A l’occasion de son discours au cours de la conférence annuelle du parti conservateur, le Premier ministre britannique a réaffirmé les axes de la stratégie gouvernementale des Tories. Que retenir de cette prise de parole ?
Boris Johnson était visiblement ravi de renouer avec son électorat. Son discours du 6 octobre à Manchester était une démonstration de toutes ses figures rhétoriques favorites, entre métaphores exagérées et plaisanteries déroutantes. Son optimisme à toute épreuve reste l’élément central de cette prise de parole, et le public semblait ravi. Ce discours stratégique visait à rassurer l’électorat sur le présent et l’avenir du gouvernement conservateur de BoJo, alors que certains anciens banquiers Tories ne semblaient pas convaincus par l’extravagance du Premier ministre.
Les enseignements du coronavirus
Dans un premier temps, Boris Johnson félicite son pays de la rapidité de la vaccination qui a engendré une chute des taux de mortalité. La Grande-Bretagne fait donc partie des pays développés avec la stratégie de lutte contre le Covid-19 la plus efficace, et le Premier ministre balaie de la main les craintes quant à la reprise hivernale de l’épidémie.
Il en profite également pour remercier largement le NHS, ainsi que tous les professionnels de la santé. Par la même occasion, il fait référence à son hospitalisation à cause du coronavirus en 2020, mobilisant la compassion de son auditoire. Toutefois, l’heure est maintenant à la reconstruction, comme le rappelle le logo sur son pupitre : « Build Back Better » (mieux reconstruire).
Le discours de BoJo dépeint une Grande-Bretagne renforcée par la crise, dont la croissance serait la plus rapide du G7. Il explique également que les salaires augmentent plus rapidement qu’avant le coronavirus. Toutefois, la pandémie a mis en évidence un dysfonctionnement présent au Royaume-Uni depuis plusieurs décennies : le système de santé a besoin d’aide, il revient au parti conservateur de lui apporter. Le Premier ministre avait déjà promis 48 nouveaux hôpitaux pour 2030 et 50'000 infirmiers supplémentaires d’ici 2025.
La remise à niveau de la Grande-Bretagne à travers la lutte contre les inégalités
Le Premier ministre britannique s’insurge d’une vérité inacceptable : les inégalités géographiques qui découpent son pays. L’économie du Royaume-Uni est déséquilibrée, avec à la fois un gouffre entre Londres et certaines parties isolées du territoire, mais également des inégalités au sein même des régions. Cette situation retient le pays, et le Premier ministre assure qu’il n’est pas normal que des personnes soient destinées à une discrimination du fait de leur position géographique. Cette vision des choses le démarque de ses prédécesseurs conservateurs : ici, BoJo réinvente son parti.
Il est aussi important pour lui de rappeler que les promesses faites par les Tories en 2019 sont tenues, à l’image du déploiement de la bande passante au sein du pays. A travers ces aspirations et accomplissements, Boris Johnson explique que la Grande-Bretagne se dirige vers une « économie avec des salaires élevés, des compétences élevées, une productivité élevée et, oui, un faible taux d'imposition ».
Maintenir les valeurs conservatrices et s’assurer le soutien des Tories
Ce discours avait pour stratégie centrale de rassurer les électeurs conservateurs malgré plusieurs coups durs à venir : l’augmentation de l’assurance nationale et la perspective d’un fort taux d’inflation. Pour justifier cette direction, Boris Johnson déploie une astuce prudente en invoquant Margaret Thatcher. Ainsi, attendre plus avant d’augmenter les taxes conduirait, à terme, à une augmentation encore plus importante et plus pénalisante.
D’autre part, BoJo remercie chaleureusement le capitalisme, qui est selon lui le plus grand allié de la lutte contre la pandémie. Grâce à lui et aux banquiers de la City (électeurs du parti conservateur), la vaccination aurait été rapide et la crise renversée. Pour enfoncer le clou et s’assurer du soutien des Tories, le Premier ministre rappelle des prises de position typiquement conservatrices. Il défend la protection de l’histoire et de l’héritage culturel britannique en dénonçant la « cancel culture », annonce vouloir mettre fin au trafic humain que représente l’immigration illégale, tout en ne se privant pas de se moquer allégrement de l’opposition. En somme, un discours d’un Boris Johnson en grande forme.
La question environnementale est aux abonnés absents de cette prise de parole. BoJo a quand même rappelé que le capitalisme était « vital » pour atteindre l’objectif de zéro émission carbone d’ici 2050. Reste désormais à savoir comment.