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Royaume-Uni : où sont passés les serveurs, chauffeurs, ouvriers, infirmiers…?

Un homme balaie l'intérieur d'un café, l'établissement est videUn homme balaie l'intérieur d'un café, l'établissement est vide
Zhanjiang Chen - Unsplash
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 9 juin 2021, mis à jour le 9 juin 2021

Si un manque de recrutement de professionnels du service est épinglé, les déficits de main d'œuvre concernent aussi d'autres secteurs du Royaume, entre Brexit et sortie de pandémie.

Quels secteurs sont concernés et pourquoi ?

La double-crise n’a pas seulement impacté les restaurants et les bars. Malgré beaucoup d’emplois demeurant vacants ces derniers temps, certains secteurs peinent à embaucher, suscitant nombre d’inquiétudes sur l’avenir à long-terme du pays. Serveurs, chauffeurs poids-lourds, ouvriers, infirmiers… Les manques de personnels empirent encore plus dangereusement depuis trois mois. Le programme de furlough (équivalent du chômage partiel en France) et les incertitudes qui lui sont liées, notamment du fait d’un contexte sanitaire imprécis, donnent du fil à retordre aux recruteurs. La société d’audit et d’expertise comptable KPMG indique qu’en dépit d’une explosion du nombre d’offres, la tendance à la baisse du nombre de travailleurs disponibles s’installe et mérite qu’on se fasse du souci.

Plus d’un employé sur deux dans les bars et restaurants de Londres était européen avant le départ du Royaume de l’Union européenne. Par ailleurs, cette fuite de capital humain doublée des protestations quant à la juste rétribution du NHS a aussi induit une situation similaire dans le secteur de la santé. Ainsi, une grande variété de domaines pâtit du contexte.

Pourtant les entreprises britanniques tentent de recruter à une vitesse jamais égalée en 23 ans. Au 28 mai, le nombre total d’offres d’emplois en ligne sur les sites britanniques représentait déjà 127% de son niveau de février 2020. Certains établissements proposent même désormais une prime à l’embauche, pour les salariés ! Mais le nombre de personnes disponibles pour occuper ces postes vacants a baissé comme jamais auparavant, et ce depuis 2017. Dans certaines communes, la demande excède même désormais de 20 fois l’offre sur le marché du travail. Ces données témoignent bien d’une double conjoncture problématique, entre sortie des restrictions dues au coronavirus, et effectivité du Brexit.

Quelles solutions sont envisageables ?

Les secteurs en question implorent le gouvernement de se montrer plus flexible quant à l’immigration : en effet, l’importation de main-d'œuvre étrangère permet d’ordinaires de compenser un tel déficit. KPMG ont quant à eux demandé à ce que l’exécutif mais aussi les entreprises s’attèlent à solutionner le différentiel de compétences entre les différents travailleurs du royaume, afin que chaque poste vacant puisse trouver un travailleur correspondant à la tâche demandée.

L’un des conseillers du CIPD, le corps non-lucratif professionnalisé en ressources humaines et développement des personnes, suggère aux différents business concernés de porter l’accent sur l’amélioration des conditions de travail, les opportunités de formation, et de retrouver un équilibre plus juste en termes de flexisécurité. Le Royaume-Uni suit en effet un modèle très néo-libéral qui peut potentiellement peiner à s’adapter aux conjonctures actuelles.

Le gouvernement a répondu que leur plan de reprise pour l’emploi, dénommé le Kickstart Scheme et qui réunit plusieurs milliards de livres, soutient déjà les recruteurs et les potentiels travailleurs dans tout le pays. Le droit à l’apprentissage et à la formation est au cœur de l’investissement entrepris, ajoute l’exécutif. Notre expert Shabir Djakiodine, directeur et fondateur du cabinet comptable et de conseil Euro Accounting, se tient à votre disposition pour toute précision liée à ce nouveau dispositif.