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Il y a 100 ans aujourd’hui, l’État libre d’Irlande était créé

Le reflet d'un drapeau irlandais et britannique dans l'eauLe reflet d'un drapeau irlandais et britannique dans l'eau
Unsplash - Jordan Mcdonald
Écrit par Margaux Audinet
Publié le 6 décembre 2021

Le 6 décembre 1921 : signature du traité anglo-irlandais à Londres, mettant fin à la guerre d’indépendance et donnant naissance à l’État libre d’Irlande, qui fête donc aujourd'hui son 100e anniversaire.

 

Depuis les années 1880, les nationalistes irlandais demandaient la Home Rule, c'est-à-dire l’autonomie vis-à-vis du Royaume-Uni : des débats existaient au sein de cette partie de la population, certains voulant simplement un changement du statut de l’Irlande alors que d’autres souhaitaient l’autonomie complète du pays. Après que la Home Rule fut promulguée en 1912, une crise politique traversa les îles britanniques, bien que son application ait été repoussée du fait de la Première Guerre Mondiale. Alors que les unionistes d’Ulster décidèrent de former une organisation armée afin de lutter en faveur du maintien de l’Irlande dans le Royaume-Uni, les nationalistes s’armèrent à leur tour pour faire valoir leurs aspirations indépendantistes.

 

La guerre d’indépendance irlandaise

Aussi appelée la Tan War, la guerre d’indépendance irlandaise a duré de janvier 1919 à juillet 1921. Elle oppose d’une part, les nationalistes de l’Armée d’indépendance irlandaise (IRA), à la police royale irlandaise et l’armée britannique, aidées par les Black and Tans. Pendant plus de deux ans, de nombreux actes de violence commis communément par les deux parties ont meurtri le territoire : alors que les premiers voulaient l’autonomie voire l’indépendance pure et simple de l’État irlandais, les seconds luttaient pour le maintien de l’Irlande au sein du Royaume-Uni. Ce conflit s’est aussi concentré sur la question nord-irlandaise, à majorité protestante et unioniste. Dans la région Nord-Est de l’Irlande, les violences étaient d’un type différent : elles deviennent interconfessionnelles entre catholiques, majoritairement nationalistes, et protestants, majoritairement unionistes. L’Irlande du Nord voit concrètement le jour en date du 3 mai 1921, en application de la loi sur le gouvernement de l’Irlande de 1920, divisant le pays entre Sud et Nord.

Le conflit prend progressivement la tournure d’une impasse, et une trêve est signée le 11 juillet 1921. Pour le Royaume-Uni, la guérilla menée par les membres de l’IRA pouvait éternellement perdurer, synonyme d’importants coûts humains et financiers. Alors que les indépendantistes ont continué leurs démarches de recrutement et d’entraînement, ce cessez-le-feu a permis d’aboutir sur la signature d’un traité quelques mois plus tard.

 

6 décembre 1921 : signature du traité de Londres

Le gouvernement de David Lloyd George s’est donc accordé avec le Président de la République irlandaise, Éamon de Valera, sur une trêve. Toutefois ce dernier refuse de se rendre à Londres, et nomme donc Arthur Griffith en tant que chef de la délégation irlandaise pour mener à bien les négociations avec les Britanniques.

Le traité anglo-irlandais entérine la création officielle de l’État libre d’Irlande. Ses termes comprennent l’évacuation du territoire par les forces britanniques à l’exception de trois bases militaires stratégiques. Ce nouvel État irlandais aura le statut de dominion, comme le Canada ou l’Australie, le souverain britannique demeurera donc le chef d’État. Cela implique le fait que les membres de la chambre basse du Parlement irlandais prêtent allégeance à la couronne britannique. L’Irlande devra cependant assumer une partie de la dette contractée par le Royaume-Uni pendant la Première Guerre Mondiale. Pour ce qui est de l’Irlande du nord, déjà séparée institutionnellement du reste du territoire irlandais, elle pourra choisir de se rattacher à l’État libre ou de demeurer au sein du Royaume-Uni. Si elle prend cette décision, une commission pourra modifier les frontières pour permettre le rattachement des régions catholiques nord-irlandaises à l’Irlande, si elles le désirent.

 

La postérité du traité de Londres

Après sa signature, le traité a été ratifié par la Chambre des Communes le 14 décembre. Malgré de vives oppositions du côté des nationalistes, le Parlement irlandais l’a également approuvé ; la proclamation royale survient le 6 décembre 1922, marquant l’entrée en vigueur du texte. Par la suite, l’Irlande plongera dans la guerre civile, remportée au final par les partisans du traité en 1923. Quelques années plus tard, en 1931, le statut de Westminster accorde à tous les dominions l’indépendance formelle. En 1933, le Président du conseil irlandais fait abolir le serment d’allégeance au souverain du Royaume-Uni : cela enfonce finalement le clou du divorce entre l’Irlande et Royaume-Uni.

Quid de l’Irlande du Nord ? Le lendemain de la signature du traité anglo-irlandais, le Parlement de cette dernière décide de quitter le nouvel État libre pour rester au sein du Royaume-Uni. En 1925, le gouvernement britannique refuse l’application des modifications frontalières envisagées par les termes du traité concernant les régions catholiques de l’Ulster. En échange d’une remise de la dette, le gouvernement irlandais accepte un statu quo. Les années suivantes sont toutefois synonymes de violences séparatistes importantes causées par la présence d’une forte minorité catholique nord-irlandaise victime de politiques discriminatoires. Le pic de ces heurts intervient entre 1969 et 1997, mobilisant l’opinion publique internationale ; à l’image de la chanson engagée Sunday Bloody Sunday du groupe U2.

 

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