Mercredi 1er décembre, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre le SIDA, l’armée britannique a annoncé qu’elle s’apprêtait à autoriser les personnes infectées du virus à rejoindre leurs rangs.
Malgré les progrès de la médecine, le sida tue encore. Quelques 680 000 personnes dans le monde en sont mortes en 2020. On estime que plus de 105 200 personnes vivent avec le VIH au Royaume-Uni et à l’échelle du monde, ce nombre s’élève à 38 millions de personnes infectées. Mais de nombreux traitements existent aujourd’hui, permettant à beaucoup de personnes infectées de poursuivre une vie presque normale. C’est pourquoi, la Grande-Bretagne prévoit d'autoriser les personnes testées positives au VIH à rejoindre les forces armées.
L'armée, prête à promouvoir l'inclusion dans ses rangs
Jusqu’ici, le Royaume-Uni, comme les États-Unis, interdisait aux personnes vivant avec le VIH de rejoindre leurs forces armées. Mais cette disposition est sur le point d’être modifiée. À partir du début de l'année prochaine, les personnes testées positives pour le VIH, mais ne portant plus de charge virale détectable, pourront rejoindre les rangs de l’armée britannique et seront classées comme en pleine possession de leur forme, ce qui signifie qu'ils pourront être déployés dans toutes les opérations militaires. Les personnes prenant des médicaments préventifs qui réduisent le risque de contracter le VIH pourront également rejoindre les forces armées.
Des discriminations dues au lourd traitement contre le SIDA
Ces personnes étaient discriminées en raison de leur traitement plus que de leur virus. Historiquement, toute personne prenant des médicaments régulièrement, à l’exception de contraceptifs, n’est pas autorisée à rejoindre les forces armées britanniques. Les militaires infectés par le VIH après leur enrôlement pouvaient déjà rester dans les forces armées mais ils étaient classés comme « non pleinement aptes », une catégorisation que le ministère de la Défense a déclaré qu'il prévoyait de modifier.
Oli Brown, lieutenant-commandant de la Royal Navy a expliqué à la BBC que cette nouvelle signifiait beaucoup. Diagnostiqué séropositif il y a deux ans, Oli Brown, a été considéré comme « déployable mais médicalement limité » depuis et n’a donc pas été autorisé à postuler pour certaines missions comme lors de déploiements à l'étranger. « Vous êtes étiqueté comme limité, alors qu'en réalité vous ne l'êtes pas » témoigne-t-il.
Des traitements médicamenteux qui ont révolutionné la vie des personnes infectées
Aujourd’hui deux traitements principaux existent pour lutter contre le VIH. L’un intervient après l’infection. C’est un traitement antirétroviral qui permet aux personnes infectées d’avoir la même espérance de vie qu’une personne séronégative, notamment si elles ont été dépistées tôt. Actuellement, 23,3 millions de personnes se trouvent sous ce traitement anti-VIH dans le monde.
Le deuxième traitement, plus récent, est un traitement préventif appelé la PrEP qui s’applique aux personnes séronégatives qui souhaitent être protégées contre le VIH.
Le Sous-secrétaire d’Etat à la Défense britannique Leo Docherty a annoncé que ces « traitements médicamenteux avaient révolutionné la vie des personnes diagnostiquées séropositives ». « En tant qu'employeur moderne et inclusif, il n'est que juste que nous reconnaissions et agissions sur la base des dernières preuves scientifiques » a-t-il ajouté.
Des traitements mais toujours pas de vaccin
Après des années de recherche, aucun laboratoire n’est pourtant prêt à mettre en place un vaccin contre le VIH. Comment expliquer un tel écart alors que plusieurs vaccins contre le Covid-19 ont été créé en l’espace d’un an ? Par la nature du VIH, difficile à neutraliser, et les soutiens financiers moindres. Depuis sa découverte en 1983, la recherche n’a pas faibli et des essais continuent pour enfin venir à bout du virus. Mais, alors qu'est organisée depuis 1988 la journée mondiale de lutte contre le sida le 1er décembre, force est de constater que la lutte contre le VIH n'a pas connu le même destin que celle contre le Covid-19.
Les chercheurs expliquent que le VIH est un virus qui, par sa nature et ses mutations constantes, est particulièrement difficile à décimer. Mais ils montrent aussi que pour trouver un vaccin, il faudrait que ce soit « un choix majeur ». Nicolas Manel, directeur de recherche à l'Inserm et chef d'équipe à l'Institut Curie déplore « un manque d'investissement criant sur cette question ». « De nombreux chercheurs sont très motivés mais ils font avec les moyens du bord » confie-t-il à France 24.