dans la région. La plupart des entreprises de prêt à porter se fournissent sur le marché chinois où une large partie de la production est liée au travail forcé des Ouïghours. La semaine dernière Marks & Spencer était devenue la première entreprise britannique à répondre à cet appel en s’engageant à ne plus se fournir en coton dans la région.
Désormais, les entreprises britanniques qui continuent à se fournir auprès d’entreprises chinoises soupçonnées de travail forcé s'exposent à des amendes. Le but affiché étant d’empêcher « les produits issus des violations des droits humains [de finir] dans les rayons des supermarchés » du pays.
Cette décision ne devrait pas améliorer les relations déjà compliquées entre la Chine et le Royaume-Uni après les restrictions brutales des libertés à Hong Kong et le bannissement de Huawei dans le déploiement de la 5G. Elle montre aussi la volonté des Britanniques d’affirmer leur nouvelle politique étrangère vis-à-vis de la Chine, jusqu’ici limitée par les positions de l’Union Européenne, beaucoup moins fermes avec Pékin.
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