BoJo et sa femme Carrie se sont envolés pour passer une semaine de vacances à Marbella en Espagne. Une escapade très critiquée alors que les entreprises britanniques luttent contre la flambée des prix du gaz et le manque d’approvisionnement, mais que Downing Street défend tout de même.
Le Premier Ministre et son épouse se seraient rendus cette semaine dans la célèbre station balnéaire de la Costa del Sol avec leur fils Wilf, âgé de 17 mois, qui profite de son premier voyage à l'étranger avant de devenir grand frère. Le porte-parole du premier ministre britannique a refusé de révéler l'endroit où Johnson prenait sa pause, mais des rapports ont suggéré qu'il passait ses vacances dans la villa de Marbella du ministre de l'environnement Lord Goldsmith of Richmond Park. Le couple s’est offert cette pause dans le sud de l'Espagne après la conférence du parti conservateur, inaugurée par BoJo, à Manchester la semaine dernière.
Le moment choisi pour ces vacances a été vivement critiqué en raison de la situation actuelle au Royaume-Uni, où crise énergétique, pénuries en tous genres et flambée des prix du gaz font rage. Le gouvernement est actuellement en pourparlers avec des personnalités issues d’industries dépendantes du gaz, qui ont mis en garde le gouvernement contre de probables fermetures cet hiver. La situation est également sous pression à cause du manque de chauffeurs routiers ralentissant les chaînes d’approvisionnement des supermarchés. Dans un récent rapport, l’Office National des statistiques anglais a déclaré que près d'un adulte sur six en Grande-Bretagne n'a pas été en mesure d'acheter des produits alimentaires essentiels au cours des quinze derniers jours.
Une décision défendue par le cabinet
Face aux nombreuses critiques, Downing Street a pris la défense du Premier Ministre. Le porte-parole officiel du Premier Ministre a affirmé qu’il continuait à travailler pour le gouvernement, même pendant cette période de repos. BoJo serait ainsi « tenu régulièrement informé des travaux en cours pour résoudre les problèmes actuels liés au carburant et aux chaînes d’approvisionnement ». Ce dernier se serait même entretenu par téléphone avec le Premier ministre Indien, Narendra Modi.
« Le Premier ministre continue d'être aux commandes comme c'est toujours le cas », a assuré le porte-parole. « Il a déjà pris des appels avec les dirigeants et il y en aura d'autres à suivre. » Le représentant a ajouté qu’il est en contact régulier avec les ministres, et qu’il continuait à se préparer à l’approche de la COP26.
Des ministres jugent ces vacances « raisonnables » après l’année difficile passée par Johnson
Certains ministres ont pris la défense de la décision du Premier ministre de partir en vacances. Le ministre de l’Intérieur, Damian Hinds, a fait preuve de recul sur Sky News en demandant « Quand est-ce, le bon moment ? ». Boris Johnson a vécu une année particulièrement chargée en raison de la gestion de la pandémie. Le secrétaire d’Etat aux affaires, Kwasi Kwarteng, a rejeté les critiques concernant le moment choisi pour le congé de M. Johnson. Il a estimé qu'il était « raisonnable » que le Premier ministre prenne des vacances maintenant, les députés n’ayant pas à revenir à Westminster avant le 18 octobre, après la pause de la chambre des communes pour les conférences des partis.
Il a ajouté que Boris Johnson avait eu « un an et demi au cours duquel il a presque perdu la vie à cause du COVID » et où « sa mère est décédée très tristement » justifiant de fait sa décision de « faire une petite pause. » La précédente tentative de M. Johnson de s'éloigner de Londres cet été avait été interrompue au bout d'un jour seulement. Son retour à Downing Street avait dû être précipité suite à la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans. Un ministre conservateur a assuré que « les vacances de Boris Johnson sont importantes pour le pays tout entier », estimant que le Premier Ministre britannique doit pouvoir « passer du temps en famille et faire une pause. »
Des vacances qui ne passent pas chez les industriels
Lundi, le directeur général de UK Steel, Gareth Stace, a réagi en jugeant que ce n’était « pas le moment » pour Boris Johnson de prendre des vacances. Suite aux justifications du gouvernement, il a déclaré : « Je suis sûr qu'il peut prendre le téléphone et leur parler, mais à mon avis, ce n'est pas le moment pour un premier ministre d'être en vacances, du point de vue du secteur de l’acier. » Inquiet, il a exhorté le chef du gouvernement à « réunir les ministres » afin d’inviter que la crise industrielle ne se propage jusqu’à son secteur.
Des critiques se font également entendre au sein du gouvernement
Pour l’opposition, le congé automnal du Premier Ministre ne passe pas non plus. Anna Soubry, ancienne ministre conservatrice qui a quitté son poste de député en 2019 en raison de son opposition au Brexit, a déclaré sur Sky News que les vacances prises par Johnson n’étaient pas « acceptables ». Sur la chaîne d’information, elle a déploré que « Le timing ne pourrait pas être pire. Mais c'est comme s'il s'en fichait. Il a une majorité de 80 sièges, et il pense que tout ira bien. »
Tous attendent que le gouvernement réagisse à la crise
Les travaillistes ont, de leur côté, appelé le gouvernement britannique à « s’emparer de cette crise chaotique ». Trésor Pat McFadden, le ministre travailliste au Trésor a déclaré « ne pas se soucier » de savoir si Boris Johnson était actuellement en vacances ou non et réclame seulement « une prise en main de la part du gouvernement. » Sur la chaîne de radio LBC, l’ancien secrétaire d’État à estimé que le pays vivait un « moment critique » se demandant « pourquoi le gouvernement reste les bras croisés et ne fait absolument rien pour le moment ? » Le politicien a appelé le Premier Ministre à « prendre le contrôle et se rappeler que s'il ne fait rien, son ambition de renouvellement sera laissée en lambeaux. »