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Napoléon périssait en terre anglaise il y a 200 ans

Napoléon 1er couronnant sa femme Joséphine l'impératriceNapoléon 1er couronnant sa femme Joséphine l'impératrice
Jacques Louis David, Musée du Louvre - Wikimédia Commons
Écrit par Maud Finance
Publié le 6 mai 2021, mis à jour le 7 mai 2021

Il est l’un des Français les plus connus à l’étranger, tout particulièrement au Royaume de Sa Majesté, sur le sol duquel il écrivit la dernière page de son histoire. Aujourd’hui très controversé, le natif de Corse donne néanmoins son nom à l’ère napoléonienne et marquera à jamais l’Histoire de France. Nous avons souhaité nous replonger, en quelques dates clés, dans l’existence du Grand Empereur européen à l’occasion du bicentenaire de sa mort.

 

Naissance à Ajaccio, 1769

Nous sommes dans une Corse tout juste cédée à la France par la république de Gênes, lorsque Napoleone Buonaparte voit le jour. D’origine italienne, la famille Bonaparte rejoint la Corse à la fin du XVème siècle. Pourtant issue de la noblesse, la famille du futur Empereur des Français vit modestement dans une petite maison traditionnelle de l’île. Quatrième enfant de la fratrie, le jeune Napoléon se distingue par ses capacités intellectuelles hors-norme, qui font la fierté de sa mère Letizia.

En 1779, alors qu’il n’est âgé que de 10 ans, le jeune garçon arrive en France pour intégrer l’école royale militaire de Brienne. À cette époque, il ne connaît pas un seul mot de français et gardera d’ailleurs des lacunes toute sa vie dans la maîtrise de la langue de Molière.

 

1793 : premier « Crunch » franco-anglais à Toulon pour le capitaine Bonaparte

Napoléon transforme l’essai. Chef de bataillon lors du siège de la ville provençale de Toulon, le jeune Napoléon soumet sa stratégie offensive à ses généraux qui permit de reprendre la ville aux Britanniques. La victoire est capitale pour l’armée française, et intronise le début de l’épopée napoléonienne.

 

1795 : Napoléon et Joséphine, à l’aube d’une passion dévorante

Veuve et alors mère de deux enfants, endettée jusqu’au cou et d’une noblesse insignifiante, Joséphine de Beauharnais fit pourtant chavirer le cœur de notre futur conquérant, de six ans son cadet. Ils se marient précipitamment en mars 1796, aux aurores du départ imminent du désormais général en Italie.

Si Bonaparte se montre d’abord fou d’amour pour sa jeune épouse sans que cette dernière ne témoigne de réels signes de réciprocité, leur union sera elle aussi très controversée et se clôturera par un divorce en 1810. L’incapacité apparente de Joséphine à donner un héritier à l’empereur vient finalement à bout de ce mariage devenu sans amour et éclaboussé par les infidélités répétées du Corse. De l’une de ses activités extra-conjugales naîtra d’ailleurs son premier fils, Charles-Léon, en 1806.

 

Création de l’Institut d’Egypte, 1798 : une implication pharaonique

Alors que la campagne d’Italie menée par le général Bonaparte est marquée d’un grand succès, celle du pays des pharaons se voit davantage contrastée. Toutefois, sur le plan culturel, Napoléon laisse une empreinte indélébile en fondant l’Institut d’Egypte, dont il sera le vice-président. Le rôle de l’académie est d’étudier la civilisation des pharaons, et mènera à la conception de la première encyclopédie exclusivement consacrée à l’Egypte, intitulée « Description de l’Egypte ». Composée de mémoires et d’analyses de nombreux savants, l’œuvre présente l’Antiquité et l’Histoire moderne du mystérieux pays tels que son langage, son architecture, sa médecine… À l’époque, elle est la plus grande pièce imprimée et jouit d’une influence hors du commun, établissant l’égyptologie comme discipline intellectuelle à part entière.

 

1799 : le coup d’Etat

Le 9 novembre 1799, soit dix ans après la révolution française, Napoléon Bonaparte mène un coup d'État et promulgue un régime politique autoritaire dont il deviendra le premier Consul. À ce titre, il met en place de nombreuses réformes dont certaines demeurent encore aujourd’hui. À titre d’exemple, nous retrouvons la légion d’honneur, ultime récompense honorifique française. Il décentralise également le pouvoir exécutif en créant des mairies pour les communes et des préfectures pour les départements. Enfin, le Louvre ne serait pas ce qu’il est à l’heure actuelle sans Napoléon Bonaparte, qui a permis un enrichissement considérable de ses collections pour en faire le plus majestueux des musées du monde.

 

Rétablissement de l’esclavage, 1802

Là se trouve toute la pierre angulaire de la controverse qui entache en grande partie le règne de notre futur Empereur : en 1802, Bonaparte légalise l’esclavage alors que celui-ci avait été abolit huit ans auparavant. Un acte fort qui intervient dans un contexte d’ébullition coloniale, et qui ne sera finalement appliqué « qu’en » Guadeloupe et dans l’actuelle Haïti. Le premier Consul voulait alors rebâtir un Empire colonial puissant, projet freiné par Toussaint Louverture, homme fort de la révolution haïtienne.

