Le 19 août marque la Journée internationale de l’aide humanitaire, une occasion pour mettre en lumière le dévouement des femmes et des hommes qui interviennent là où la vie bascule. En 2025, face à une baisse drastique des financements et à la multiplication des crises, l’aide humanitaire est contrainte à des choix douloureux. Pourtant, sur le terrain, des humanitaires francophones redoublent d’efforts pour sauver des vies et reconstruire des espoirs. Cinq parcours inspirants racontent ces combats de terrain.


En 2025, l’aide humanitaire mondiale subit une sévère coupe budgétaire, avec 29 milliards de dollars (US) alloués contre 44 milliards demandés, contraignant à un tri drastique des bénéficiaires. Selon Tom Fletcher, responsable humanitaire à l’ONU, c’est un « choix cruel » face à des crises aiguës au Soudan, en RDC, au Myanmar ou à Gaza, où la famine menace. La baisse des financements américains aggrave la situation. Dans ce contexte difficile, l’IFRC (mouvement international de la Croix-Rouge), la plus grande organisation humanitaire au monde, mobilise plus de 16 millions de volontaires dans 190 pays. Sur le terrain, des humanitaires francophones, dont les portraits ont été publiés par lepetitjournal.com, redoublent d’efforts pour assurer une aide ciblée et digne.

Du Poitou à Cotonou, le combat de Karine Bonnifait pour les femmes victimes de violences
Assistante sociale en milieu hospitalier, Karine Bonnifait s'engage dès 2002 en Afrique de l’Ouest avec l’ONG Globe Santé. En 2009, elle intervient au Bénin sur des projets d’accès à l’eau, avant de se concentrer sur les violences basées sur le genre, un fléau touchant 69 % des Béninoises.
En 2016, elle fonde à Poitiers l’association Ya Tchegbo, « ma souffrance est terminée » en langue Fonn pour offrir hébergement, alphabétisation et réinsertion professionnelle aux femmes victimes de violences. L’association est reconnue localement en 2017, puis ouvre un deuxième centre d’urgence à Cotonou en 2023.
Installée sur place, Karine partage aujourd’hui son temps entre l’École Française Montaigne et son rôle de chargée de mission de Ya Tchegbo. Forte d’un ancrage local et de nombreux partenariats, elle œuvre à la reconstruction de vies brisées, avec une conviction intacte :
« Chaque femme accompagnée, c’est une victoire. »

Au Brésil, l'engagement de Cédric De Giraudy pour offrir une seconde chance aux enfants exclus du système
Au Brésil, l’échec scolaire frappe de plein fouet les enfants des zones rurales et des quartiers défavorisés. Depuis plus de vingt ans, Cédric De Giraudy, un Français installé dans le pays, leur tend la main. À travers son association Missão Robin Hood, il développe des programmes éducatifs alternatifs pour ceux que l’école traditionnelle a abandonnés.
Tout a commencé dans un village reculé de l’Amazonie, où il devait initialement réaliser un reportage. Touché par la détresse des enfants, il décide de rester et de reprendre une petite école laissée à l’abandon. Le projet s’étend ensuite à Barra do Corda, une ville marquée par la précarité et la violence. Là-bas, Cédric intègre ses méthodes directement dans les écoles publiques, ciblant les élèves les plus en difficulté.
Aujourd’hui, plus de 2.000 enfants ont bénéficié de son action. Soutenu par le Trophée Humanitaire 2025, il continue à se battre, malgré des moyens limités.
« Un seul enfant sauvé justifie toutes ces années ».

Romain Lagache, fondateur de 2400 sourires, un village pour sortir les enfants des rues à Madagascar
Ancien élève du lycée français d’Antananarivo, Romain Lagache retourne sur l’île en 2019. Une rencontre bouleversante avec des enfants des rues le pousse, avec son épouse, à fonder 2400 sourires, une association destinée à leur offrir un avenir. Trois ans plus tard, le projet prend forme : un village éducatif et autosuffisant, construit sur 9 hectares, destiné à accueillir 250 enfants placés par décision judiciaire.
« Générateur d’avenir dans la dignité, le village des sourires est un outil permettant d’accueillir et suivre les enfants des rues de Madagascar. »
Baptisé le village des sourires, ce lieu comprendra des maisons d’accueil, un pôle scolaire et sportif, une ferme pédagogique et des ateliers de formation. "La misère ne peut se vaincre que par l’obtention d’un métier", insiste Romain, qui mise sur l’autonomie des jeunes à travers un accompagnement global, du logement à la professionnalisation.
En parallèle, 2400 sourires lance la première école digitale pour enfants sourds de Madagascar, avec un projet d’établissement physique d’ici 2027. Grâce à l’engagement de bénévoles en France et à Madagascar, le projet devient un modèle d'inclusion et de réinsertion. "Générateur d’avenir dans la dignité", dit Romain Lagache, ce village est bien plus qu’un abri : c’est un tremplin vers une vie meilleure.

Benjamine Oberoi, lauréate du Trophée Impact social 2024
Benjamine Oberoi vit en Inde depuis 40 ans et œuvre pour l’émancipation des femmes et le développement rural. Elle a fondé l’association Objectif France-Inde (OFI) et sa branche locale Casa Foundation, qui soutient des groupes d’entraide féminins (SHGs), l’éducation de 6.000 enfants vulnérables et la protection de l’environnement rural.
« Beaucoup de notre travail consiste à autonomiser les populations locales pour qu’elles prennent leurs responsabilités. »
Depuis 15 ans, OFI accompagne les ONG locales en formation, montage et suivi de projets, favorisant l’autonomie via le microcrédit avec un taux de remboursement de 100%. L’association agit principalement en Inde du Sud et au Bengale occidental, avec des projets reconnus et parfois repris par le gouvernement indien.
Récompensée par le Trophée des Français de l’étranger 2024 (catégorie Impact social), Benjamine continue à développer l’association tout en formant une équipe locale et une responsable en France. Elle insiste sur l’importance de l’investissement responsable, durable et efficace pour maximiser l’impact social.

Daniel Verschaere, au cœur de l’engagement humanitaire des Enfants du Dragon au Vietnam
À Ho Chi Minh-Ville, Daniel Verschaere travaille pour l’ONG Les Enfants du Dragon, active depuis 2009 pour améliorer la vie des populations vulnérables du Mékong. Directeur des partenariats et du développement, il mobilise des ressources pour soutenir orphelins, familles précaires et communautés rurales.
« Je suis heureux de mes orientations humanitaires qui à mon niveau contribuent à rendre l'avenir moins redoutable pour tous ces enfants. »
L’ONG agit autour de trois axes : un orphelinat sécurisé (Phoenix), la construction de logements pour les plus démunis, et l’accès à l’eau potable grâce à des infrastructures adaptées. Ces actions répondent directement à la pauvreté locale.
Ancien marketeur, Daniel utilise ses compétences pour développer des partenariats avec des entreprises comme Bel ou Décathlon, essentiels à la collecte de fonds. Fondée par Marc de Muynck, récompensé en 2022 pour son engagement, l’ONG soutient aujourd’hui plus de 260 enfants. Dans un Vietnam en mutation, Les Enfants du Dragon reste un espoir pour les oubliés, prouvant la force de l’humanitaire.








































