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Ma balade dans l’étrangeté londonienne

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Écrit par Judith Chouzenoux
Publié le 28 septembre 2021, mis à jour le 5 octobre 2021

Je suis à Londres depuis un mois maintenant et la ville ne cesse de me surprendre par ses bizarreries. Mes nombreux questionnements m’ont amené à prendre une décision : je vous emmène en balade. Cette balade ne s’illustrera pas par une promenade sur les rives de la Tamise pour admirer le London Bridge ou la relève des gardes à Buckingham. Elle sera celle de Londres dans ses détails délirants et bancals. Ce sera le Londres qui m’étonne et me laisse parfois un peu muette de questionnements. Quittons le Londres de la Reine Elizabeth pour celui qui, sans recul, pourrait passer pour celui de Jack l’éventreur.

 

Onze heure du matin : je me réveille à la lumière des rayons du soleil - qui passent difficilement entre les épais nuages surplombant la capitale. Il est un peu trop tard pour profiter pleinement de ma matinée me direz vous et vous avez raison. L’alarme de mon téléphone portable n’a pas sonné, parce qu’il n’a plus de batterie, ayant omis de prendre d'adaptateur pour le brancher. La livre sterling, rouler à gauche, les anglais font tout autrement, tout le monde le sait, et moi je n’ai pas pensé à leurs prises électriques mi-carré mi-ronde.

 

Il est maintenant onze heure trente et j’ai un peu faim. Je suis encore un peu une touriste, donc je vais me ruer sur le premier restaurant proposant des breakfast à emporter. Le Two Magpies Cafe London, tout près de chez moi, est très mignon. Je rentre et commande leur menu classique. Les nuages se sont un peu dégagés, et je décide de me rendre au King Edward Memorial Park pour déjeuner au soleil.

 

En arrivant dans le square, je découvre mon festin. Des tartines beurrées à tremper dans des œufs au plat, jusque-là, la française que je suis n’est pas trop dépaysée. La saucisse et les tranches de bacon qui les accompagnent ravissent également mes papilles. Les anglais ont raison : plus c’est gras, mieux c’est. Le menu est un sans faute, je suis contente. Je décide de m’attaquer au petit Tupperware rond que j’ai laissé sur le côté, et là c’est le drame. Je n’aime pas spécialement les haricots blancs. Je n’ai rien contre eux, mais je préfère que l’on continue à vivre chacun de notre côté. Les beans du Two Magpies Cafe baignent dans une sorte de sauce tomate au goût de ketchup. Je me force à en manger un peu histoire de ne pas froisser le pays qui m’accueille.

 

Le ventre désormais plein, je poursuis ma balade. Pour ce faire, je vais devoir affronter un petit bout d’enfer, une invention du diable lui-même : la ligne DLR du métro londonien. Deux terminus à l’ouest assurent les départs de deux branches partant vers le nord et trois partant vers le sud. Après une minute de réflexion devant les panneaux de direction de la station, je parviens à me rendre sur le bon quais. Mon train arrive et s’arrête dans un crissement sec. Je m’installe, la rame est silencieuse et les sièges sont vides. Je m’arrête à Bank afin de me rendre sur Liverpool Street. En levant les yeux, plusieurs choses me frappent. Londres est belle, ses grands immeubles fendent le ciel et forment un drôle de contraste, bien qu’harmonieux, avec les petites églises protestantes qui les séparent les uns des autres. Ce mélange entre les traditionnelles briques rouges des petites bâtisses et les grandes baies vitrées des grattes-ciels me fait un drôle d’effet, cette ville est unique en son genre.

 

Je tente de m’engager sur la route afin de rejoindre le trottoir d’en face. Il faut dire que l’opération est périlleuse, cette ville manque de passages piétons et ceux qu’on trouve sont bizarrement conçus. Pourquoi ne pas les signaler de façon précise avec un damier comme c’est le cas partout ailleurs ? Peut-être que c’est justement parce que Londres n’est pas un ailleurs comme les autres. Ici la route n’a pas de loi - enfin presque - et les passages piétons se divisent en deux sections, décalées de deux mètres l’une de l’autre pour vous faire traverser un seul et même boulevard.

 

J’ai traversé, les bus ne m’ont pas renversée, ni les taxis filant à toute vitesse. Les londoniens autour de moi arborent un style si particulier : les employés sortent de leur bureau avec leur cravate serrée, les écoliers eux portent leur petit uniforme. En parlant d’uniforme, qui a décrété que les policiers devraient porter des casques aussi ridicules ? Je trouve le folklore anglais très cheap, tout en devant concéder qu’il me fait toujours sourire.

 

Sur mon chemin j’ai vu des amoureux, des joggers, des amis se rendant au bar, mais aussi des parents promenant leur progéniture en laisse. Nouvelle coutume anglaise, simple trend, je n’ai pas bien compris mais j’ai étouffé un petit rire. J’ai compris qu’il ne fallait pas questionner les bizarreries des anglais et juste les apprécier pour ce qu’elles sont : des évènements insolites à raconter à nos amis autour d’un verre.

 

C’est d’ailleurs la-bas que je dois maintenant me rendre après avoir déambulé sans but précis. Mes copines m’attendent dans un bar pour l’Happy Hour. Cette dernière commence très tôt ici, bien souvent vers quinze heures. Les anglais, sur qui la France n’a pourtant qu’une heure d’avance, vivent à un rythme complètement différent. Vers vingt et une heure, on ira danser dans une boîte de nuit à l’heure où nos amis en France se retrouveront au bar.

 

Il est maintenant deux heures du matin. La nuit est tombée depuis longtemps sur la capitale et le personnel de la boîte de nuit tente, tant bien que mal, de nous mettre à la porte. Il faut dire que les soirées londoniennes finissent tôt, trop tôt peut-être. L’avantage est qu’on ne sera pas complètement à plat demain matin, pour notre réunion de rédaction à neuf heures.

 

Je prends le chemin pour rentrer à la maison. Le calme est revenu sur Commercial Road. Ici on ne croise pas de rat, les écureuils sont les rois de la ville. Ils se baladent et grignotent le long des avenues habituellement bondées.

 

Trois heure trente, je suis arrivée à l’appartement. J’ai les paupières lourdes et je m’apprête à m’endormir. C’est juste à cet instant là, qu’une ambulance déclenche sa sirène, un peu trop fort, sur la route vide, me faisant sursauter pour la dernière fois aujourd’hui.