 

1803 : un nouveau code civil pour une nouvelle société

Le pouvoir de Napoléon s'accroît d’années en années. En 1803, ce dernier entame le projet de création de son propre texte de lois, détaché intégralement de la religion : le Code Civil. Tous les anciens textes et différentes ordonnances sont désormais nuls et non avenus, et ce, sur tous les territoires prochainement conquis. Bien que fort heureusement, le code judiciaire ait été plusieurs fois modifié depuis sa création, il n’en demeure pas moins le fondement même du droit civique français encore aujourd’hui.

 

1804 : Napoléon Ier, Empereur des Français 

Le 2 décembre 1804, au cœur de la belle cathédrale Notre-Dame de Paris, Napoléon Bonaparte devient Napoléon 1er, empereur de tous les Français. Chargée de symboles tous plus forts les uns que les autres, la scène est immortalisée par Jacques-Louis David, à la demande même de l’Empereur. Le sacre restera célèbre notamment pour un geste bien particulier : l’ancien Petit Caporal prend lui-même la couronne des mains du Pape, présent pour l’occasion, et intronise sa femme impératrice de ses propres mains.

Le couronnement de Napoléon Ier
Tableau de Jacques-Louis David, Musée de Louvre

 

La bataille d’Austerlitz, 1805 

L’Empereur fraîchement couronné, comme tous les puissants, provoque cependant la crainte des nations voisines, toutes monarchiques, qui se mobilisent en un élan soudé contre ce nouvel homme fort, modèle d’un original style étatique : la République. Neuf longues heures d’une bataille sanglante consacreront une large victoire des troupes napoléoniennes contre les soldats autrichiens et russes qui s’inscrit ad vitam aeternam dans l’Histoire, dans le même temps que l’Espagne tombe aux mains françaises. En 1811, l’empire englobe alors la Hollande, la Belgique, la Suisse, l’Autriche, l’Italie et l’Espagne. Néanmoins, comme à l’accoutumée, la Royaume-Uni reste le seul pays européen à résister à l’envahisseur français et continue de farouchement le combattre.

Le Grand Empire sous Napoléon premier
Le Grand Empire sous Napoléon Ier

 

 

1813, le début de la fin

Mais l’ambition de Napoléon ne s’arrête pas là, et devient de plus en plus insatiable. Ce fanatique guerrier envahit la Russie en 1812, et y perd plusieurs centaines de milliers des soldats formant « la grande armée ». L’année suivante, les faiblesses de la campagne menée en Russie encouragent la Prusse à envahir la France : Napoléon est alors forcé d’abdiquer et part s’installer à l’île d’Elbe en 1814. Ainsi, la monarchie fait son retour avec le couronnement de Louis XVIII, 24 ans après la révolution française qui avait coupé la tête de son prédécesseur.

 

1815, la bataille décisive de Waterloo : le combat de trop ?

Déterminé, l’ex empereur s’acharne en refusant de baisser les bras et d’abandonner ses rêves de grandeur : il prépare ardemment son retour. Une fois encore, Napoléon Bonaparte affronte la coalition britannique et prussienne par les armes, dont il ne ressortira cette fois pas vainqueur lors de la bataille de Waterloo en Belgique. Le 22 juin 1815, il abdique une seconde fois avant de se rendre aux Anglais en déclarant : « Je m’offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France ». Il sera cette fois exilé sur l’île britannique de Sainte-Hélène, au large de la Namibie. Derrière lui, il laisse une France appauvrie tant au niveau économique que démographique et territorial.

 

1821 : destination finale 

Napoléon Bonaparte, Empereur des Français, Petit Caporal et Grand Général, meurt en exil à l’âge de 51 ans, officiellement des suites d’un cancer de l’estomac. Son geôlier Hudson Lowe, gouverneur de l’île de Sainte-Hélène déclara à sa mort : « c’était le plus grand des ennemis de l’Angleterre et aussi le mien, mais je lui pardonne tout. À la mort d’un si grand homme, on ne doit éprouver que tristesse et profonds regrets ». Voici donc une fois encore la preuve du respect mutuel entre le peuple de France et d’Angleterre, malgré des siècles de fervents combats.

Ce n’est qu’en 1840 que l’ancien militaire est dirigé vers sa dernière demeure : l’hôtel des Invalides, duquel son sarcophage est encore de nos jours la pièce centrale.

Le sarcophage de Napoléon à l'Hôtel des Invalides
Sarcophage de Napoléon Bonaparte, Hôtel des Invalides

 

Si aujourd’hui la commémoration de son bicentenaire fait scandale en raison de la figure controversée et pourtant incontournable qu’il incarnait, Emmanuel Macron affirmait il y a quelques heures que « Napoléon est une part de nous », Français, dont nous assumons pleinement l’héritage, sans pour autant en légitimer tous les points.

Visionnaire et tyran, moderne et misogyne, ambitieux et fin stratège, Napoléon était un homme du 18ème siècle loin d’être manichéen, qui changea le visage de l’Hexagone à tout jamais. L’acte de commémoration ne signifie cependant pas, je le crois, la célébration, mais la constatation. Nous sommes aujourd’hui face à un rappel de notre Histoire, celle qui a fait ce que nous sommes. Aujourd’hui, nous nous retournons vers le passé et contemplons ce qui a été fait, ainsi que les acteurs de ces changements, qui ne sont jamais entièrement noir ou blanc.