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Démission d’Arlene Foster : semaine cruciale en Irlande du Nord

Un paysage d'Irlande du Nord Un paysage d'Irlande du Nord
KMitch Hodge - Unsplash
Écrit par Elzéa Colomb
Publié le 16 juin 2021, mis à jour le 16 juin 2021

La démission de son poste par Arlene Foster, jusqu’à lors Première ministre d’Irlande du Nord, est devenue officiellement effective ce lundi 14 juin. L’annonce de sa décision avait déjà été faite en amont le 28 avril dernier, date à laquelle elle avait annoncé céder sa place de leader du Democratic Unionist Party (DUP) fin mai, puis son poste de chef du gouvernement local à la fin du mois de juin. Des dates éloignées, censées permettre « aux dirigeants des partis (unionistes et nationalistes, ndlr) de prendre les dispositions nécessaires afin de choisir un nouveau leader » avait-elle affirmé en avril dernier. Durant sa déclaration elle avait dans le même temps précisé qu’une fois son successeur élu, elle projetait de « travailler conjointement avec celui-ci ».

Une décision liée à un contexte politique tendu

L’unioniste Arlene Foster quitte son rôle de Première ministre, six semaines seulement après avoir été contrainte par son propre parti de léguer son poste de chef du DUP auquel trône désormais Edwin Poots. L’éminente politique a en effet été sujette à de vives critiques. D’abord pour avoir bloqué les négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, puis pour son échec d’empêcher l’instauration d’une frontière douanière entre l’Irlande du Nord et la Grande Bretagne. Un sentiment de trahison avait alors gagné les unionistes, partisans du maintien au sein du Royaume-Uni qui redoutaient de voir l’Irlande du Nord traitée différemment des autres régions du Royaume. Un ressenti qui n’a pas manqué de provoquer des affrontements brutaux en avril dernier. L’ancienne chef d’État s’est d’ailleurs elle-même insurgée contre ces controversées dispositions douanières, en les taxant de « déséquilibrées » lors de son supposé dernier discours à l’Assemblée. « L’Irlande du Nord fait partie du Royaume-Uni et doit être traitée comme telle » avait-elle déclaré.

Un double départ qui lance un compte à rebours de 7 jours

Conformément à la législation nord-irlandaise, Michelle O’Neill, vice-première ministre d’Irlande du Nord et membre du parti politique républicain dénommé Sinn Féin, est par la même occasion démise de ses fonctions. Ces deux départs rendus effectifs lundi 14 juin à 13h, impliquent que les deux partis d’Irlande du Nord disposent d’un délai maximum de 7 jours pour désigner une succession d’un côté comme de l’autre. S’il est vrai que le DUP est sur le point de nommer le social-conservateur Paul Givan, le Parti nationaliste Sinn Fein, responsable de la nomination du vice-premier ministre, a quant à lui annoncé ne s’engager dans le processus que dans le cas où son partenaire de l’opposition fasse avancer un projet de loi concernant la place de la langue irlandaise dans la province britannique. Une motion issue d’un engagement non tenu dans le cadre d’un accord qui date de 2020, à l’origine du rétablissement du partage des pouvoirs entre unionistes et nationalistes au sein du siège de l’Assemblée nord-irlandaise de Stormont.

Une obligation pour Londres d’intervenir en cas de désaccord

Dans le scénario où les deux partis seraient dans l’incapacité de choisir des remplaçants dans les délais impartis, le gouvernement britannique assume la responsabilité légale de déclencher des élections anticipées à l’Assemblée. Une intervention qui ne manquerait pas de mettre le feu aux poudres dans un contexte nord-irlandais déjà très tendu.

Si Boris Johnson pensait avoir un problème avec le protocole de l’Irlande du Nord au G7, il pourrait en avoir un bien plus important sans gouvernement à Stormont d’ici lundi prochain.