Une collection de 300 cartes du métro londonien, toutes issues des archives du musée des Transports de Londres, a été exposée puis vendue aux enchères par Christie's le 4 octobre dernier. L'occasion de retracer l'histoire du Tube à travers les maps
Comme certains lisent l'avenir dans les cartes, l'histoire du Tube londonien se déchiffre à travers les lignes dessinées sur les plans successifs du réseau. De la première map de l'Underground en 1908 à la création d'Harry Beck en 1931, récit cartographique de l'histoire du métro made in London.
Le plus ancien réseau ferré souterrain au monde
Le premier projet de construction d'un réseau ferré souterrain à Londres remonte à 1830. En pleine révolution industrielle, la population de la capitale britannique croît à un rythme effréné. En 1831, Londres compte 1,6 million d'habitants, ce qui en fait la ville alors la plus peuplée au monde devant Pékin. Mais l'idée de ce projet fou pour l'époque ne prend vraiment corps qu'à partir de 1850. Les embouteillages envahissent alors le centre de la cité, ce qui pousse le gouvernement à passer à l'action. En 1855, une loi votée au Parlement approuve la construction d'une ligne entre Paddington Station et Farringdon Street, via King's Cross. La Metropolitan Line est née. Mais en raison de problèmes financiers les travaux sont plusieurs fois retardés. La première ligne du Tube ouvre finalement le 10 janvier 1863. Lors des premiers mois, près de 26.000 personnes sont transportées quotidiennement sur les rails de la Metropolitan. L'année suivante, le 13 juin 1863, l'Hammersmith Line entre en service.
1908, la première carte du métro
Pendant 40 ans, les usagers de l'Underground n'ont pas eu de map pour se repérer sous la ville. Pour une raison simple : au début du XXe siècle, six compagnies privées indépendantes exploitent le réseau ferré. Les inconvenances sont d'ailleurs nombreuses pour les passagers qui doivent souvent marcher sur une longue distance entre deux stations lors de changements de ligne (et donc d'opérateur). Conscients de ces désagréments et désireux d'augmenter le nombre de passagers dans leurs rames, les différents opérateurs du Tube s'accordent en 1908 pour promouvoir en commun leurs services sous le nom d'"Underground". Une carte, la première du Tube, est créée dans ce but pour faire la publicité du réseau. Et la mention "Underground" apparaît pour la première fois sur les stations des lignes qui intègrent le système (Bakerloo Railway, Central London Railway, City & South London Railway, District Railway, Great Northern & City Railway, Hampstead Railway, Metropolitan Railway et Piccadilly Railway).
Beck's map, la référence
La concurrence des compagnies privées lors de la construction des principales lignes du Tube dans la deuxième moitié du XIXe, a abouti à la naissance d'un réseau anarchique, avec comme on l'a vu précédemment des changements de stations impliquant de longs transferts à pied. Un employé de l'Underground, Harry Beck, réalise que les localisations physiques des stations sur une carte aboutissent à un ensemble difficile à déchiffrer pour les usagers qui cherchent à savoir comment se rendre d'une station à une autre. Il créé, en 1931, une carte topologique sur laquelle la position des stations ne correspond pas à leur localisation réelle, mais qui permet de mieux les situer les unes aux autres. La London Underground, la compagnie qui dirige alors le réseau, est d'abord sceptique du résultat. Mais lors d'une distribution de cartes miniatures aux usagers en 1933, le succès est tel que le plan d'Harry Beck est adopté. Il est depuis lors la map officielle du Tube londonien.
L'après Beck
Malgré l'énorme travail fourni pour réaliser sa carte, simple dans sa forme mais complexe dans sa réalisation, Harry Beck est payé une misère par la London Underground ? cinq livres selon la légende. Mais fort de son succès initial, il continue à dessiner la carte du Tube jusqu'en 1960. La rivière Tamise, absente de la première version de la carte, et les extensions de lignes sont progressivement ajoutées. Seule exception au monopole de Beck, une édition unique et impopulaire de Hans Scheger en 1939. En hommage à Harry Beck, décédé en 1960, une représentation de son ?uvre est affichée à la station de Finchley - il habitait à côté - sur la Northern Line.
Plusieurs altérations de la carte de Beck ont cependant eu lieu au fil des années. La Docklands Light Railway et l'extension de la Jubilee Line, qui prend officiellement ce nom en 1979, ont ainsi été ajoutées, comme les lignes principales de l'Overground et certaines lignes de trains reliant les aéroports au réseau. Puis en 2002, pour aider les usagers à mieux mesurer les coûts des tickets, les fare zones (neuf zones tarifaires) ont été intégrées. Le schéma de Beck demeure néanmoins le c?ur de la carte moderne de l'Underground.
Camille Belsoeur (www.lepetitjournal.com/londres) mardi 9 octobre 2012
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