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6 destins de femmes britanniques #2 : Noor Inayat Khan, l’espionne

Noor Khan espionne britannique femmeNoor Khan espionne britannique femme
Wikimedia Commons
Écrit par Stéphane Germain
Publié le 7 mars 2021, mis à jour le 15 mars 2021

LePetitJournal.com vous propose de (re)découvrir six femmes britanniques ayant marqué l’histoire. Artistes, scientifiques, espionnes ou même pirates, toutes ont su pousser les murs de leurs époques respectives.

 

La semaine dernière, LePetitJournal.com vous racontait l’histoire de la pirate Mary Read. Parmi ces femmes qui ont marqué l'histoire sans pour autant y laisser leur nom, découvrez aujourd'hui Noor Inayat Khan, la première femme à avoir été envoyée en France comme opératrice radio pour une mission ultra-secrète du SOE (Special Operation Executive) pendant la Seconde Guerre mondiale. Le destin de cette anglaise d’origine indienne témoigne du rôle, trop souvent minimisé voire tu, des femmes dans la résistance.

 

Une princesse musulmane contre les nazis

Noor Inayat Khan est la descendante d’une famille ayant régné sur un royaume d’Inde, ce qui lui vaudra bien souvent le surnom de “princesse espionne” ou “spy princess” dans la presse franco-britannique. Fille de parents issus de la noblesse Indienne, elle naît à Moscou en 1914 où elle sera élevée dans des valeurs de non-violence. Avant le début de la Première Guerre mondiale, la famille de Noor quitte la Russie pour s’installer à Londres, puis à Paris en 1920. Ces déménagements répétés permettront à Khan de devenir parfaitement bilingue en français et en anglais. Après des études à la Sorbonne, Khan deviendra une femme de lettres et une célèbre écrivaine pour enfants de la capitale française, endossant en même temps la responsabilité de sa famille après la mort de son père.

Puis, lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, Noor et son frère, pourtant élevés dans le pacifisme, décident de s’engager contre la montée du nazisme. Tous deux quittent alors la France en bateau et rejoignent l’Angleterre.

En novembre 1940, leurs chemins se séparent et Noor rejoint de son côté la Women’s Auxiliary Air Force, où elle sera retenue pour suivre un cours d’opérateur radio après avoir spécifié sur son formulaire qu’elle maîtrisait le français et l’anglais. Elle sera une des premières résistantes à recevoir cette formation. En 1941, elle reçoit rapidement le grade d’officière spécialisée dans le renseignement.

 

L’espionne résistante au service de Churchill

A peine deux ans après la fin de sa formation parmi la WAAF, Noor est recrutée par le Special Operations Executive, un service secret britannique créé par Churchill en juillet 1940 visant à soutenir les mouvements de résistance dans les pays occupés. Elle est recrutée par le SOE pour se rendre en France et y occuper le poste d’opératrice radio du réseau PHONO, un des réseaux de résistance créé en France pendant la guerre.

A son recrutement, des avertissements lui sont clairement énoncés par ses supérieurs : Noor a une chance sur deux de revenir vivante de cette mission. Après un an d’une nouvelle formation intensive, Noor, désormais sous-lieutenante, est déposée en France sous le pseudo de Nora Baker. Elle est alors la première femme opératrice radio envoyée dans l’hexagone. Le dirigeant du SOE dira d’ailleurs que "Son poste est actuellement le plus important et le plus dangereux en France".

Noor donne alors tort à ses chefs qui la qualifiaient de “trouillarde”, d’“émotive” et de “maladroite” en s’armant de courage pour mener avec brio sa périlleuse mission. Sous couverture, elle transmet à Londres les informations qu’elle reçoit de la France résistante, traquée sans relâche par la police qui obtient une description précise de l’espionne infiltrée. Téméraire et déterminée, elle refusera d’abandonner son poste alors même qu’un rapatriement en Angleterre lui est proposé au vu de la dangerosité de sa situation.

 

Trahie, Noor est arrêtée par la Gestapo

Un jour d’octobre 1943, Noor est trahie par l’un des siens et est arrêtée par la Gestapo. Interrogée pendant plus d’un mois, elle tiendra bon et refusera fermement de divulguer la moindre information sur son rôle en France, et effectuera même plusieurs tentatives d’évasions, malheureusement infructueuses.

Suite à ces tentatives de fuite, Noor est donc considérée comme une détenue des plus sensibles et dangereuses. L’enfant de nobles pacifistes est alors jetée et enfermée derrière des portes d’acier pendant neuf mois. La Gestapo lui réserve un traitement des plus sordides : Noor est attachée par les pieds et par les mains, et un lien relie ces chaînes entre elles. Durant ces neuf mois, elle ne pourra ni manger ni se laver sans assistance, le dos courbé par ses poignets arrimés à ses chevilles. Malgré ce traitement inhumain, Noor, dévouée à sa cause et à son pays, tiendra bon et ne livrera jamais aucun renseignement à l'ennemi.

Puis, près d’un an plus tard, en septembre 1944, l’espionne alors âgée de 30 ans sera finalement transférée au camp de Dachau, où elle sera violemment battue par des officiers SS avant d’être mise à mort d’une balle dans la nuque. Juste avant de mourir, Noor aurait hurlé “Liberté !

Noor Inayat Khan est aujourd’hui distinguée de la Croix de Georges, et reconnue comme la première héroïne de guerre musulmane du Royaume-Uni.

 

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