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Le Brexit, l'atout idéal pour se relever du Covid... Selon Boris Johnson, du moins !

Une affiche reprenant le Cri de Munch avec "Brexit ! " écrit dessusUne affiche reprenant le Cri de Munch avec "Brexit ! " écrit dessus
Fred Moon - Unsplash
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 24 juin 2021

Ce 23 juin a marqué les cinq ans du référendum votant le retrait du Royaume de l’U.E. Un temps fort dont le premier ministre annonce allègrement que l’économie et l’emploi se retrouveront stimulés à tel point que le pays révèlera toute sa splendeur post-coronavirus.

 

Les cinq ans d’un référendum encore controversé

Le pays demeure plus que jamais hésitant concernant le Brexit, pourtant acté bel et bien définitivement. Une étude menée par l’institut Savanta ComRes démontre que si le référendum se tenait aujourd’hui, le « Rester » l’emporterait de peu. Il convient de rappeler qu’à l’époque, un manque d’information de la population s’était cruellement fait ressentir au moment du vote.

 

La courbe Google Trends des intérêts de recherche pour "qu'est-ce que le Brexit" en 2016
Google trends – évolution de l’intérêt pour la recherche « Qu’est-ce que le Brexit? » au Royaume-Uni, avec un net pic de cet afflux juste après le référendum de 2016.

 

Affronts aux diktats économiques de l’Union, « retrouver nos frontières et nos passeports [traditionnellement bleu marines] » tel que l’annonçait Nigel Farage, reprendre la main sur la législation, promesses d’investissement dans le NHS … Les raisons menant à cette décision se sont montrées multiples et pour le moins incertaines.

Toujours pas de consensus sur les bienfaits du Brexit !

L’effectivité de ce retrait intervenait cette année de façon concomitante à la crise pandémique, ébranlant largement l’archipel.
S’il est délicat parfois de discerner les impacts de l’ouragan politique que fut le Brexit de ceux du Coronavirus, il n’en demeure pas moins que le Royaume-Uni connaît à ce jour une importante pénurie de main-d'œuvre.

Quant à sa situation économique, les prédictions se sont succédées car sans cesses rendues caduques par le succès bienvenu de la vaccination en masse. Ainsi, la relance générale pourrait rehausser durablement le PIB, alors que les britanniques se sont empressés de retrouver leur niveau initial de consommation.

Mais ces données ne se basent que sur des estimations, et reflètent bien la reprise de l’activité en temps de déconfinement, suite logique de mois de privations et de compromis réalisés par la population.

 

En fait, L’OCDE prédisait en décembre dernier une hausse du chômage, des faillites sur le territoire, et indiquait que « L’augmentation des coûts à la frontière pèsera sur les importations et les exportations ». Dans le même temps, les conflits liés à la question nord-irlandaise, mais aussi les craintes soulevées par les pêcheurs et fermiers de l’archipel ont témoigné d’un flot d’incertitudes autour des aspects pratiques des accords en jeu.
Bien avant ce pallier que représentait décembre 2020, les spécialistes de l’organisation avaient déjà épinglé une baisse du progrès technique à venir ainsi qu’un lourd impact sur l’immigration et sur les capitaux, qui retentiraient directement sur les deniers des ménages britanniques. On parle là de milliers de livres par an.

Des personnalités pro-européennes ont contre-argumenté le blond platine. L’ancien vice-premier ministre Michael Heseltine déplore que le Brexit « soit tout ce dont le pays n’a pas besoin pour se relever de la crise », « demeure inachevé » et en ce sens « laisse entrevoir un futur inquiétant ».

Quel mode d’emploi pour unifier un royaume désuni ?

Toutes ces altercations politiques font qu’au sein de l’étude susmentionnée, 13% des sondés ont estimé que le pays est plus uni qu’auparavant, et 51% pensent a contrario que le clivage du royaume s’intensifie désormais.

Quant à nos chers politiciens, on observe un large revirement exécutif avec des personnalités de renom, par exemple l’ancien président de la Chambre des communes John Bercow , appelant à soutenir le leader travailliste Keir Starmer après des années de loyauté conservatrice, le tout en pleine déroute interministérielle.

Alors comment diable Boris Johnson peut-il affirmer avec tant de conviction qu’il se saisira « du vrai potentiel de cette souveraineté retrouvée pour unifier et faire évoluer le royaume tout entier » ? Rien ne semble moins sûr.

 

 

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