Face aux retards de livraison des vaccins Pfizer et AstraZeneca, l’Union européenne hausse le ton et demande une distribution plus équitable des doses avec le reste du monde, ce qui implique aussi le Royaume-Uni depuis le Brexit.
Déjà de l’eau dans le gaz ? La campagne de vaccination contre le Covid-19 du Royaume-Uni devance celle des pays de l’Union européenne. Avec une approbation plus rapide des vaccins et un approvisionnement sans accro jusque là, le royaume de sa majesté se place en bonne position pour atteindre l’objectif des 15 millions d’injections d’ici mi-février. Mais, après à peine deux mois, des premières tensions naissent entre les États sur l’accès au sérum miracle.
Tout le monde vise le même objectif : mettre fin à la pandémie de coronavirus. Or, quand autant d’argent entre en jeu et que la crise économique se rapproche dangereusement, chacun souhaite atteindre ce cap au plus vite. L’Union européenne doit se confronter actuellement à des retards de livraison du sérum, d’abord par Pfizer mais maintenant aussi par AstraZeneca. Le groupe pharmaceutique a annoncé vendredi dernier une baisse du nombre de doses pour les 27 pays membres en raison d’un problème d’approvisionnement.
L’UE demande plus de transparence sur l’exportation des vaccins
Cette déclaration s’est néanmoins avérée être la goutte de trop pour Bruxelles. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, souhaite imposer un contrôle et une transparence plus strictes aux laboratoires de l’Union européenne qui exportent en dehors du marché commun, notamment Pfizer vers le Royaume-Uni. Un nouveau dispositif devrait ainsi être mis en place dès la semaine prochaine afin d’obliger les sociétés à notifier ou demander une licence aux autorités européennes pour exporter vers le reste du monde.
L’Union européenne explique néanmoins que ce registre ne représente en aucun cas une nationalisation des vaccins ou une interdiction d’exportation. Mais, entre coups de téléphone avec les dirigeants des laboratoires et déclarations publiques sous fond de colère, l’Union européenne semble perdre patience face à la pression des campagnes de vaccination. Les pays membres estiment que les fabricants de vaccin doivent honorer leurs promesses envers les Vingt-Sept.
Pas de conséquence pour les objectifs du RU rassure le gouvernement
De l’autre côté de la Manche, Nadhim Zahawi, ministre britannique des Vaccins, est apparu calme par rapport à la situation ce mardi sur Sky News. “Je suis convaincu qu'AstraZeneca et Pfizer nous fourniront tous deux les quantités dont nous avons besoin pour atteindre notre objectif à mi-février” explique le membre du gouvernement de Boris Johnson. Le pays ne devrait donc pas être affecté par les problèmes actuels rencontrés par le vieux continent. Nadhim Zahawi a même tenu à témoigner de son soutien à l’Union européenne : “Personne n'est en sécurité tant que le monde n'est pas protégé, c'est pourquoi nous devons travailler ensemble”.
Le Royaume-Uni soutenu par les fabricants de vaccins
Le Royaume-Uni semble bel et bien en meilleure position dans cette course à l'immunité collective. Le directeur général de la société franco-autrichienne Valneva, Franck Grimaud, a même annoncé hier sur franceinfo que son vaccin sera “d’abord disponible au Royaume-Uni” à l'automne car le pays “a financé tous les essais cliniques”.
Le royaume de sa majesté a aussi reçu des bonnes nouvelles de la part du directeur général d’AstraZeneca, Pascal Soriot, qui s’est exprimé dans le journal italien La Republica. “D'ici mars, le Royaume-Uni aura vacciné 28 à 30 millions de personnes” estime le dirigeant. “Le Premier ministre a pour objectif de vacciner 15 millions de personnes d'ici la mi-février, et ils sont déjà à 6,5 millions, ils y arriveront” rajoute même Pascal Soriot.
Le représentant d’AstraZeneca a admis au sujet de l’Union européenne “qu’il y avait eu des problèmes de démarrage", mais assure que ses équipes “travaillent 24 heures sur 24” pour les résoudre. La société pharmaceutique discute actuellement avec les dirigeants européens pour mettre fin à ce conflit au milieu duquel le Royaume-Uni s’est retrouvé presque malgré lui. Le Brexit a parfois du bon.
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