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Convention d’Istanbul: le Royaume-Uni s’engage contre les violences faites aux femmes

Le nombre de féminicides augmentent au Royaume-UniLe nombre de féminicides augmentent au Royaume-Uni
Samuel Regan Asante - Unsplash
Écrit par Colin Porhel
Publié le 26 juillet 2022, mis à jour le 26 juillet 2022

Le pays est devenu, vendredi, le trente-septième pays signataire de la Convention d’Istanbul, un traité international visant à prévenir les violences envers les femmes. Un symbole, même si le nombre de féminicides reste toujours important sur l’archipel.

 

« Une excellente semaine pour la Convention d’Istanbul » : Marija Pejcinovic Buric s’est largement félicitée, vendredi, de l’adhésion du Royaume-Uni au premier traité international fixant des normes juridiquement contraignantes pour prévenir les violences envers les femmes. Quatre jours plus tôt, l’Ukraine, bien qu’en pleine guerre, avait également rejoint les rangs des pays signataires. Le texte devrait entrer en vigueur dans les deux pays le 1er novembre prochain.

 

Approuvée par quelques États, dont la France, dès 2011, la Convention d’Istanbul oblige les gouvernements à adopter une législation luttant contre toutes formes de violences à l’égard des femmes, parmi lesquelles le viol conjugal ou la mutilation génitale féminine. Mais le texte ne s’adresse pas seulement aux autorités. « Chacun d'entre nous peut, à son niveau, remettre en cause les stéréotypes de genre, les pratiques traditionnelles dangereuses et la discrimination à l'égard des femmes. Ce n'est qu'en parvenant à une réelle égalité des sexes que l'on pourra mettre un terme à la violence à l'égard des femmes », explique le site internet de la Convention.

 

Au Royaume-Uni, des avancées significatives pour les droits des femmes

Depuis plusieurs mois déjà, et conformément aux demandes des associations féministes, les politiques britanniques travaillent sur la conservation et l’enrichissement des droits des femmes au Royaume-Uni, notamment concernant l’interruption volontaire de grossesse. Fruit d’un combat long de deux ans mené notamment par l’ONG Women on web, l’avortement à domicile a été définitivement légalisé en Angleterre en mars dernier.

 

Après l’onde de choc causée par la décision de la Cour suprême de remettre en cause le droit à l’avortement aux Etats-Unis, certaines voix se sont également élevées pour intégrer l’IVG dans la prochaine British Bill of Rights. C’est le cas notamment de Stella Creasy, qui avait déposé un amendement en ce sens, ou de Rosie Duffield, députée travailliste, qui avait exhorté le gouvernement britannique à « envoyer un message clair ». Des propositions pour le moment rejetées par l’exécutif. Liz Truss et Rishi Sunak, les deux derniers prétendants à la succession de Boris Johnson, n’ont depuis pas réagi sur le sujet.

 

Des politiques encore trop peu efficaces face aux féminicides

La Convention d’Istanbul, « traité international le plus ambitieux », selon Amnesty International, devrait néanmoins obliger le Royaume-Uni à étoffer encore davantage sa politique en matière de lutte contre les violences faites aux femmes. Entre janvier 2019 et décembre 2020, une femme est morte tous les trois jours sous les coups d’un homme, selon Femicide Census, qui recense le nombre de féminicides au Royaume-Uni.

 

« Nous constatons systématiquement que les hommes tuent des femmes au même rythme, avec les mêmes méthodes, dans les mêmes relations et schémas et avec les mêmes excuses. Il n'y a pas d'excuses, cela peut et doit cesser mais cela nécessite, comme l'ont toujours dit les sœurs qui nous ont précédées, "des actes et non des mots". », affirme avec force Karen Ingala Smith, cofondatrice de l’association.

 

Mais malgré les avertissements de nombreuses militantes, les réponses données par les autorités ne semblent pas suffisantes au regard de la situation. Selon l’enquête menée par Karen Ingala Smith, 141 femmes auraient été assassinées par un homme en 2021, soit 21 de plus qu’en 2020.