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Le policier ayant kidnappé, violé et tué Sarah Everard risque la prison à vie

Sarah Everard Wayne Couzens coupable meurtreSarah Everard Wayne Couzens coupable meurtre
Flickr - Rassemblement en hommage à Sarah Everard, Londres
Écrit par Stéphane Germain
Publié le 17 juillet 2021

Le policier de 48 ans a plaidé coupable la semaine dernière du meurtre de Sarah Everard. En mars, il avait enlevé la jeune femme de 33 ans dans un quartier de la capitale britannique avant de la violer puis de la tuer. L’affaire avait provoqué une vive émotion au Royaume-Uni, et avait relancé la question des violences faites aux femmes ainsi que celle des violences policières.

 

Le 8 juin, il avait reconnu l’enlèvement et le viol de la jeune commerciale devant le tribunal. Toujours dans l’attente d’examens psychologiques, ne manquaient plus que ses aveux concernant le meurtre. La semaine dernière, il a admis les faits en visioconférence depuis sa cellule de la prison de Belmarsh lors d’une audience à la cour criminelle de l’Old Bailey. Peu de doutes planaient encore : une caméra présente dans un bus avait filmé le policier en train d’enlever Sarah Everard, et les enquêteurs étaient parvenus à retracer l’itinéraire de son véhicule, loué quelques heures auparavant.

 

Un meurtre qui avait bouleversé le pays

La mort de Sarah Everard ressemble au cauchemar que toutes les femmes partagent : une ruelle sombre, une voiture qui s’arrête, un homme armé avec des sacs de gravats et du scotch dans son coffre... Pour la jeune britannique qui rentrait chez elle depuis une soirée entre amis à Clapham, le cauchemar est devenu réalité. Sa disparition avait été signalée par son petit-ami. Le corps de Sarah Everard avait été découvert peu après dans un bois du Kent, non loin du domicile du policier.

Cette affaire avait provoqué stupeur et émotion au Royaume-Uni. La terreur était double : la violence du meurtre s’ajoutait au fait que le coupable, Wayne Couzens, n’est autre qu’un policier d’une unité armée britannique. Très vite, les rassemblements et les hommages à la mémoire de la jeune femme s’étaient multipliés dans le pays. L’un de ces rassemblements avait viré au drame alors que la police londonienne, déjà sous le joug des critiques de par l’implication de l’un des leurs dans cette affaire, y avait violemment mis un terme en raison du confinement encore en vigueur à l’époque.

L’affaire Sarah Everard avait alors pris une nouvelle dimension, érigeant la jeune femme en symbole des violences faites aux femmes et des violences policières. Les femmes britanniques avaient massivement témoigné de leur sentiment d'insécurité dans les rues et sur les réseaux sociaux sous les hashtags #SheWasJustWalkingHome et #ReclaimTheseStreets.  

 

 

Première version mensongère donnée aux policiers

Wayne Couzens avait été arrêté le 9 mars, quelques jours après les faits, après qu’il ait vidé son téléphone de toutes ses données.

Lors d’un premier entretien avec la police britannique, il avait déclaré avoir remis Sarah Everard vivante à un gang d’Europe de l’Est des suites de prétendus différends. Le gang aurait alors menacé de s’en prendre à sa famille s’il ne livrait pas “une autre fille”, après qu’il ait sous-payé une prostituée peu avant. Il assure ainsi avoir kidnappé Sarah Everard vivante et en bonne santé, l’avoir conduite en dehors de Londres où il l’aurait ensuite laissée à trois hommes dans un van dans le Kent.

Mais la police avait alors découvert que Mr. Couzens et sa femme possèdent un bois à Ashford. C’est à la lisière de cette propriété que le corps de Sarah Everard a été découvert le lendemain de l’arrestation du policier, compromettant sa version des faits. Plus tard, le 1er juin, un rapport d’autopsie affirmait que la jeune femme était morte par compression du cou.

Plus incriminant encore, la police avait retrouvé le corps de la jeune femme dans un ruisseau, entassé dans des sacs à gravats. Or, deux jours après la disparition de Sarah Everard, des images de vidéosurveillance avaient filmé le policier en train d’acheter deux sacs de gravats. Les investigations ont également révélé que le jour même où Wayne Couzens avait loué sa voiture, il avait également acheté un rouleau de scotch sur internet.

Si cette première version donnée à la police a été rapidement discréditée, les enquêteurs vérifient toujours ses dires quant à la fréquentation d’une prostituée.

 

Sa femme “tout autant surprise que tout le monde”

Wayne Couzens était marié depuis 15 ans à sa femme, Elena Couzens. Ils vivaient ensemble avec leurs deux enfants à Deal, dans le Kent.

À la presse britannique, elle s’est dite “hantée” de n’avoir vu aucun signe avant-coureur. Dans sa première interview donnée depuis le début de l’affaire, elle confie se demander sans cesse “pourquoi ?” et où elle aurait "manqué les signes”. A l’instar des collègues de Wayne Couzens dans la police, Elena Couzens assure n’avoir jamais détecté chez son mari le moindre signe. “Je n’arrive pas à comprendre parce qu’il n’avait jamais montré aucun signe de violence, il n’a jamais été ce genre de personne. Je suis tout autant surprise que tout le monde”, a-t-elle assuré.

 

Wayne Couzens risque la prison à vie par crainte d’une potentielle récidive

Abandonnant sa défense inventée de toutes pièces, il a finalement plaidé coupable dans un murmure, tête baissée. Pour son avocat, Jim Sturman, le policier aurait formulé un "plaidoyer de culpabilité et des remords pour ce qu'il a commis et, comme il nous l'a confié ce matin, il portera le fardeau pour le reste de sa vie".

Il sera condamné le mois prochain et risque désormais une peine de prison à vie, comme l’a indiqué Lord Justice Fulford à Old Bailey.

Cette peine, au-delà de punir ses trois chefs d’accusation, possède aussi une vocation préventive. Wayne Couzens est en effet suspecté d’avoir commis d’autres infractions telles que des comportements exhibitionnistes à plusieurs reprises. La dernière en date aurait eu lieu en février, quelques jours avant l’enlèvement de Sarah Everard. L’IOPC (la police des polices britannique) est actuellement en train d’investiguer ces affaires, qui n’avaient eu aucune incidence sur la carrière de Mr. Couzens jusqu’alors. Ce sont les dernières questions qui restent actuellement en suspens concernant l’affaire du policier de 48 ans.

La police britannique, sous le feu des critiques, assure que les examens et les contrôles de Wayne Couzens ont pourtant été correctement menés, et qu’aucun signe ne permettait de détecter quelconque dangerosité chez lui. Dans une note, Scotland Yard confirme qu’il n’y avait à l’époque “aucune information rendue disponible à la Met Police qui auraient changé la décision quant à son admission (au sein de la police qu’il avait rejointe en 2018, avant d’intégrer une unité armée en février 2020, ndlr)”.

Harriet Wistrich, la directrice du Centre for Women’s Justice, a appelé, à la suite du procès, à une enquête publique minutieuse quant aux “manquements et aux inconduites au sein de la police, et quant à la culture, plus vaste, de la misogynie”. Nick Thomas-Symonds, ministre de l’Intérieur du parti travailliste, abonde en ce sens et recommande que “la Metropolitan police (...) revoie ses processus de contrôle ainsi que ses propres systèmes de protection pour s'assurer que les personnes qui constituent une menace pour le public ne deviennent pas en mesure d'occuper des postes de confiance aussi vitaux.”

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