Après le 77ème anniversaire du D-Day, nous rendons aujourd’hui hommage au Général de Gaulle et à son célèbre appel du 18 juin, prononcé il y a 81 ans, qui intronisa les débuts de la France libre depuis Londres, celle qui refusa l’armistice de Vichy et s’opposa à l’oppresseur.
Pour nous conter cet événement particulier, nous avons fait appel à Hubert Rault, passionné d’Histoire et gestionnaire du site www.degaulleinlondon.com, créateur de tour guidés sur les pas de la France libre à Londres. Initialement proposés aux scolaires français de passage dans la capitale britannique, les tours s’organisent aujourd’hui sur demande pour certains groupes, en réservant via le site internet.
L’appel du 18 juin
Le 17 juin 1940 au matin, un avion anglais décollait de Bordeaux direction Londres, avec à son bord Charles de Gaulle, seul ou presque, n’ayant qu’une seule idée en tête : résister. Ce même jour à midi et demi, le nouveau chef du gouvernement français Philippe Pétain prononçait un discours dans lequel il annonçait avoir demandé les conditions d’un armistice à l’Allemagne pour cesser le combat. Dès le lendemain, et notamment grâce au Premier ministre britannique Winston Churchill, Charles de Gaulle s’exprimait sur les ondes de la BBC, prenant le contre-pied de Pétain, et écrivant sa propre page de l’Histoire.
Dans son texte, le Général appelait tous les ingénieurs, militaires et ouvriers français à le rejoindre pour continuer le combat. Bien que ce discours fût, par la suite, considéré comme le texte fondateur de la Résistance française, il ne sera que très peu écouté au moment de son énonciation. Le texte sera toutefois relayé le lendemain dans quelques journaux français, ainsi que dans le Times et le Daily Express. Le 18 juin 1940, l’objectif du Général de Gaulle était de faire passer un message : l’idée d’une France refusant l’armistice imposé, et se battant toujours pour sa liberté, et d’ainsi rassembler tous ceux refusant la défaite. En partant de rien, le futur président des Français s’exprima ce jour-là avec de petits moyens, éloigné de sa mère patrie et esseulé, pour être finalement officiellement reconnu chef de la France libre par Winston Churchill dix jours plus tard.
De Gaulle et Churchill : le Premier ministre au secours de l’outsider
Nous vous dressions le portrait il y a quelques semaines de l’histoire des relations franco-anglaises, une inimitié loin d’être commune. Les deux meilleurs ennemis historiques ont pour autant su s’entendre lorsque l’Humanité en avait le plus besoin, durant de la Seconde Guerre Mondiale, et notamment grâce à ses deux icônes phares : le Général de Gaulle et le Premier ministre Winston Churchill. Deux hommes qui n’avaient pourtant pas le même statut, et qui n’appréhendaient ainsi pas les choses de la même manière, alors que l’un était prémuni d’une fonction officielle tandis que l’autre était un outsider, évoluant à l’extérieur.
Ces deux leaders ont néanmoins su comprendre l’enjeu de leur position et prendre la pleine mesure de l’importance de leurs rôles respectifs, inédite et historique. Lorsque tout s’écroule et que le France capitule face à l’envahisseur dès 40, les deux chefs y ont perçu une mission commune. En permettant au Général d’utiliser les ondes de la BBC, Churchill, visionnaire, a permis aux Français de s’exprimer et ainsi, d’écrire l’une des plus belles pages de leur histoire. Etant tous deux de grands littéraires et fins analystes de l’Histoire, ils sont parvenus à s’allier pour devenir les visages de deux véritables héros du 20ème siècle.
Discours du 18 juin : quelques confusions anachroniques
Quelques confusions historiques résident cependant dans le symbole qu’est devenu l’appel du 18 juin : tout d’abord, ce discours n’a pas été enregistré, et la version sonore connue de tous est en fait celle du deuxième appel de De Gaulle, le 22 juin, soit le jour de la signature officielle de l’armistice de 1940. En voici un extrait :
« L'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la Patrie, commandent à tous les Français libres de continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront. Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible. Tout ce qui peut être réuni, en fait d'éléments militaires français et de capacités françaises de production d'armement, doit être organisé partout où il y en a. Moi, Général de Gaulle, j'entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale. J'invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l'air, j'invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de l'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir à moi. J'invite les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l'air, où qu'ils se trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec moi. J'invite tous les Français qui veulent rester libres à m'écouter et à me suivre. Vive la France libre, dans l'honneur et dans l'indépendance ! »
De plus, la même photographie du Général prononçant son discours au micro de la BBC est très souvent utilisée pour illustrer l’appel du 18 juin. Néanmoins, celle-ci est postérieure à cette date puisqu’une croix de Lorraine figure sur l’uniforme du militaire, un symbole adopté comme emblème de la France libre seulement un mois plus tard, en juillet 1940. Il n’existe donc pas de réelles traces, écrites ou photographiques de ce jour-là.
La trace de De Gaulle et les débuts de la France libre toujours bien présente à Londres
Nous ne dirons jamais assez à quel point les Histoires française et anglaise sont liées entre elles. À l’image de Londres, réel théâtre de la France libre durant la guerre, quelques traces de cette résistance ont survécu au temps et demeurent encore au cœur de la capitale britannique. Dans le quartier de Saint James par exemple, le 4 Carlton Gardens abritait le quartier général de la France libre. Une statue du Général s’y trouve toujours.
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Les trois 18 juin : nouveau témoignage du « je t’aime moi non plus » franco-anglais
La date du 18 juin possède une résonance particulière pour la France. En effet, elle marque des étapes importantes de l’Histoire de l’Hexagone, toutes époques confondues. Le 18 juin 1429 est synonyme de la victoire française de Jeanne d’Arc sur les troupes anglaises à Patay, tandis que le 18 juin 1815, Napoléon Bonaparte perd son ultime bataille contre le même peuple à Waterloo. Quant au 18 juin 1940, vous en connaissez désormais tous les tenants et aboutissants…